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APRNEWS - Le 16e bureau politique du PDCI : Quels enjeux ?

Le 16e bureau politique du PDCI : Quels enjeux ?
Samedi, 14 octobre 2023

APRNEWS - Le 16e bureau politique du PDCI : Quels enjeux ?

APRNEWS - Le point qui devra être examiné au cours de ce bureau politique, est celui de savoir s’il faut organiser un congrès ordinaire ou extraordinaire. Celui-ci devant être l’occasion de plancher sur la question et les modalités de la désignation du successeur d’Henri Konan Bédié, figure tutélaire du parti, décédé le 1er aout dernier. Mais, en vérité, la question divise, exposant le parti à des risques d’effondrement interne si aucune décision consensuelle n’est trouvée pour concilier les positions. Tant il est vrai que de nombreux clans se sont formés, chacun désirant voir son candidat représenter le parti à l’élection présidentielle de 2025. Dans cette perspective, on s’empoigne d’ores et déjà. Et, fait remarquable, toutes les attaques sont dirigées contre Tidjane Thiam. Et pourtant !

Trouver un remplaçant à Konan Bédié, tel est le thème autour duquel tournera le 16e bureau politique du Parti Démocratique de Côte d’ivoire. Mais la multiplicité des clans au sein de ce groupement politique, rend la tâche ardue. Les dirigeants du PDCI devront donc trouver  un compromis entre des modalités de succession consensuelles et la préservation du parti contre toute désagrégation. Mais, chaque jour qui passe, les postures se radicalisent qui deviennent de plus en plus inconciliables. Le vrai enjeu, c’est la présidentielle de 2025. Qui sera le candidat du PDCI ?

C’est moi ! Professe Jean Louis Billon qui, se réservant quelquefois une satisfaction vaniteuse, déclare avoir un programme de gouvernement sans commune mesure.  L’homme, en outre, lance péremptoire : « je me bats pour être le candidat du PDCI, je ferai tout pour l’être et je le serai… ».

Dans sa profession de foi, Billon ne manque pas d’égratigner Tidjane Thiam, qu’il considère comme un candidat potentiel à la candidature, un adversaire éventuel : « je pense que Thiam n’aurait jamais dû partir », insinuant que ce dernier s’est trop tôt détaché des réalités ivoiriennes et qu’il ne serait, par conséquent, pas un candidat crédible.

Pour sa part, l’ex maire du Plateau, Akossi Bendjo, comme s’il s’agissait d’une action concertée des contradicteurs de Thiam ou d’un assaut en règle contre l’ex ministre du plan de Bédié, prévient : « au PDCI, il ne s’agira pas d’un homme providentiel pour diriger la Côte d’ivoire ». Se fendant, par ailleurs, d’une métaphore footballistique assez amusante, Bendjo compare Tidjane Thiam à Messi et Neymar « que le PSG avait recrutés, mais qui n’ont rien apporté à l’équipe ». On l’aura remarqué, le vice-président du PDCI chargé de la réconciliation ne rate aucune occasion de rudoyer Tidjane. Il y a comme chez Akossi Bendjo un sentiment contrarié, tant l’ex- directeur général du Crédit-Suisse l’obsède avec une constance qui appelle quand-même l’admiration.

L’autre candidat possible, Thierry Tanoh, le chargé des finances du parti, ne souhaite pas non plus la candidature de l’ex-directeur général du BNETD. Bref !

Tidjane Thiam, à jour de ses cotisations au parti, condition de participation, est dans la place, venu prendre part au 16e bureau politique du PDCI. Faut-il s’attendre à l’exhumation des animosités contre Thiam ou est-ce que le PDCI et ses instances dirigeantes sauront  opérer une rénovation structurelle et substantielle du parti et trouver les clauses d’une synergie d’actions de ses cadres afin de relever les défis de la reconquête du pouvoir d’Etat ?

Le PDCI, le plus grand  parti et la formation politique la mieux structurée du pays a tout perdu.  C’est vrai ! Mais, le rêve d’un retour aux affaires reste tout à fait possible, par les vertus d’une introspection profonde. Tout cela, non pas dans la diabolisation mutuelle entre membres du même parti, mais dans le secret et le silence des passions. N’est-ce pas que les arrachements intimes nous imposent de tenaces pudeurs. Cela dit, ceux qui éprouvent une inimitié à l’égard de Tidjane Thiam méconnaissent les vrais enjeux de la présidentielle ivoirienne et paraissent même n’avoir ni identifié, ni vraiment pris la vraie mesure de l’adversaire.

Le plus grand pari aujourd’hui réside dans la reformation de la commission électorale, son président, Ibrahime Koulibaly-Kuibiert, ayant été chef de cabinet de Koné Mamadou, alors ministre de la justice pour le compte des forces nouvelles. L’autre enjeu demeure ‘’l’humanisation’’ de la liste électorale sur laquelle figurent des femmes qui, contre toute raison scientifique, sont mères de plus de 500 enfants chacune. Ces deux changements majeurs, il faut les arracher au RHDP, un parti politique dont la maxime est : ‘’s’opposer aux valeurs et aux droits humains pour garder le pouvoir…’’. Ou encore, cela signifie de forcer la main à un gouvernement qui reste convaincu que ‘’le pouvoir se conserve par les vertus propres du gouvernant, c’est-à-dire ses capacités personnelles, qu’elles soient morales ou non, et non la bonté et le souci d’autrui’’. Enfin, croyant fermement dans la légitimité pragmatique de la dictature, l’adversaire s’est donné tous les moyens de la coercition : une armée et une justice acquises à sa cause. Ses soutiens internationaux constituent cet autre atout exorbitant. Voilà le redoutable ennemi commun, le ‘’Léviathan’’ ivoirien. Mais, ce ‘’monstre marin’’ n’est pas invincible’’, car le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maitre, dit Rousseau. Il suffit d’opposer au RHDP un adversaire politique tout aussi ‘’féroce’’, aimé des ivoiriens, reconnu et respecté à travers le monde qui peut alors, par le jeu de la diplomatie internationale, faire plier Ouattara. Car, déjà, au plan local, les politiques ont montré leur impuissance. Le réalisme est requis, il faut simplement transcender  les egos et réaliser l’union sacrée des forces.

Jean Clotaire Tétiali