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APRNEWS:Macron soupçonné de préparer une intervention au Niger

APRNEWS- French President Emmanuel Macron, left, welcomes Niger's President Mohamed Bazoum before a working lunch Thursday, Feb. 16, 2023 at the Elysee Palace in Paris. (AP Photo/Michel Euler)
Lundi, 31 juillet 2023

APRNEWS:Macron soupçonné de préparer une intervention au Niger

APRNEWS-Dans deux communiqués lus hier sur la télévision publique nigérienne, le porte-parole de la junte au pouvoir, qui a renversé le Président Mohamed Bazoum mercredi, a accusé la France d’ourdir un complot en vue d’une intervention militaire destinée à libérer celui qui était son plus fidèle allié au Sahel. Le militaire a lu deux documents, le premier signé par un ministre de Bazoum et le second par le chef de la Garde Nationale, pour appeler à une telle initiative.

APRNEWS- «Dans sa ligne de conduite allant dans le sens de la recherche des voies et moyens pour intervenir militairement au Niger, la France, avec la complicité de certains Nigériens, a tenu une réunion à l’état-major de la Garde nationale du Niger pour obtenir des autorisations politiques et militaires nécessaires», a déclaré le porte-parole du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), qui se confond désormais avec l’armée nigérienne dans sa quasi totalité. 

A l’occasion de cette réunion, dont la date n’est pas précisée, deux documents ont été signés pour fournir une légalité de façade à une telle intervention, par le ministre des Affaires étrangères du gouvernement renversé, Hassoumi Massaoudou, et par le Haut commandant de la Garde nationale, le colonel-major Midou Guirey, toujours selon le communiqué numéro 14 lu hier.

La teneur de ces déclarations est exactement la même : les deux hommes «autorisent le partenaire français à effectuer des frappes au sein du Palais présidentiel afin de libérer le Président de la République du Niger, Mohamed Bazoum, pris en otage» et ils délivrent ces autorisations «pour servir et valoir ce que de droit.»

Le ministre des Affaires étrangères avait pris soin de s’auto-proclamer Premier ministre par interim au préalable, le Premier ministre du Président Bazoum étant à l’étranger lors du putsch.

Deux arrestations des pro français

Le communiqué ne précise pas que les deux hommes ont été arrêtés à la suite de cette découverte. Il est va de même pour un fidèle du Président Bazoum au sein de la Garde, le colonel Alio Matani. La Garde est désormais commandée par son second, le colonel Ahmed Sidian, qui figurait sur la première photo de famille du CNSP diffusée la nuit du putsch. Ce corps des forces de défense et de sécurité est placé sous l’autorité du ministre de l’Intérieur. Il est surtout déployé  dans les brousses, y compris les plus reculées du pays.

Dans le communiqué numéro 13 diffusé hier, le même porte-parole revient sur les violentes échauffourées survenues à la porte de l’ambassade de France dans la journée. En marge de la manifestation de soutien aux militaires organisée dans le centre de la capitale, des manifestants s’étaient rassemblés devant l’ambassade de France pour y mettre le feu.

«En raison d’un ressentiment consécutif à l’attitude déstabilisatrice d’une chancellerie occidentale, un regroupement spontané de manifestants a eu lieu aux alentours de celle-ci. Malgré les efforts consentis par les forces de défense et de sécurité pour contenir la foule, les services de sécurité de la dite chancellerie ont tiré des grenades lacrymogènes et fait usage de leurs armes. Cette intervention a eu pour conséquence six blessés pris en charge par les hôpitaux de la place», dit le porte-parole de la junte qui conclut son propos par un «appel à la retenue et au sursaut patriotique.»

Des images de ces blessés ont circulé sur les réseaux sociaux, ainsi que celles du général Salifou Modi, le nouveau chef d’état-major des forces armées nigériennes, ramenant le calme dans la foule en colère.

La tentative de médiation du Tchad

Ces deux communiqués ont été diffusés après le départ du Niger du médiateur désigné par la CEDEAO, le général tchadien Mahamat Idriss Deby, qui a rencontré successivement hier les putschistes, le Président Bazoum et son trouble prédécesseur Mahamadou Issoufou, dont on ne comprend toujours pas très bien l’agenda.

La rumeur à Niamey prête à Emmanuel Macron le projet d’entraîner dans son opération les forces tchadiennes déployées contre le terrorisme dans la région des trois frontières. On ignore comment ce funeste projet est accueilli par l’armée tchadienne, dont les relations étaient excellentes jusqu’ici avec son homologue nigérienne. Le Tchad est de surcroît menacé par la guerre civile qui fait rage au Soudan voisin depuis plusieurs semaines.

La France est désormais perçue, au Niger, comme une force étrangère hostile. Elle devrait faire attention aux risques que cette stratégie fait courir à ses ressortissants, au-delà de son influence politique dans le pays. Car le peuple nigérien, certes divisé politiquement entre les partisans du régime renversé et son opposition affaiblie par des années de harcèlement, soutient massivement son armée.