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APRNEWS: PDCI - Encore de dures empoignades en perspective !

APRNEWS - Jean Clotaire Tétiali - PDCI - Encore de dures empoignades en perspective ! -
Mercredi, 18 octobre 2023

APRNEWS: PDCI - Encore de dures empoignades en perspective !

APRNEWS - Le politique du PDCI, le seizième, a pris une décision majeure, notamment l’organisation d’un congrès extraordinaire électif le 16 décembre prochain pour connaître le successeur d’Henri Konan Bédié. En outre l’occasion était belle qui a vu l’ensemble des participants  afficher une même conviction : « 2025 sera l’année de la reconquête du pouvoir ». Cette espérance est d’ailleurs bien traduite par le thème du congrès de décembre prochain : "PDCI-RDA résilience et défis pour 2025". Seulement, une question suscite, d’ores et déjà, de profondes divergences : le nouveau président  sera-t-il, à la fois, le candidat du parti à la présidentielle de 2025 ou est-ce qu’il faut créer deux entités politiques différentes ? Dès lors, verra-t-on des Pdcistes, le 16 décembre prochain, partager une même utopie ou un même mauvais rêve social ? En tout état de cause, on est bien loin du consensus généralement requis pour la conquête du pouvoir.

Des velléités de positionnement personnel minent aujourd’hui encore le Parti démocratique de Côte d’ivoire. En effet, alors que les uns prônent le choix d’un président qui, en même temps, représenterait le parti à l’élection présidentielle de 2025, les autres, contre les règles du jeu, font l’éloge de l’idée d’un candidat autre. Au bout de cette idée, naissent de nombreuses divergences et des suspicions. Ce, d’autant que, selon une pratique mondiale courante, séculaire et dominante, le président du parti est toujours le candidat à l’élection présidentielle. Et puis, des interrogations surgissent : quelle est la pertinence de l’idée d’une modification des règles du jeu politique au moment où le parti a davantage besoin de cohésion entre ses fils. Quelles sont la justesse et la profondeur d’une proposition de changement des textes dont on sait quelles feraient, à coup sûr, grincer des dents et créeraient, de ce fait, des désordres. Naturellement aujourd’hui, derrière cette idée d’une dérogation aux usages et aux conventions, ont pris naissance, sans trop grande surprise, la délation, les commérages et autres crocs-en-jambe entre militants d’une même formation politique, chacun voulant être le candidat du parti à l’élection présidentielle. Il va s’en dire qu’à cette allure, le PDCI, court le risque de faire carrière dans l’opposition.

Le parti du professeur Cowpply Bony, président intérimaire du PDCI, ne paraît pas encore avoir décrypté les enjeux politiques du moment, ni avoir vraiment saisi la complexité de la tâche. L’égoïsme dominant et l’égocentrisme aveuglant de certains de ses membres le maintiennent, depuis 1999, dans la pesanteur de la passivité.  L’écrivain Patrick Louis Richard disait : « La pire des hypocrisies est de lutter contre ce qu’on nourrit soi-même, dans la complicité la plus irresponsable ».

Le parti démocratique de Côte d’ivoire devrait garder à l’esprit qu’il est en compétition avec le parti au pouvoir. On peut convenir que ce dernier use de tactiques déloyales, surtout dans le domaine de la réglementation institutionnelle de l’environnement politique pour empêcher l’opposition d’arriver au pouvoir.  Ces manœuvres, on le sait aussi, relèvent par ailleurs d’un usage biaisé et partisan des forces de sécurité et d’autres structures de l’État, afin d’empêcher l’opposition d’agir. Bref ! La fraude électorale sous ses formes multiples est employée à diverses étapes du jeu électoral. Elle est la stratégie principale à laquelle les partis au pouvoir sont réputés avoir recours dans les pays en voie de démocratisation et, de manière plus accentuée, en Côte d’ivoire. Mais, nonobstant les actes indélicats du Rassemblement des Houphouétistes, tous les « malheurs » de l’opposition ne peuvent pas être mis sur le dos de ce parti. A plusieurs égards, le PDCI y a sa part, voire une grande part de responsabilité. Il est miné par des querelles d’ego et de personnalités inutiles qui occasionnent des sentiments d’hostilité et une compétition malsaine entre ses différents membres. Le parti devrait plutôt entreprendre une analyse lucide de la situation politique pour en identifier les éléments cruciaux et mobiliser toutes ses ressources pour la reconquête du pouvoir.

Au total, les défis majeurs à relever demeurent la mise en place d’une Commission Électorale consensuelle et la « fiabilisation » des registres d’état civil pour en faire la source des fichiers électoraux biométriques. La liste électorale constitue en effet un élément important de tout processus électoral, car c’est elle qui, dans une large mesure, définit la taille de l’électorat. Le parti de feu Konan Bédié doit prendre toutes les mesures susceptibles d’accroître le degré de transparence et de crédibilité des élections. Dans le cadre de la Côte d’ivoire dont la liste électorale est truffées d’irrégularités», l’urgence n’est plus à démontrer. Il faut noter que l’établissement des listes d’électeurs, seulement à l’approche de chaque cycle électoral, peut présenter de nombreuses failles qui affectent la transparence des compétitions politiques. Notamment, le caractère inclusif de la liste électorale peut en souffrir. Et, parce qu’il faut respecter des délais parfois constitutionnellement intangibles pour certains scrutins, il arrive souvent qu’on sacrifie la qualité de la liste pour accélérer les choses. Ce sont là autant de challenge à relever sur un temps relativement court, c’est-à-dire, à deux ans de la présidentielle et face à un parti politique, le RHDP, qui ne croit que dans le droit du plus fort et pour qui la morale politique reste une notion simplement évanescente.

Il semble donc tout à fait réaliste de gagner du temps, en faisant du remplaçant de Bédié, à la fois, le candidat du parti à l’élection présidentielle, tant les questions à régler abondent. Cette attitude aura le double avantage d’être respectueuse des textes, donc de mettre tout le monde à l’abri d’empoignades, et d’être globalement bénéfique pour le parti. Le combat est dur, mais pas impossible. Face à Alassane Ouattara et sa carapace internationale, la victoire est parfaitement accessible par les vertus d’une diplomatie véritablement agissante et de haut niveau. C’est pourquoi, le choix du président-candidat du PDCI doit ne pas être un choix émotionnel, mais plutôt une option rationnelle, réaliste et judicieuse.

Jean Clotaire Tétiali