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APRNEWS : Embrouillamini au PDCI - Quelle approche de solution ?

APRNEWS - Embrouillamini au PDCI - Quelle approche de solution ? - Tidjane Thiam - Bendjo - Guikahué - Par Jean Clotaire Tétiali  -
Jeudi, 2 novembre 2023

APRNEWS : Embrouillamini au PDCI - Quelle approche de solution ?

APRNEWS -  Bouts de papier et autres communiqués contradictoires s’affrontent dans les états-majors des candidats potentiels au fauteuil de président du PDCI le 16 décembre prochain. Dans la confusion, un candidat s’est même prévalu de la solidarité des ‘’nouveaux majeurs’’, comme ceux-ci étaient membres du bureau politique. Curieusement, le contenu de ces communiqués reste invariablement menaçant : « Thiam n’est pas éligible, gars à ceux qui vont tripatouiller les textes ou opérer un passage en force… ». Combat d’avant-garde pour faire peur à l’adversaire potentiel ? Probablement oui !

APRNEWS -  En tout état de cause, le mal est profond qui ne milite pas en faveur de la cohésion du PDCI.

Et pourtant ! 

Pour leur part, chacun des candidats potentiels brandit la démonstration de son éligibilité. Comme si les choses évidentes par elles-mêmes ont encore besoin d’être démontrées ? Il apparait clairement que toutes ces agitations désordonnées sont mues par la peur. Mais, de qui a-t-on peur au PDCI-RDA et au-delà ? 

Toute peur est peur de l’inconnu, conscience de devoir affronter un adversaire puissant. Au PDCI, cet adversaire n’est autre que Tidjane Thiam, un intellectuel respecté dans les plus hautes sphères de la société, une référence mondiale en matière d’économie et de finances, constamment appelée aux chevets d’économies tant africaines que mondiales. L’homme est  en lui-même une superstructure ! Prêt au combat contre lui-même, le PDCI refuse sciemment de voir cet atout majeur.  Le parti se désigne lui-même à la vindicte du pouvoir. En son sein, on évoque même l’idée de sa mise sous tutelle. Le masochisme politique quoi! 

La mythologie grecque évoque l’histoire de ce génie qui veut faire une récompense à un pauvre homme, mais à condition que ce dernier accepte qu’il en soit donné le double à son voisin. L’homme bondit vers le génie : cassez-moi un œil.  Ainsi se résume l’histoire politique actuelle du PDCI où prévaut le « ou c’est moi, ou ce n’est personne ». Les sorties tonitruantes contradictoires, ces derniers jours, entre les animateurs les mieux placés dans la hiérarchie sociale du parti, défient toute compréhension rationnelle. C’est à se demander si le PDCI a vraiment de tout temps reposé sur une politique fonctionnelle solide ? Sinon, comment comprendre l’absence, au sein du parti, de mécanismes de régulations des contradictions internes, au point où le linge sale vient à être lavé en public. Certains candidats déclarés se mettent en scène, tentant de démontrer la justesse de leur candidature par des artifices juridiques, trompant ainsi, à dessein, d’éventuels votants. Et pourtant, des procédures d’instructions les impliquant restent encore visiblement pendantes devant la justice. Désormais, débattre sans éclats de voix, dans le respect de l'opinion de l'autre, semble de plus en plus difficile. Les opinions s'affrontent plus qu'elles ne se confrontent, et la recherche de consensus s'effondre. Tout paraît irréconciliable.

Le concept de vérité vacille, disqualifié par les fake news, les complots, la délation, les torpilles et le non-sens. Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire court à sa perte au profit du parti au pouvoir. De bonne guerre, ce dernier reste joyeusement aux aguets, prêt à pêcher en eaux troubles et à tirer les marrons du feu. Et portant, cette fois-ci et comme jamais, le PDCI possède les leviers de la reconquête du pouvoir. Seulement, ce parti semble ne même pas avoir conscience de ses forces. L’hypochondriaque en quelques sortent ! Alors, comment renouer, au PDCI, avec la confiance et surtout avec une communication apaisée et respectueuse ?

Il faut taire ses querelles intérieures, accroitre les dynamiques centripètes, atténuer la peur de chacun et, alors, inciter tous les animateurs du parti au conformisme. La peur n'applique jamais un remède à propos, elle nous contraint à de multiples renoncements. Elle a détruit plus de choses en ce monde que la joie n'en a créées. La peur est peur de l’inconnu. Dès lors, un comité de conciliation prend ici toute sa nécessité. Ce dernier pourra mettre en mission les avocats du parti pour donner aux textes une interprétation unique. Les uns et les autres seront alors libérés de leurs peurs. Les divergences de vues ainsi atténuées, le comité de conciliation pourra travailler à  obtenir l’accord de tous à une vision solidaire. Peut-être même le consensus autour d’un candidat ! 

Le PDCI paraît alors jouer sa cohésion et même sa survie autour du congrès électif du 16 décembre. Les antagonismes, s’ils demeurent, ne précipiteront son implosion. Alors Tidjane Thiam, cet homme qui cristallise la peur du pouvoir et celle de certains de ses propres co-militants et, à la fois, incarne l’espoir de bien d’ivoiriens, s’en tirera, inéluctablement, avec une frange importante des militants du PDCI. A ceux-ci s’ajouteront ces citoyens déçus par une opposition qui ressemble plus aujourd’hui à une nébuleuse, c’est-à-dire, sans conformation tangible. En outre, ils sont nombreux à avoir cru en son message. Il en a donné, le 14 octobre dernier, une esquisse sur le plateau d’Ali Diarrassouba : toute société qui fonde le bien-être sur la possession croissante de biens sans pour autant assurer à chacun les moyens d’y parvenir, génère de la frustration et crée les conditions d’une inégalité entre les personnes. Ce message a percuté et a plu à plus d’un ivoirien, là où d’autres penseraient que l’égalité est l’utopie des indignes, la revendication des vaincus, la morale des pauvres. 

Avec Tidjane Thiam, ce serait alors peut-être la renaissance d’une opposition ivoirienne forte au sens républicain du terme. Ce qui restera du parti de Félix Houphouët-Boigny, sera à la merci d’un RHDP alors plus que jamais ragaillardi, qui garderait intacte, sinon renforcerait sa propension à mettre aux arrêts, en dehors de toute élégance politique, tout opposant qui s’aviserait de lui apporter la contradiction. 

Jean Clotaire Tétiali