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APRNEWS : Mort de Maryse Condé, écrivaine guadeloupéenne majeure de son époque

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L’auteure de « Moi, Tituba sorcière... » et « Ségou » laisse derrière elle un large choix d’ouvrage traitant à la fois du colonialisme, de l’esclavage ou de la maternité.

DÉCÈS - Une illustre figure de la littérature française s’est éteinte. L’écrivaine et auteure Maryse Condé est morte à l’âge de 90 ans, comme l’a annoncé sa famille à Outre-mer La 1ère ce mardi 2 avril.

Pièce de théâtre, essais, livres pour enfants, Maryse Condé aura tout connu ou presque au cours de sa longue carrière qui l’aura amené à écrire plus de 70 livres, enseigner aux États-Unis ou pratiquer le journalisme. En 2019, la romancière avait d’ailleurs reçu la Grand-Croix de l’ordre national du Mérite pour l’ensemble de son œuvre, qui ne lui aura pourtant jamais valu de prix Nobel, malgré un Nobel « alternatif »de littérature reçu en 2018 à Stockholm. Parmi les thèmes majeurs de ses écrits : l’esclavage, le colonialisme ou encore la maternité.

Une grossesse traumatisante

Née « un jour de carnaval » de 1934, comme le rappelle la plaque installée depuis quelques jours sur la façade de la maison de son enfance, Maryse Condé commence sa vie à Pointe-à-Pitre où elle s’imprègne rapidement de la littérature et de la culture française, très présente dans son environnement familial. Il faudra attendre l’aube de ses 20 ans pour que la jeune femme parte étudier à Paris où elle va finalement renouer avec ses origines en se confrontant au racisme de l’époque.

C’est également à Paris qu’un des sujets qui traversera toute son œuvre trouve son origine : une grossesse endurée seule après le départ prématuré de son premier amour. Ce qu’elle racontait d’ailleurs sans détour dans le roman La Vie sans fards. Mais une seconde rencontre lui permettra finalement d’épouser son futur mari, l’acteur guinéen Mamadou Condé, avec qui elle aura plusieurs filles avant leur séparation sans divorce.

Retour à l’écriture

Avec son mari, elle prendra le chemin de l’Afrique pour une vie de voyage et d’enseignement. D’abord la Côte d’Ivoire, puis la Guinée, où sera d’ailleurs écrit son premier roman Heremakhonon, avant le Ghana et Londres, où elle travaillera notamment pour la BBC Afrique.

Après s’être séparée de son mari, c’est au Sénégal que Maryse Condé retrouvera du travail comme traductrice avant d’exprimer un certain ras-le-bol du continent africain, où elle ne peut pleinement mener la carrière qu’elle espère. De retour à Paris, c’est avec le théâtre qu’elle retrouvera le chemin de l’écriture, largement influencée par ses expériences de voyage et l’héritage colonial expérimenté à travers les différents pays visités.

Des influences dans son travail qui vont inévitablement la conduire vers les États-Unis, où elle enseignera dans de prestigieuses écoles comme l’Université de Columbia, de Californie à Berkeley ou l’Université de Virginie. À Columbia, elle fondera d’ailleurs le Centre des études françaises et francophones. À la retraite depuis plusieurs années, Maryse Condé avait fini par s’exiler dans le sud de la France, sans jamais arrêter d’écrire des romans pour autant. Preuve en est avec L’Évangile du nouveau monde, son tout dernier ouvrage publié en 2021.

Par Maxime Birken