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Corée du Sud : Covid-19, une opération éclair de dépistage lancée

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Mercredi, 13 mai 2020

Corée du Sud : Covid-19, une opération éclair de dépistage lancée

Le pays a repéré un nouveau foyer de contaminations dans des clubs d'un quartier branché de Séoul. Leur stratégie de tests et de traçage se heurte à l'inquiétude des jeunes gays qui fréquentent ces lieux. Ils redoutent d'être « outés » et ensuite discriminés dans une société très conservatrice.

Après avoir profité, début mai, de plusieurs journées sans identifier de nouveaux cas de covid-19 sur son territoire, la Corée du Sud s'inquiète de l'apparition soudaine d'un nouvel important foyer de contamination né dans des boîtes de nuit de Séoul.

« Ce ne sera pas fini avant que ce soit vraiment fini », a martelé le président sud-coréen Moon Jae-in, avant de rappeler que des résurgences étaient possibles à tout moment.

Ce mercredi, les autorités ont annoncé qu'elles avaient repéré 26 nouveaux infectés qui viennent s'ajouter au 76 déjà dépistés depuis la fin de la semaine dernière. La plupart sont des clients de cinq clubs ou bars du quartier branché d'Itaewon et auraient été infectés entre la fin avril et début mai, lorsque la vie nocturne, presque gelée au pic de l'épidémie, a redémarré pour célébrer l'apparente fin de la crise sanitaire dans le pays.

Les officiels du KCDC (The Korea Centers for Disease Control and Prevention) pensent même avoir identifié l'un des « super-infecteurs » de ce foyer. Cet homme de 29 ans aurait, à lui seul, contaminé au moins 54 personnes, en une nuit, en se déplaçant d'un établissement à l'autre.

Plus de 10.000 personnes contactées

Appliquant leur stratégie habituelle de dépistage massif et de traçage des contacts, les autorités sanitaires ont obtenu, avec la coopération des opérateurs télécoms, le numéro des 10.905 personnes ayant fréquenté ce quartier entre le 24 avril et le 6 mai aux heures les plus exposées. Elles leur ont ensuite envoyé un SMS les appelant à rapidement se faire tester dans un centre de santé et à s'imposer une période de quarantaine à la maison. Le maire de Séoul Park Won-soon a également révélé que la ville avait contacté, en plus, 494 personnes qui avaient utilisé leurs cartes de crédit dans le quartier.

Si ces appels ont été entendus par des milliers de personnes, cette campagne se heurte aux réticences d'une partie des jeunes gens contactés. Plusieurs des clubs du foyer de contaminations sont, en effet, fréquentés par la communauté gay, qui souffre encore, dans le pays, d'une forte homophobie. Ces jeunes, potentiellement infectés, craignent d'être « outés » et discriminés s'ils venaient à être testés positifs au covid-19 ou devaient justifier auprès de leurs employeurs ou de leurs familles une mise en quarantaine de deux semaines.

Discrimination dangereuse

Pour tenter de les rassurer, la mairie de Séoul a mis en place lundi des tests anonymes permettant à ces jeunes de venir se faire dépister rapidement sans jamais utiliser leur nom. L'équivalent d'un numéro vert doit aussi être mis en place pour rassurer la communauté LGBT sur la protection de ses données personnelles.

Le ministre de la santé a lui pris la parole pour condamner la montée sur les réseaux sociaux de discours anti-gay. « Ces discriminations et l'exclusion créent une atmosphère sociale qui pousse les gens à cacher le fait qu'ils sont infectés et cela bride nos efforts d'endiguement de l'épidémie », a insisté Park Neung-hoo.

Le gouvernement, qui a jusqu'ici géré avec une grande efficacité la crise sanitaire - 259 décès au total pour 52 millions d'habitants - craint qu'un dépistage limité ou ralenti n'entraîne une multiplication des contaminations chez les proches de ces clubbers. Lundi, une grand-mère de 84 ans avait été testée positive au coronavirus après avoir passé, ces derniers jours, du temps avec son petit-fils, habitué des bars d'Itaewon.

Source : Les Echos