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APRNEWS : Sénégal - Comment Amadou Ba risque l’élimination dès le premier tour

APRNEWS - DÉCRYPTAGE – Présidentielle 2024 : Comment Amadou Ba risque l’élimination dès le premier tour
Vendredi, 29 septembre 2023

APRNEWS : Sénégal - Comment Amadou Ba risque l’élimination dès le premier tour

APRNEWS - Il y a des élections presque jouées d’avance. Certaines, devant un concours de circonstances improbables, donnent le tournis aux experts pour se faire un avis, pendant que d’autres, se fondant sur des chiffres et des estimations scientifiques, ont déjà percé le secret de l’élection. Le deuxième cas nous intéresse ici plus fortement.

APRNEWS - Jamais les élections présidentielles n’ont été aussi ouvertes depuis Senghor.

Chaque candidat semble avoir une chance de l’emporter, ce que vraisemblablement ont deviné plusieurs acteurs politiques, justifiant ainsi le nombre incalculable de candidats à la magistrature suprême.

Mais parmi cette floraison de candidatures, il y en a une qui intrigue plus que toutes les autres.

Le candidat Amadou Bâ semble être un candidat par défaut, n’ayant été choisi officiellement qu’à six mois de l’élection présidentielle.

Comme s’il avait été propulsé à cette posture accidentellement, ou plus clairement, sans langue de bois, comme le joker à la surprise générale après la décision tardive du Président sortant de ne pas être candidat. Et pourtant, en y regardant de plus près, Benno Bokk Yakaar, en perte de vitesse à cause d’un contexte politique plus que difficile, a perdu des plumes lors des toutes dernières élections.

La majorité en perte de vitesse

Le pouvoir a même frôlé la perte de la majorité aux élections législatives après avoir subi une défaite de plein fouet lors des élections locales de 2022, faisant ainsi tomber plusieurs cadres de la coalition et provoquant un raz-de-marée de maires de la coalition Yewwi Askan Wi.

Nous sommes en effet bien loin de la toute-puissance de la coalition Benno Bokk Yakaar du temps où le Président avait réussi à réduire l’opposition à sa plus petite expression.

Nous sommes aujourd’hui bien loin de cette configuration politique, Benno ne gagne plus comme avant et l’argent ne pèse plus dans les élections sénégalaises.

Quand on prête une oreille plus attentive aux urnes, aux chiffres de ces dernières, mais surtout et le plus simplement possible aux différentes poches électorales, nous nous rendons compte que Benno Bokk Yakaar sera bien loin du « Yakaar » (espoir): Touba, Ziguinchor, Thiès, Dakar, Diourbel, la diaspora sont des bastions électoraux dans lesquels la coalition risque de mordre la poussière.

Mathématiquement, les calculs ne sont pas bons pour Amadou Ba !

En termes de chiffres, lors des dernières élections, Dakar comptait 1 687 826 électeurs, la région de Thiès 901 216 électeurs, Ziguinchor 283 395 électeurs, Kolda 229 399 électeurs, Sédhiou 193 055 électeurs, Saint-Louis 504 867 électeurs et la diaspora, qui en termes de chiffres, se classerait comme le 7e département juste derrière la région de Thiès, avec un regain d’inscrits jamais enregistré dans cette partie du globe.

Ce qui logiquement avait motivé l’idée de représentants de cette frange de la population éloignée de la terre natale mais proche par son importance économique.

Il est clairement établi que lorsque nous ne gagnons pas dans ces régions, il est impossible de remporter les élections, et on est même exposé à l’élimination dès le premier tour.

D’autres facteurs s’ajoutent à cette analyse, le candidat déclaré Amadou Bâ a plus perdu d’élections qu’il n’en a remportées, sans compter le fait qu’il n’a jamais été élu maire de quelque commune que ce soit.

On verrait ainsi mal ce dernier pouvoir tenir la dragée haute dans une élection présidentielle à fort enjeu, sans oublier l’autre donnée importante : la dislocation du vote de Benno, qui a vu plusieurs candidatures se déclarer, Aly Ngouille Ndiaye, maire de Linguère, Alioune Sarr, maire de Notto-Diobass, dans la région de Thiès, Mame Boye Diao, maire de Matam, mais aussi et surtout celle de l’ancien homme de confiance du Président de la République Mahammed Boun Abdallah Dionne, ancien Premier ministre et aussi le manque d’alliés de la coalition en dehors des partis traditionnels tels que le Parti socialiste, l’AFP, qui ont perdu leur force d’antan.

Dans cette configuration actuelle de l’échiquier politique et avec tous ces éléments évoqués, l’idée qu’Amadou Bâ soit éliminé dès le premier tour de l’élection présidentielle 2024 est réelle, sans doute aucun, et que le deuxième tour se jouerait entre deux candidats de l’opposition. Qui sera l’élu ? Réponse le 25 février 2024.