APRNEWS : Présidentielle Américaine un débat Kamala Harris-Donald Trump le 10 septembre

APRNEWS : Présidentielle Américaine un débat Kamala Harris-Donald Trump le 10 septembre

Après quatre jours de célébration de l’unité des démocrates, il faut maintenant passer de l’état de l’autocongratulation à la réalité de la vraie bataille sur le terrain. Il faut aussi convaincre les électeurs indépendants, les indécis et les républicains modérés que Kamala Harris mérite une chance le 5 novembre. Tout un défi.

Avec des paillettes, du charisme et une combativité certaine, la convention démocrate de Chicago a été l’occasion réussie de serrer les rangs derrière une candidate devenue providentielle par la force des choses.

La méthode Coué employée par les démocrates a bien fonctionné. L’autosuggestion positive pour réaliser les objectifs du parti mis de l’avant par l’entremise de Barack et Michelle Obama, par Bill Clinton et dans une certaine mesure par quelques vedettes, dont Oprah Winfrey, a atteint sa cible : les démocrates eux-mêmes qui avaient besoin d’un électrochoc pour croire à une victoire.

Mission accomplie

Les démocrates ont fait tout ce qu’ils pouvaient cette semaine pour assurer le succès de Harris et ont probablement accompli la mission. Tout cela a démontré que le parti n’était pas en si mauvaise posture que cela, même avec un président en perte de vivacité physique et mentale.

Ce qu’on a vu cette semaine à Chicago est un parti où il faut parfois faire le grand écart pour élargir la tente afin de donner de la place à des membres de tous les horizons. Mais avec le passage de flambeau de Biden vers Harris, il y a aussi cette impression d’un passage de relais à une autre génération.

Après tout, les Biden, Pelosi, Schumer et autres sont plus proches de la retraite que jamais. Les conventions sont souvent l’occasion de repérer les candidats de demain. Les Alexandria Ocasio-Cortez, Wes Moore, gouverneur du Maryland, et autres ont su montrer que le parti a de l’énergie à revendre.

Ces espoirs vont faire partie de cette équipe de campagne sur le terrain pour diffuser le message de positivité afin de maximiser les chances de la candidate démocrate face à Donald Trump.

Avec un parti de nouveau énergisé, Kamala Harris devrait donc être bien outillée pour œuvrer vers une victoire. En plus, les coffres sont remplis à craquer. On parle d’environ 600 millions en banque d’ici la fin du mois, pas surprenant que son équipe ait su persuader plus de donateurs en 10 jours que Joe Biden en 15 mois.

Une preuve que bien des gens croient une victoire à portée de main. Même Tim Walz, son colistier du Midwest qui pourrait séduire une partie de l’électorat pro-Trump, qui se fatigue du style du candidat républicain, clame que Harris pourrait “tourner la page Donald Trump”.

La stratégie de la nouveauté

Depuis le début, l’équipe de Harris l’a présentée comme un visage du changement que les électeurs disent vouloir depuis de nombreux mois. Un défi difficile à relever, car elle demeure, malgré tout, une membre de l’impopulaire administration Biden.

Ses performances plus ou moins convaincantes en tant que vice-présidente (qu’a-t-elle fait? disent ses critiques) pendant le mandat de Biden ont semé le doute chez certains quant à sa capacité à accéder à la Maison-Blanche.

Ses débuts de campagne semblent avoir, pour l’instant, rassuré certains électeurs. Et puis, ces derniers jours, elle redouble d’efforts pour jongler entre la promotion du bilan de la présidence Biden tout en essayant de s’en démarquer pour créer cette impression de nouveauté. Son style est plus populiste en s’engageant par exemple à réduire les prix abusifs pratiqués par les géants de la grande distribution.

Ce qui est différent dans cette campagne électorale, c’est qu’en quelques semaines seulement, les démocrates sont retournés à leur table à dessin. Au départ, alors que Joe Biden était encore l’homme de la situation, une bonne partie de la campagne allait tourner autour de la question de la démocratie.

Depuis l’entrée en scène de Kamala Harris, tout s’est dorénavant articulé autour de sa personnalité qualifiée de joyeuse ainsi qu’autour des thèmes de la liberté et de l’avenir. Curieusement, ils ont même réussi à s’approprier une forme de patriotisme qu’on voit rarement chez les démocrates et qui est plutôt l’apanage des républicains. Rarement a-t-on autant vu de démocrates scander “USA! USA!” avec des pancartes portant fièrement ces trois lettres pendant une convention.

Et ils ont décidé aussi de harnacher à leur parti le thème si cher aux républicains : la liberté. Dans cette campagne, comme l’a dit Tim Walz, c’est “le combat pour la liberté d’améliorer la vie et celle des gens que vous aimez, la liberté de prendre vos propres décisions en santé et la liberté de vos enfants d’aller à l’école sans craindre d’être abattus dans les couloirs”.

Un message aux antipodes, selon eux, de la liberté prônée par les républicains : la liberté de porter des armes, la liberté de prendre le contrôle des conseils scolaires ou encore la liberté d’interdire l’accès à l’avortement. Le discours de jeudi soir était probablement la dernière occasion pour elle de recevoir une telle attention.

Se connecter avec les électeurs

Une fois la convention terminée, un fait demeure : en dehors des démocrates convaincus, encore bien des Américains ne savent pas trop quoi penser de Kamala Harris. À quelle enseigne loge-t-elle vraiment sur les principaux enjeux en dehors de celui de l’avortement?

Un récent sondage de CBS News révélait que 64 % des Américains savaient ce qu’elle représentait, contre 86 % pour Trump. D’où la nécessité de se connecter davantage avec l’électorat et de se définir. On ne gagne pas une campagne juste en pointant les faiblesses de l’adversaire.

On a en effet beaucoup entendu cette semaine les attaques contre Trump, “une personne qui ne se préoccupe que de lui-même et qui n’agit que pour ses riches amis dans son pays et pour ses propres intérêts”. La stratégie est forcément efficace, car elle permet de tracer le contraste avec Harris qui, selon les démocrates, est une personne qui a consacré toute sa vie au service public, qui s’est battue pour les laissés-pour-compte et pour les gens qui n’ont pas de voix.

Elle devra faire davantage ce lien avec les électeurs pour qu’ils comprennent ce qu’ils y gagnent parce que lorsque les Américains se rendront aux urnes, ils se demanderont ce que cela représente vraiment pour eux et pour leur famille de voter pour elle.

Des sondages à surveiller

En général, après une convention du parti, les candidats investis bénéficient d’un gain dans les sondages. Il ne serait donc pas surprenant que Kamala Harris profite de quelques points supplémentaires dans les intentions de vote, mais cela reste des intentions qu’il faut concrétiser d’ici au 5 novembre. Pour l’instant, les avances dans les sondages sont presque dans la marge d’erreur. Et dans certains États clés, c’est loin d’être évident.

Bill Clinton et Michelle Obama ont adopté la promotion du ton joyeux, certes pour faire écho au sentiment qui semble animer cette campagne, mais le ton était loin du triomphalisme. Ils n’ont cessé de rappeler l’importance de voter et de convaincre voisins et amis de le faire. Et ils ont raison.

En fait, selon certaines projections actuelles, le chemin pour arriver à atteindre le fameux seuil de 270 votes des grands électeurs est plus évident pour Donald Trump. Kamala Harris a besoin de gagner plus d’États clés si elle veut arriver à conserver la Maison-Blanche pour les démocrates. Elle doit remporter le “mur bleu” de la Rust Belt (Pennsylvanie, Michigan, Wisconsin), riches en votes de cols bleus et doit ne pas perdre trop d’appuis dans la Sun Belt (Arizona, Nevada).

Pas étonnant que les démocrates jouent beaucoup la carte du négligé dans cette course, celle qui les “donne perdants”. Parce qu’ils savent que si bons soient les sondages, ceux-ci ne valent rien le soir de l’élection : ce sont les électeurs qui se déplaceront pour voter qui choisiront.

Un débat crucial

Une victoire démocrate, c’est possible, mais pour l’instant, rien n’est garanti. Beaucoup d’électeurs attendent avec impatience le grand examen de passage du 10 septembre lorsque Harris et Trump s’affronteront dans le premier débat (peut-être le seul de la campagne) sur le réseau ABC.

Les attentes sont grandes en ce qui concerne la performance espérée de Kamala Harris. Ce débat sera scruté à la loupe et aura peut-être même plus d’importance que celui qu’on a vu il y a quelques semaines entre Biden et Trump et qui a précipité le retrait de la course du président en fonction.

À partir de ce moment-là, on aura une lecture plus claire de la course où trois scénarios semblent se dessiner : une victoire à l’arraché de Harris, un autre mandat de Trump d’une courte tête ou une défaite cuisante du républicain qui fera taire ses prétentions d’une autre élection volée. Tout est encore possible.

Aprnews avec Radiocanada.ca

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