APRNEWS: Diplomatie discrète entre Ouattara et Thiam

La Côte d’Ivoire à un Tournant Décisif – Les Relations entre Alassane Ouattara et Tidjane Thiam

La Côte d’Ivoire se trouve à un tournant décisif, alors que le chef de l’État, Alassane Ouattara, continue de maintenir une distance prudente avec Tidjane Thiam, leader du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et figure montante de l’opposition. Cette situation politique complexe soulève des questions sur l’avenir du pays et sur la possibilité d’un rapprochement entre ces deux hommes influents.

Dans le contexte actuel, il est essentiel de comprendre les dynamiques qui régissent les relations politiques en Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2010, a navigué à travers des défis politiques majeurs, notamment des tensions ethniques et des crises électorales. De son côté, Tidjane Thiam a émergé comme un acteur clé dans l’opposition, cherchant à rassembler les voix dissidentes contre le gouvernement en place.

Malgré la rivalité apparente entre eux, des initiatives visant à rapprocher Ouattara et Thiam ont été mises en place en coulisses. L’intervention discrète de Nicolas Sarkozy, ancien président français, pourrait jouer un rôle crucial dans ce processus. En tant qu’ami personnel de Ouattara et ayant une influence significative sur la scène politique ivoirienne, Sarkozy pourrait faciliter un dialogue constructif entre les deux leaders.

Un tel rapprochement pourrait avoir des implications profondes pour la stabilité politique et économique de la Côte d’Ivoire. Alors que le pays aspire à une croissance durable et à une réconciliation nationale après des années de conflits, il est impératif que ses dirigeants trouvent un terrain d’entente.

Une rencontre secrète entre Sarkozy et Thiam a eu lieu en novembre 2024 pour discuter de la politique ivoirienne. Thiam s’est dit perplexe face au refus de Ouattara de le recevoir, tandis que Sarkozy a exprimé sa volonté d’en parler avec le président ivoirien.

Malgré quelques échanges, les messages de Thiam à Ouattara sont restés sans réponse. Le président du PDCI cherche également à établir des liens avec le cercle proche d’Ouattara, y compris la première dame. Par ailleurs, plusieurs anciens conseillers d’Ouattara rejoignent lentement Thiam, suscitant des inquiétudes au sein de la présidence.

Alors qu’une candidature de Ouattara se profile, l’entourage de Thiam suspecte une campagne de dénigrement orchestrée par le gouvernement. Thiam fait face à des controverses sur son éligibilité due à sa double nationalité et est contesté par certains membres du PDCI quant à sa légitimité pour représenter le parti aux élections d’octobre 2025.

Une rencontre secrète à Paris

En novembre 2024, une rencontre secrète a eu lieu dans le bureau de Nicolas Sarkozy, rue de Miromesnil à Paris. Pendant plus de deux heures, Tidjane Thiam et Sarkozy ont discuté des enjeux politiques en Côte d’Ivoire. Cette entrevue a permis à Thiam d’exprimer son incompréhension face au refus d’Alassane Ouattara de le recevoir malgré ses nombreuses demandes. Bien que Sarkozy n’ait pas pris d’engagement formel pour jouer les intermédiaires entre les deux hommes, il a montré sa volonté d’en discuter avec le président ivoirien.

Sarkozy et Thiam partagent une relation fondée sur des interactions professionnelles passées. En 2011, alors président français, Sarkozy avait confié à Thiam la direction d’un groupe de travail axé sur les relations entre le secteur privé et les banques de développement dans le cadre du G20. Ce lien personnel pourrait jouer un rôle clé dans toute tentative future de rapprochement entre Thiam et Ouattara.

Diplomatie discrète

Suite à cette rencontre avec Thiam, Nicolas Sarkozy a évoqué son cas auprès d’Alassane Ouattara lors d’un dîner discret en janvier 2025. À cette occasion, Emmanuel Macron avait également reçu Ouattara à l’Élysée sans aborder directement la question Thiam. Les deux anciens présidents français semblent partager une vision selon laquelle les profils politiques de Tidjane Thiam et Alassane Ouattara sont complémentaires.

Malgré cela, la présidence ivoirienne demeure méfiante face aux tentatives perçues comme un rapprochement entre le président français actuel et son prédécesseur. Abidjan s’inquiète depuis longtemps des implications potentielles qu’une telle proximité pourrait avoir sur la dynamique politique intérieure.

Une communication rompue

La dernière rencontre officielle entre Alassane Ouattara et Tidjane Thiam remonte au 11 mars 2024 et s’est concentrée sur des questions protocolaires liées aux obsèques nationales du défunt président Henri Konan Bédié. Depuis lors, tous les messages envoyés par Thiam à Ouattara sont restés sans réponse significative.

Cependant, il est intéressant de noter qu’Ouattara a répondu aux vœux de bonne année formulés par Thiam début janvier 2025. Cela laisse entendre que malgré leur distance apparente, il existe encore des canaux ouverts qui pourraient être exploités si nécessaire.

Relations interpersonnelles stratégiques

Tidjane Thiam tente également d’établir des liens avec certains membres proches du cercle présidentiel afin de faciliter la communication avec Ouattara. Dominique Ouattara, première dame et figure influente dans la sphère politique ivoirienne, a déjà joué un rôle crucial en tant qu’interface entre son mari et l’opposant lors des élections précédentes.

Fin 2024, Thiam a rencontré Patrick Achi — ancien Premier ministre limogé — ce qui soulève des inquiétudes au sein du gouvernement quant aux possibles

La situation actuelle en Côte d’Ivoire est complexe et évolutive. Le dialogue entre Alassane Ouattara et Tidjane Thiam pourrait représenter une opportunité historique pour le pays. Les prochaines étapes seront cruciales pour déterminer si cette dynamique positive pourra se concrétiser ou si les divisions persistantes continueront à entraver le progrès national.

La préparation de l’élection présidentielle ivoirienne de 2025 est marquée par des manœuvres politiques complexes, des tensions internes et des interventions internationales. Alassane Ouattara et Tidjane Thiam incarnent deux visions concurrentes de l’avenir de la Côte d’Ivoire, mais leur incapacité à dialoguer ouvertement risque de fragiliser la démocratie ivoirienne. La résolution de ces tensions passera par une inclusivité politique accrue et un dialogue national constructif, essentiels pour garantir des élections libres, transparentes et apaisées.