APRNEWS: Pourquoi HSBC envisage son retrait de l’Afrique du Sud

APRNEWS: Pourquoi HSBC envisage son retrait de l’Afrique du Sud

Le prêteur britannique a des racines en Asie et s’est engagé à simplifier sa structure mondiale, dans un contexte de retrait général de l’Europe du secteur bancaire africain.

HSBC envisagerait de vendre ses activités en Afrique du Sud, la banque d’investissement mondiale continuant à réduire son exposition à l’Afrique afin de se concentrer sur ses principaux marchés cibles en Asie.

On ne sait pas encore quelle banque achètera l’unité d’affaires et de titres de HSBC en Afrique du Sud, mais il a été largement rapporté que plusieurs institutions financières de Chine et des Émirats arabes unis (EAU) sont intéressées par une acquisition. FirstRand, la plus grande banque d’Afrique en termes de capitalisation boursière, est également intéressée par un accord sur les activités de HSBC en Afrique du Sud.

Jamie Dimon, le PDG de la plus grande banque américaine, JPMorgan Chase, effectue en ce mois d’octobre sa première visite en Afrique depuis environ sept ans. Il doit se rendre au Kenya, au Nigeria, en Afrique du Sud et en Côte d’Ivoire.

Cette démarche s’explique sans doute en partie par le fait que HSBC s’est engagée depuis un certain temps à « pivoter » vers l’Asie. L’ex Hong Kong & Shangaï Bank a des racines historiques profondes en Asie et son nouveau PDG, Georges Elhedery, s’est engagé à simplifier la structure mondiale de la banque dans le but de réduire les coûts et de maintenir une attention particulière sur les marchés cibles d’Extrême-Orient.

Georges Elhedery
Georges Elhedery

À cette fin, en juillet, HSBC a conclu un accord avec Absa pour que la banque sud-africaine acquière les activités de gestion de patrimoine et de services bancaires aux particuliers et aux entreprises de HSBC à l’île Maurice. HSBC a également vendu des activités internationales non africaines. En 2023, la banque a accepté de vendre ses activités canadiennes à la Royal Bank of Canada pour 9,8 milliards de dollars et, en 2021, HSBC s’est retirée du marché américain de la banque de détail. En revanche, en août 224, HSBC a accepté de racheter l’activité de gestion de patrimoine de détail de Citigroup en Chine continentale.

M’khuzo Mwachande, banquier d’affaires au Cap, explique à African Business que l’« Asie représente près de 70 % des bénéfices du groupe HSBC, ce qui fait que le conseil d’administration doit impérativement donner la priorité à cette région ».

Cependant, il ajoute que « la décision de HSBC de se retirer de l’Afrique du Sud soulève des questions quant à savoir si cette décision est spécifique à HSBC ou si elle est révélatrice de tendances plus larges dans l’approche du secteur bancaire britannique à l’égard de l’Afrique ».

 

Les prêteurs européens se retirent

Si la décision de HSBC de réduire son exposition à l’Afrique est conforme à sa vision centrée sur l’Asie, la vente intervient à un moment où d’autres banques britanniques et européennes se séparent également de leurs activités africaines.

En août 2023, la londonienne Barclays a annoncé qu’elle avait vendu sa participation restante de 7,4 % dans Absa, marquant ainsi la fin d’une présence de près d’un siècle sur le continent. En 2021, le conglomérat britannique Atlas Mara s’est retiré du continent après avoir constaté que « la volatilité des devises et l’assèchement des liquidités sur les marchés africains ont eu un impact négatif sur ses activités ».

Des banques françaises, dont la Société Générale et BNP Paribas, ont pris des mesures similaires pour se retirer du marché africain, ces dernières années.

Cela s’explique en partie par la charge réglementaire de plus en plus lourde à laquelle les banques britanniques et européennes sont confrontées dans leur pays, ce qui rend de plus en plus difficile pour les banques d’investir dans des marchés à plus haut risque comme l’Afrique. Selon M’khuzo Mwachande, « le retrait de HSBC de l’Afrique du Sud peut être attribué à des décisions stratégiques internes, mais il est également influencé par une surveillance réglementaire accrue ».

En effet, les régulateurs internationaux obligent de plus en plus les institutions financières à renforcer leurs réserves de capital, réduisant ainsi le montant des fonds qu’elles peuvent investir dans les marchés émergents. À la suite de la crise financière mondiale de 2008, la Banque des règlements internationaux a commencé à travailler sur les réformes de Bâle III qui visent à améliorer la réglementation, la supervision et la gestion des risques dans le secteur bancaire mondial.

En vertu des règles de Bâle III, les banques devront renforcer leurs réserves de capital afin d’être mieux à même de faire face à d’éventuels chocs ou crises à l’avenir ; 2,5 % du total de leurs actifs pondérés en fonction des risques et 4,5 % supplémentaires des avoirs bancaires liquides devront être détenus en tant que réserves de capital.

 

JP Morgan Chase à contre-courant

« La Financial Conduct Authority du Royaume-Uni a également mis l’accent sur les mesures prudentielles bancaires et de lutte contre le blanchiment d’argent », explique M’khuzo Mwachande. Pour rationaliser les opérations, améliorer la conformité réglementaire et se concentrer sur les marchés principaux en Europe, en Asie et aux États-Unis, les banques comme HSBC se retirent des régions périphériques telles que l’Afrique.

Si les régulateurs considèrent qu’il s’agit d’une mesure nécessaire pour protéger le secteur bancaire mondial d’un krachfinancier du type de celui de 2008, cette évolution soulève néanmoins la question de savoir si les banques britanniques et européennes ne passent pas à côté d’opportunités en Afrique en raison d’obligations réglementaires et d’autres impératifs.

Tout savoir sur JP Morgan : process de recrutement, salaires, évolution de  carrièreM’khuzo Mwachande note que dans le cas de l’Afrique du Sud, « malgré des conditions commerciales difficiles, le secteur bancaire du pays affiche des fondamentaux solides ». Les bénéfices de croissance ont augmenté de 13,8 % pour atteindre le chiffre record de 113 milliards de rands (6,5 milliards $) en 2023. Le rendement des capitaux propres pour l’exercice 2023 était de 17,6 %, avec une marge d’intérêt nette en hausse de 6,51 % au cours de l’exercice 2023.

Parmi les autres tendances positives à court terme dans le secteur bancaire africain, citons le fait que la tendance est à la baisse des taux. Voilà qui devrait encourager un plus grand appétit pour le risque chez les négociants et les investisseurs mondiaux, ce qui entraînera une augmentation des flux de capitaux vers l’Afrique et des niveaux potentiellement élevés d’émission de titres de créance.

À plus long terme, M’khuzo Mwachande souligne également qu’« il existe des opportunités significatives pour les banques mondiales en matière de financement durable et de traitement de l’important déficit d’infrastructures, qui nécessite environ 170 milliards $ et augmente chaque année de 50 milliards $».

Durant ce mois d’octobre, Jamie Dimon, le PDG de la plus grande banque américaine, JPMorgan Chase, devrait effectuer sa première visite en Afrique depuis environ sept ans. Il doit se rendre au Kenya, au Nigeria, en Afrique du Sud et en Côte d’Ivoire. Les responsables de la banque décrivent l’Afrique comme une « formidable opportunité de croissance ».

 

La lumière au bout du tunnel

JPMorgan a également augmenté sa participation dans Capitec, la plus grande banque de détail d’Afrique du Sud, et est maintenant l’un des plus grands actionnaires individuels du prêteur.

M’khuzo Mwachande relate : « Nous avons vu des sociétés comme JPMorgan prendre des participations supplémentaires dans Capitec, par exemple, et qu’elles détiennent maintenant 8,37 % du groupe. » Capitec a connu une croissance dans ses rapports et prévoit maintenant de s’étendre à l’international. Cela montre qu’avec le savoir-faire local, il existe une proposition de services financiers dans la région.

« Ce n’est pas l’obscurité totale – il y a de la lumière au bout du tunnel – mais les parties prenantes africaines doivent collectivement allumer la lumière par le biais d’une réglementation stable et de décisions politiques », ajoute notre banquier sud-africain. « Des risques subsistent, bien sûr, mais les arguments en faveur de l’investissement en Afrique restent solides. »

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