APRNEWS: La Francophonie accueille de nouveaux membres
Une déclaration pour la paix en RD Congo et en faveur des processus démocratiques au Sahel ; tels sont les temps forts du 19e Sommet de la Francophonie, riche de 93 membres.
Organisé en France pour la première fois depuis 33 ans, le Sommet de la Francophonie, qui s’est achevé le 6 octobre 2024, a été plutôt discret, compte tenu de l’actualité internationale.
L’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) passe de 88 à 93 membres. L’Angola obtient le statut d’« observateur » tandis que le Ghana devient membre à part entière.
Emmanuel Macron a aussi appelé à « bâtir un ordre numérique protégeant les citoyens », pour « mieux lutter contre la désinformation, la propagation de la haine en ligne, les discours de haine, racistes, antisémites ».
Du côté des déclarations, on retiendra un appel à la paix à l’est de la RD Congo, ainsi que la condamnation des groupes armés qui opèrent dans cette région ainsi que le soutien apporté par des pays extérieurs à ces groupes. Les dirigeants des pays membres demandent le retrait du Congo de toutes les troupes non soutenues par le gouvernement de Kinshasa. Sans surprise, le Rwanda a émis des réserves sur cette résolution.
Déclaration publiée à la suite de la réunion des dirigeants – chefs d’État et de gouvernement –, boudée par le président de la RD Congo. Selon les médias congolais, Félix Tshisekedi aurait été vexé que le président français ne mentionne ni son nom ni celui de son pays dans son allocution d’ouverture.
Dans leur déclaration finale, dite l’« appel de Villers-Cotterêts » les dirigeants de la Francophonie condamnent également « tous les crimes de guerre et autres violations du droit international dans le cadre du conflit à Gaza, les attaques meurtrières contre les civils et toute incitation à la violence ». Cette déclaration insiste sur la propagation des fausses nouvelles et invite l’OIF à se montrer plus active sur cette question. Les pays membres invitent les grands acteurs du numérique à « bâtir un espace plus sûr et plus divers et à lutter contre tous ces discours de haine ».
Les dirigeants appellent également à œuvrer contre la catastrophe humanitaire au Soudan. Ils « déplorent » la dégradation de la situation sécuritaire au Burkina Faso, au Mali et au Niger – pays suspendus de l’OIF –, constatant l’absence de progrès tangibles dans le retour à l’ordre constitutionnel. L’OIF « réitère » sa disponibilité pour engager ces pays dans cette voie.
Tout comme elle œuvre dans le même sens au Gabon, pour lequel les dirigeants de la Francophonie ont regretté la rupture de l’ordre constitutionnel mais ont pris acte des efforts accomplis pour garantir la continuité des services publics et des institutions, ainsi que du dialogue national en cours. Ils encouragent également le Tchad à poursuivre ses efforts en faveur du retour à l’ordre constitutionnel. En revanche, les dirigeants se montrent « très préoccupés » de la situation en Haïti.
Emploi des jeunes
De son côté, le président français, Emmanuel Macron, a considéré, dans son discours d’ouverture du Sommet, que la francophonie était un « espace d’influence » et a plaidé pour que ses membres portent « ensemble une diplomatie » qui défende partout la « souveraineté et l’intégrité territoriale », « sans doubles standards », évoquant aussi bien l’Ukraine que le Liban. La francophonie est « un lieu où nous pouvons ensemble porter une diplomatie qui défend la souveraineté et l’intégrité territoriale partout à travers la planète ».
Le chef de l’État – qui a surpris ce week-end en demandant l’arrêt de fourniture d’armes offensives à Israël –, considère qu’« il ne pourra y avoir de paix au Proche-Orient sans solution à deux États ».
De son côté, l’OIF retient aussi du sommet la place accordée à la question de l’emploi des jeunes au centre des discussions, « avec la volonté de créer des solutions concrètes tant au sein de l’OIF que dans les États membres pour offrir à la jeunesse des opportunités d’insertion professionnelle en langue française ».
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Encadré
Un prix de l’innovation dans les médias
Trois lauréats ont été révélés par le prix francophone de l’innovation dans les médias, distribué par l’OIF, France Médias Monde et Reporters sans frontières.
Le premier prix, d’un montant de 15 000 euros, a été décerné à Balobaki Check. La plateforme (RD Congo) de lutte contre les désordres de l’information, Balobaki Check est née en 2022 et s’est spécialisée dans la vérification des faits. En 2023, année électorale, le média a déployé lettres d’informations faisant la chasse aux infox à partir des principaux foyers de désinformation.
Le deuxième prix, d’un montant de 10 000 euros, a été décerné à Un Point Cinq – Le Média de l’action climatique (Québec).
Et le troisième prix, d’un montant de 5 000 euros, a été décerné à la publication InfoElles, la plateforme de promotion des femmes et de leurs droits au Sénégal. Le média valorise les parcours de femmes au sein de secteurs encore majoritairement composés d’hommes et s’attarde tout particulièrement sur la place des femmes dans le monde des médias. InfoElles propose une initiation au journalisme sensible au genre ainsi que la promotion d’initiatives locales valorisant les femmes actives dans les médias et tout autre secteur de la vie active (politique, économique, social).