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APRNEWS: Sénégal, présidentielle, victoire d'un novice Diomaye Faye - Conséquences d'une ahurissante tyrannie

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Le machiavélisme outrancier du président Macky Sall, sa répression féroce de l'opposition (morts, torture, arrestations, incarcérations arbitraires), la manipulation des institutions,  l'instrumentalisation des forces de défense et de sécurité, les parodies de procès, ont ravivé la fierté d'un peuple ouvert et sûr, viscéralement attaché à la liberté. Ironie cruelle de l'histoire, le principal opposant Ousmane Sonko, humilié (mais solide avec un moral d'acier) l'a obligé malgré lui à le sortir de prison en raison d'un incroyable ralliement populaire. Un opposant qui sort donc de prison, amnistié mais empêché de candidature, charismatique à souhait, fait élire son dauphin en orchestrant de bout en bout sa campagne électorale. Qu'on ne s'y trompe pas, le véritable vainqueur c'est Ousmane Sonko, leader d'un parti dissous, le Pastef, qui propulse au palais présidentiel un collègue et complice politique pour remplacer un président qui lui vouait une haine tenace sinon une implacable adversité qui frise la paranoïa. Après un premier mandat réussi et prometteur, le président sortant Macky en a accompli un funeste second qui a mis à terre l'État de droit, discrédité la justice, humilié 

l'opposition, après avoir fait passer la magistrature par les fourches caudines. Un jeune juge a sonné le tocsin en disant non, suivi par de vieux magistrats qui se sont ressaisis au dernier moment pour dresser la barrière de la vérité et de la légalité devant un machiavélisme qui se croyait tout permis. Et hélas le résultat est affligeant : Macky Sall est obligé de quitter le pouvoir à  la fin de son deuxième mandat sous le désaveu d'un peuple qui l'a tant aimé  à ses débuts et qu'il a blessé et déçu pour lui signifier au dernier moment qu'il n'a pas à s'excuser ni à regretter tant de souffrances. Attitude odieuse qui a sûrement accentué l'écrasante défaite de son dauphin Amadou Bâ mais aussi cristallisé autour de cette victime expiatoire, le tsunami du mécontentement jusqu'aux caciques du parti présidentiel. Diomaye va entrer au palais avec une première leçon à apprendre : respecter son peuple et l'État de droit, éviter toute régression démocratique et s'atteler à une bonne gouvernance de réconciliation nationale. 

Serigne Ibra Ndiaye 
inspecteur de l'éducation à la retraite 
Imam à Fatick