Catherine Glon, bâtonnière du barreau de Rennes pour 2023-2024, rend hommage au juge Renaud Van Ruymbeke, décédé vendredi 10 mai, à l’âge de 71 ans.
Elle salue un homme « convaincu, attentif, drôle, très attentif à l’autre ». L’avocate Catherine Glon, porte-parole des avocats du barreau de Rennes, réagit à l’annonce du décès du juge Renaud Van Ruymbeke, qui vient de mourrir à 71 ans des suites d'un cancer .
Après Bordeaux, l’ancien juge d’instruction avait rejoint la Bretagne, en 1988. Il fut conseiller à la cour d’appel de Rennes, puis à la chambre d’accusation, trois années plus tard. L’avocate l’a côtoyé alors que le magistrat conduisait l’enquête politico-financière dans l’affaire Urba, sur le financement occulte du Parti socialiste.
« Il ne cédait rien »
« Il avait une distance à l’égard des êtres et des choses qui le conduisait à penser juste et à accepter la contradiction, reconnaît Me Glon, avec estime. Comme juge, il est devenu un modèle une référence d’intégrité et d’indépendance. »
Cette indépendance, qu’il se plaisait à revendiquer, était « parfois mal vécue par sa propre institution qui ne l’a pas toujours soutenu pour le moins, les avocats et ses collègues rennais en étaient le témoin quotidien », rappelle l’avocate. « Il ne cédait rien lorsqu’il s’agissait des valeurs qui l’animaient et qui n’ont rien à voir avec des convictions de « gauche « dont parlait la droite lorsqu’il s’agissait de le discréditer et réciproquement pour la droite. »
« La foi du Palais »
Le nom du juge Van Ruymbeke est accolé à l’instruction d’autres affaires politico-financières, parmi les plus sensibles de ces dernières décennies : Boulin, Elf, les frégates de Taïwan, Clearstream, Kerviel, Cahuzac…
Devenue une figure de la lutte contre la corruption, il fut, pour Catherine Glon, « l’un des derniers avec qui je savais sans aucun doute, aucune réticence, que nous partagions et que nous nommions la foi du Palais. Savoir s’écouter et se respecter chacun à sa place ».
La bâtonnière échangeait, la semaine dernière, sur une intervention, ensemble, dans un collège des Côtes-d’Armor. Le rendez-vous était programmé dans quelques jours. « Avec moi, Le barreau dit son émoi et son émotion à perdre un très grand juge et un homme d’honneur. »
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