APRNEWS - Ce lundi 25 mars, un jour seulement après le scrutin présidentiel au Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye souffle ses 44 bougies avec la toge de président de la République. Le natif de Ndiaganio ( département de Mbour à 70 km de Dakar) élargi de prison le 15 mars courant en pleine campagne électorale, se voit propulsé à la tête de l'Etat à la faveur d'un succès éclatant dès le premier tour du scrutin.

Candidat de substitution du parti dissous Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité ( Pastef) privé de la participation son leader charismatique Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Diakhar Faye devient le 5ème président du Sénégal.

Alors que les résultats officiels ne sont pas encore tombés, des "tendances lourdes" dessinent la victoire au premier tour du candidat de la coalition "Diomaye Président" qui a déjà reçu les félicitations du président sortant Macky Sall, de son adversaire direct Amadou Ba, de son homologue gambien Adama Barrow et du président français Emmanuel Macron.

- Le président des « toutes les premières »

C'est une première qu’une élection se tienne sans le président sortant, une première que le processus soit interrompu à la veille de la campagne électorale, une première pour un report… Cette présidentielle est celle des ‘’premières’’ pour un scrutin prévu initialement le 25 février, mais qui n'a eu lieu finalement qu'un mois après, le 24 mars.

L’amorce avec des premières dans l’histoire politique a accouché d’autres inédits avec l’élection de Bassirou Diomaye Faye dit BDF. Première victoire au 1er tour d’un président entrant, premier président âgé de moins de 45 ans, premier président polygame (deux épouses).

Enfin, le projet porté par Faye prône une rupture totale avec ce qui se faisait depuis l’indépendance en 1960 par les divers présidents qui se sont succédés.

Après un cursus scolaire dans son département sanctionné par un baccalauréat en 2000, Bassirou Diomaye arrive à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour des études en droit. Il décroche la maîtrise en 2004.

Il est sorti de l'École nationale de l’administration (Ena) en 2007 et travaille comme inspecteur à la direction générale des impôts et domaine (Dgid).

Son entrée à ce service de la haute administration l’a mis en contact avec Ousmane Sonko qui occupait le poste de leader du syndicat des travailleurs de la Dgid.

« J’ai donné à un de mes fils le nom de Ousmane Sonko, du fait qu’il est un grand frère et ami, mais aussi de par ses qualités humaines et sa grande volonté à vouloir servir le pays », témoignait BDF lors du point de presse conjoint avec Sonko, au lendemain de leur libération de prison.

- « Un homme intègre »

« Il a une grande qualité d’écoute et est très rigoureux. Il a toutes les qualités pour diriger le pays et en plus c’est un homme intègre », lui rendait son mentor Sonko lors de la rencontre.

Occupant respectivement les postes de président du parti et de secrétaire général, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye partagent plusieurs points en commun au-delà des impôts et domaines d’où Sonko a été radié pour « manque au devoir de réserve » en 2016.

Ils sont pour une rupture totale avec les méthodes en cours et axent leurs actions sur la bonne gouvernance, la redevabilité et la transparence dans la gestion. Ainsi, BDF s’est livré à une déclaration de son patrimoine, arguant que ceci était une obligation pour tout candidat aspirant à diriger le pays.

« Bassirou est un esprit brillant, très discret, froid dans l’analyse, cohérent dans les idées et sait exactement dans chaque situation donnée comment maîtriser ses sentiments », renseigne sa biographie faite dans les supports de la coalition Diomaye président.

La biographie le dépeint aussi comme une personne qui « s’oppose farouchement lorsqu’il n’est pas d’accord avec une idée ou une approche, mais aussi qui se range avec fidélité et loyauté lorsqu’une décision est prise, fût-elle en contradiction avec la sienne ».

- Une rupture

Son incarcération à partir d’avril 2023 et ayant duré 11 mois découle d’un post sur Facebook qu’il avait fait pour dénoncer une « cabale » contre Sonko. Le procureur avait jugé les paroles envers les magistrats outrageants et demandé son arrestation.

Moins d’un an après cette mésaventure, BDF arrive à la tête de l’Etat pour les cinq prochaines années.

Un magistère que le porteur promet comme étant celui de la rupture totale et d’un renouveau pour le Sénégal. 

Le Pastef, depuis sa création en 2014 s’était donné comme ambition de conquérir le pouvoir pour dérouler son projet de souveraineté. Une rupture donc par rapport au mode de gouvernance en cours depuis 1960 avec quatre présidents de la République : Léopold Senghor (1960-1980), Abdou Diouf arrivé au pouvoir à 46 ans (1981- 2000), Abdoulaye Wade (2000- 2012) et Macky Sall devenu président à 51 ans (2012- 2024).

La passation de pouvoir aura lieu le 2 avril.