APRNEWS: Les performances du président Alassane Ouattara – Bilan ambivalent ?
Depuis son accession à la présidence de la Côte d'Ivoire en 2011, Alassane Ouattara a cherché à transformer le paysage économique et politique du pays. Son mandat a été marqué par des réformes audacieuses, des succès économiques notables, mais aussi par des défis significatifs qui continuent de peser sur sa gouvernance.
Croissance Économique et Réformes Structurelles
Sous la présidence d’Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire a connu une des croissances économiques les plus rapides d’Afrique. Le pays a enregistré des taux de croissance du PIB avoisinant 8% par an dans les premières années de son mandat, atteignant un pic de 9,5% en 2012. En 2019, avant la pandémie, la croissance du PIB se situait encore autour de 6,2%. Ces performances remarquables ont permis d’attirer des investissements étrangers directs (IED) significatifs, qui ont atteint environ 1,3 milliard de dollars en 2019. Les réformes structurelles mises en place, notamment dans les secteurs de l’agriculture, des infrastructures et des services, ont contribué à diversifier l’économie et à améliorer les conditions de vie de nombreux Ivoiriens.
Progrès dans les infrastructures
Le gouvernement Ouattara a investi massivement dans les infrastructures, avec un budget d’environ 1,4 milliard de dollars alloué chaque année à la construction de routes, de ponts et d’aéroports. La construction du nouveau terminal de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny, ainsi que la réhabilitation de routes stratégiques, ont facilité le commerce et l’intégration régionale. Le projet de développement des infrastructures a également été soutenu par des partenariats public-privé, ce qui a permis d’accélérer la mise en œuvre de projets essentiels pour le développement économique du pays.
Défis sociaux et politiques
Cependant, malgré ces réalisations économiques, le bilan d’Alassane Ouattara n’est pas exempt de critiques.
Environ 40% de la population vit encore en dessous du seuil de pauvreté, et les disparités régionales sont marquées, avec des taux de pauvreté atteignant jusqu’à 66% dans certaines régions rurales. De plus, des tensions politiques persistantes, exacerbées par les dernières élections présidentielles de 2020, ont soulevé des questions sur la stabilité démocratique et la réconciliation nationale. Les violences électorales et les revendications d’opposition mettent en lumière des fractures profondes au sein de la société ivoirienne.
Mauvais passage de la Côte d’Ivoire sur la liste grise du GAFI
Un aspect marquant du mandat d’Ouattara est le passage de la Côte d’Ivoire sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) en 2024, un premier depuis l’indépendance du pays. Cette mauvaise inscription symbolise des défis majeurs en matière de gouvernance et de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Les implications de cette situation sont conséquentes, car elle pourrait affecter l’image du pays sur la scène internationale et freiner les investissements, ajoutant ainsi une pression supplémentaire sur le gouvernement pour améliorer ses pratiques de transparence et de gestion.
Réponses aux crises sanitaires et environnementales
La pandémie de COVID-19 a également mis à l’épreuve le leadership d’Ouattara. En 2020, le PIB a connu une contraction de 2% en raison des impacts de la crise sanitaire. Le gouvernement a pu déployer un plan d’urgence d’environ 300 millions de dollars pour soutenir les secteurs touchés par la crise, mais la réponse et l’efficacité des mesures sanitaires ont été critiquées par certains groupes qui estiment que des mesures plus audacieuses auraient pu être prises.
De plus, la Côte d’Ivoire, comme de nombreux pays, fait face à des défis environnementaux croissants, notamment la déforestation, qui a atteint des taux alarmants de 2,5% par an, et le changement climatique. La gestion de ces problèmes nécessitera une attention soutenue et des actions concrètes pour garantir un développement durable.
Le bilan d’Alassane Ouattara est donc complexe. Ses réussites économiques et son développement infrastructurel sont indéniables, mais les défis sociaux et politiques à surmonter demeurent cruciaux pour l’avenir de la Côte d’Ivoire. Le passage récent sur la liste grise du GAFI souligne la nécessité d’une gouvernance plus transparente et efficace.
La manière dont il abordera ces enjeux déterminera non seulement son héritage, mais également le sort du pays dans les années à venir.
Il reste le meilleur cheval pour son parti le RHDP
La Rédac’