
APRNEWS: Exclusion de Gbagbo – L’ONU envoie un émissaire à Abidjan pour en en discuter
Le retrait de Laurent Gbagbo des listes électorales pour l'élection présidentielle ivoirienne de 2025 a suscité une réaction internationale, soulevant des questions cruciales. Sa condamnation in absentia en Côte d'Ivoire et son acquittement par la CPI en 2021 créent une ambiguïté juridique, alimentant des accusations de manœuvres antidémocratiques. Un émissaire spécial de l'ONU, probablement un haut diplomate africain, est chargé de prévenir une escalade violente, faciliter le dialogue entre le gouvernement et l'opposition, et garantir des élections crédibles pour éviter un boycott. Les risques potentiels incluent une radicalisation de l'opposition, des sanctions internationales, et des répercussions régionales. Différents scénarios se dessinent, allant d'un compromis sous pression onusienne à une répression, soulignant l'urgence d'éviter une nouvelle crise en Côte d'Ivoire.
Le déploiement d’un émissaire de l’ONU à Abidjan suite au retrait de Laurent Gbagbo des listes électorales pour la présidentielle ivoirienne de 2025 a suscité une réaction internationale. Cette décision soulève diverses questions et implications cruciales.
Koné Katinan Justin est aux États-Unis depuis le mardi 8 avril 2025 afin de solliciter l’intervention de l’ONU dans le processus électoral en Côte d’Ivoire. Au siège des Nations-Unies à New York où il a été accueilli par Mme Nathalie Ndongo-Seh Kane, directrice de la division Afrique de l’Ouest, responsable des Affaires Politiques et de la consolidation de la paix. Lors de sa rencontre, le président du CSP a pu discuter de la situation socio-politique en Côte-d’Ivoire, caractérisée par l’exclusion de Laurent Gbagbo et d’autres de la liste électorale.
La controverse entourant le retrait de Gbagbo s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, son statut légal est ambigu : acquitté par la Cour pénale internationale en 2021, il reste néanmoins condamné in absentia en Côte d’Ivoire à 20 ans de prison pour « détournement de fonds » en 2018. Cette condamnation, perçue comme politiquement motivée par ses partisans, justifie juridiquement son exclusion, mais nourrit également des accusations de manœuvres antidémocratiques. De plus, en tant que figure historique de l’opposition, Gbagbo incarne la résistance au pouvoir du RHDP et symbolise les fractures issues de la crise post-électorale de 2010-2011 qui a causé la mort de 3 000 personnes.
L’émissaire spécial désigné par l’ONU, probablement un haut diplomate se verrai confier un mandat crucial. Il devra empêcher une escalade alors que les partisans de Gbagbo envisagent de manifester en masse, se remémorant les manifestations antérieures. De plus, il devra promouvoir le dialogue entre le gouvernement ivoirien et les opposants pour les intégrer dans le processus électoral et assurer des élections crédibles afin d’éviter tout boycottage qui pourrait mettre en péril la légitimité du vote.
Les arguments avancés par le pouvoir ivoirien pour justifier l’exclusion de Gbagbo reposent sur l’article 65 du Code électoral interdisant à toute personne condamnée à une peine de prison ferme de se présenter ainsi que sur la nécessité présumée de maintenir la stabilité nationale pour prévenir toute résurgence des tensions ethniques potentiellement déstabilisatrices.
Une crise en Côte d’Ivoire pourrait avoir des répercussions régionales étant donné son importance économique au sein de l’UEMOA déjà fragilisée par diverses crises.
Un compromis sous pression onusienne pourrait permettre une révision judiciaire exceptionnelle facilitant l’inscription de Gbagbo sur les listes électorales mais comporterait le risque d’une polarisation accrue. À l’inverse, un maintien ferme dans l’exclusion suivie d’une répression pourrait affaiblir la légitimité du vainqueur et engendrer des tensions persistantes. Un report des élections sous pression internationale pourrait tempérer les tensions immédiates mais ne garantit pas une résolution durable du conflit.
Mme Ndongo-Seh a insisté sur l’objectivité de l’ONU et a transmis un message aux dirigeants ivoiriens, les encourageant à favoriser la paix et à renforcer le processus de réconciliation. Elle s’est engagée à leur transmettre ce message. Un envoyé spécial, M. Chimao, est prévu pour se rendre en Côte d’Ivoire la semaine prochaine, et elle a suggéré à la délégation du PPA-CI de le contacter. Elle a recommandé d’éviter la violence et d’utiliser tous les recours légaux pour rétablir la justice.
Le déploiement d’un émissaire onusien souligne donc l’urgence d’éviter une nouvelle crise en Côte d’Ivoire