APRNEWS: « L’impact du Covid sur la santé mentale n’est pas derrière nous »

Cinq ans après le début du Covid : un appel à la prise en compte des troubles mentaux

Cinq ans se sont écoulés depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19, une crise sanitaire sans précédent qui a bouleversé le monde entier. Alors que les virologues, épidémiologistes et médecins continuent d’analyser les conséquences biologiques et sanitaires du virus, une autre réalité émerge timidement : l’impact psychologique et social de cette crise sur la population. Olivier Luminet, professeur de psychologie de la santé à l’UCLouvain, met en lumière ce phénomène préoccupant.

Dans une récente déclaration, Luminet souligne que les troubles liés à la santé mentale n’ont pas reçu l’attention qu’ils méritent dans le discours public. Les experts en psychologie et sciences humaines semblent rester dans l’ombre alors que les effets dévastateurs du Covid sur notre bien-être mental sont indéniables. « L’impact du Covid sur la santé mentale est pourtant bel et bien là », affirme-t-il.

Une perte de sociabilité

Un des aspects majeurs abordés par Luminet est la perte de sociabilité qui a résulté du télétravail généralisé. Ce mode de travail, bien qu’efficace pour maintenir certaines activités professionnelles, a également engendré un isolement social significatif. Les interactions informelles avec des collègues, souvent perçues comme essentielles pour créer un environnement de travail positif et stimulant, ont disparu pour beaucoup. Cette absence d’échanges quotidiens contribue à un sentiment d’aliénation chez certains individus.

« Le télétravail fait perdre la valeur ajoutée du travail en équipe et des collègues », explique Luminet. La convivialité des pauses café ou des discussions impromptues dans les couloirs est remplacée par des échanges virtuels souvent plus froids et moins engageants. Ce changement radical dans nos habitudes sociales entraîne une diminution générale du bien-être émotionnel.

Un repli sur soi

L’expert note également une tendance inquiétante : « On remarque que de moins en moins de personnes s’impliquent dans des activités sociales ». Le repli sur soi devient une réalité tangible pour beaucoup, entraînant un bouleversement sociétal dont les conséquences pourraient perdurer au-delà de la pandémie elle-même.

Cette situation soulève plusieurs questions quant à notre capacité collective à reconstruire nos vies sociales post-Covid. Comment retrouver le goût des interactions humaines ? Quelles initiatives peuvent être mises en place pour encourager les gens à renouer avec leurs communautés ?

Un besoin urgent d’attention

Luminet plaide donc pour une reconnaissance accrue des enjeux liés à la santé mentale dans le débat public autour du Covid-19. Les gouvernements et organismes de santé doivent intégrer ces problématiques dans leurs stratégies post-pandémie afin d’assurer non seulement la santé physique mais aussi celle psychologique des citoyens.

Il est crucial que les psychologues et autres professionnels spécialisés soient impliqués dans les discussions concernant le rétablissement après cette crise sanitaire. Leur expertise peut aider à développer des programmes adaptés visant à renforcer le tissu social fragilisé par plusieurs mois d’isolement.

Cinq ans après le début de cette crise mondiale, il est impératif d’élargir notre compréhension des conséquences du Covid-19 au-delà des seuls aspects médicaux. La voix d’experts comme Olivier Luminet doit être entendue afin que nous puissions aborder efficacement les défis mentaux posés par cette pandémie sans précédent. La résilience sociale dépendra largement de notre capacité collective à reconnaître ces enjeux et à agir en conséquence pour favoriser un retour vers une vie sociale épanouissante et inclusive.