APRNEWS: Les scandales de corruption en Côte d’Ivoire
La corruption est un fléau qui sévit dans de nombreux pays à travers le monde, et la Côte d'Ivoire ne fait malheureusement pas exception. En particulier, la corruption au sommet de l'État est un problème majeur qui sape la démocratie, l'économie et la confiance des citoyens. Dans cet article, nous allons explorer la situation de la corruption en Côte d'Ivoire, en mettant en lumière les statistiques alarmantes, l'ajout récent du pays à la liste grise du GAFI (Groupe d'action financière) ainsi que les causes et les conséquences de ce phénomène dévastateur.
Malgré l’amélioration sans cesse rappelée par le pouvoir ivoirien de nombreux indicateurs et indices, la Côte d’Ivoire n’a pas tourné la page de la décennie 2000. Nécessaires après l’apathie politique de la « crise ivoirienne », les réformes engagées par Alassane Ouattara n’ont finalement pas touché les principaux enjeux nationaux.
L’inégale répartition des richesses, une bombe à retardement
Forte d’un capital et de ressources humaines enviés en Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire reste paradoxalement un pays et une économie extravertis, dépendants des capitaux étrangers et de marchés internationaux comme de conjonctures qu’elle ne contrôle pas (cacao). Classée au 171e rang de l’Indice de développement humain (IDH) en 2015, la Côte d’Ivoire reste profondément inégalitaire, comme en témoigne l’indice de Gini qui évalue l’inégalité des revenus : avec un indice de 41,5 en 2015 (0 étant l’égalité parfaite), elle se retrouve peu ou prou au même stade qu’en 2002 (41,3). Inégalitaire en termes de revenus, elle l’est également dans les relations hommes-femmes et plus largement à l’échelle nationale : plus de la moitié de la population vit encore sous le seuil de pauvreté (500 FCFA, soit moins de 1 euro par jour). Pourtant, là encore, Alassane Ouattara est actif : couverture maladie universelle pour les plus démunis, hausse du salaire minimum, dégel des salaires des fonctionnaires, augmentation du revenu des cacaoculteurs, etc. Mais, semble-t-il, les efforts ne sont pas suffisants, d’autant plus que les promesses répétées à l’envi ne se traduisent pas toujours dans les territoires, urbains comme ruraux
Statistiques sur la corruption en Côte d’Ivoire
L’IDHI est calculé pour 152 pays. Pour en savoir plus, voir la Note technique no 2. L’IDH de la Côte d’Ivoire en 2019 est de 0.538.
Selon des rapports récents, la Côte d’Ivoire est confrontée à des niveaux alarmants de corruption, en particulier au sein de l’appareil gouvernemental. Des études indiquent que la corruption coûte chaque année des millions, voire des milliards de francs CFA à l’économie ivoirienne. Selon plusieurs ONG dont Transparency International, les pots-de-vin, les détournements de fonds publics et les abus de pouvoir sont monnaie courante parmi les hauts fonctionnaires et les politiciens en Côte d’Ivoire. Notons que la carte du monde évaluant l’indice de perception de la corruption, élaboré par Transparency International, en 2022. Un score haut (vert) indique un degré de perception de corruption bas. Un score bas (rouge) indique un haut degré de perception de corruption. L’indice de 2022 couvre 180 pays et territoires. Ou la Côte d’Ivoire a gagné 3 points
Selon les autorités administratives, les principales attitudes qui encouragent la corruption sont le manque de morale ou d’éthique des agents publics (21.7) et l’impunité des actes de corruption (19.0). Il faut aussi noter la recherche de gains facile (15.2) et les lenteurs administratives (14.5).
Ajout de la Côte d’Ivoire à la Liste Grise du GAFI
En raison de préoccupations croissantes concernant le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, la Côte d’Ivoire a récemment été ajoutée à la liste grise du GAFI. Cette décision a de graves répercussions sur l’économie ivoirienne, notamment en matière d’investissements étrangers et de relations commerciales internationales.
Qu’est-ce que la liste grise ?
Contexte du processus d’inscription sur la liste du GAFI. La liste grise identifie les pays qui présentent des lacunes stratégiques dans leur système de LBC/FT . À l’aide d’un plan d’action personnalisé, les pays figurant sur la liste grise sont évalués par un groupe d’experts et collaborent avec eux pour combler les lacunes de leur système.
Pour être retirés de ces listes, les pays doivent remédier aux lacunes stratégiques de leurs régimes de lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération.
Causes de la corruption au sommet de l’État
Les salaires bas des fonctionnaires et des agents publics peuvent pousser ces derniers à recourir à des actes de corruption pour subvenir à leurs besoins. Un manque de transparence et de reddition de comptes au sein du gouvernement crée un environnement propice à la corruption. L’impunité des hauts responsables corrompus contribue également à perpétuer ce phénomène.
Conséquences de la corruption
La corruption affaiblit les institutions démocratiques et mine la confiance des citoyens dans le gouvernement. Sur le plan économique, la corruption décourage les investissements étrangers, entrave la croissance et aggrave les inégalités sociales. Elle nuit au développement durable et équitable de la Côte d’Ivoire, en privant les citoyens des services publics essentiels et en favorisant l’enrichissement illicite de quelques-uns.
La corruption au sommet de l’État en Côte d’Ivoire est un problème grave qui nécessite une action urgente et concertée. Les statistiques alarmantes, l’ajout du pays à la liste grise du GAFI, ainsi que les causes et les conséquences de la corruption soulignent l’ampleur du défi auquel est confrontée la Côte d’Ivoire. Il est impératif que des mesures efficaces soient prises pour lutter contre ce fléau, renforcer la transparence et la reddition de comptes, et promouvoir une culture d’intégrité au sein du gouvernement et de la société dans son ensemble.
En plus d’affaiblir considérablement les institutions de l’Etat de droit, la corruption engendre de grandes disparités économiques, favorise la criminalité organisée, et le financement du terrorisme. Elle fragilise ainsi tant la sécurité que le développement politique, économique et social des Etats affectés
Des associations de lutte contre la corruption estiment que les mesures sont encore trop timides. La Côte d’Ivoire est classée 104e sur 180 pays sur l’indice de la perception de la corruption établi par Transparency International. Au moins 34% des usagers du service public indique avoir payé un pot-de-vin au cours des 12 derniers mois.
Des exemples de scandales de corruption en Côte d’Ivoire sous la gouvernance Ouattara
Depuis l’accession d’Alassane Ouattara à la présidence de la Côte d’Ivoire en 2010, le pays a connu une croissance économique significative. Cependant, cette période a également été marquée par plusieurs scandales de corruption qui ont terni l’image du gouvernement.
L’un des scandales les plus notables est celui lié à la gestion des ressources pétrolières et gazières. En 2018, une enquête a révélé que des milliards de francs CFA avaient été détournés dans le cadre de contrats d’exploitation, impliquant des hauts fonctionnaires et des entreprises privées. Selon un rapport de l’ONG Transparency International, la Côte d’Ivoire est classée parmi les pays les plus corrompus de la région, ce qui soulève des inquiétudes quant à la transparence des institutions publiques.
Un autre scandale majeur a concerné la gestion des fonds de la Banque nationale d’investissement (BNI). Des allégations de détournement de fonds ont été portées contre plusieurs membres du gouvernement, ce qui a conduit à des enquêtes judiciaires. Malgré cela, peu de responsables ont été sanctionnés, alimentant un sentiment d’impunité.
Enfin, les élections de 2020 ont également été entachées par des accusations de corruption, notamment en ce qui concerne le financement des campagnes électorales. La méfiance envers le système électoral a augmenté, exacerbée par des violences post-électorales.
Côte d’Ivoire : La justice française à l’affût d’un scandale
Selon Afrique Intelligence du 23 Décémbre 2024 Depuis plusieurs mois, les rouages de la justice française se mettent en branle, mettant en lumière un réseau de « corruption d’agents publics étrangers » et de « blanchiment » présumés, touchant des figures emblématiques de l’État ivoirien. Ce dossier, sensible et jusqu’alors sous le sceau du secret, implique notamment le magnat du bâtiment et des travaux publics, Hassan Dakhlallah, ainsi que plusieurs ministres de l’administration d’Alassane Ouattara.
Cette enquête suscite une inquiétude palpable au sein des cercles du pouvoir à Abidjan et parmi les élites économiques du pays. Conduite par un juge d’instruction du tribunal judiciaire de Nanterre, en région parisienne, elle cible quelques membres influents du cabinet présidentiel. Les investigations se focalisent sur Hassan Dakhlallah, PDG du groupe Porteo BTP, et examinent des transferts financiers en espèces d’une ampleur significative.
L’enquête, qui pourrait ébranler les fondations de l’État ivoirien, souligne la complexité des relations entre les affaires et la politique, révélant ainsi des enjeux majeurs pour la gouvernance en Côte d’Ivoire. Les prochaines révélations pourraient avoir des répercussions considérables sur le paysage politique et économique du pays.
Ces scandales soulignent les défis persistants en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption en Côte d’Ivoire, nécessitant des réformes urgentes pour restaurer la confiance du public.