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Angola : Isabel dos Santos envisage de briguer la présidence en Angola

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Depuis deux semaines, la fille de l’ex-président Jose Eduardo dos Santos nie sur tous les tons avoir pillé les caisses de l’Etat et dénonce le “procès politique” qui lui est fait par le successeur de son père, Joao Lourenço.

Dans un entretien à la radiotélévision portugaise publique RTP, celle que les Angolais appellent la “Princesse” est monté d’un ton mercredi soir en lâchant qu’elle envisageait de briguer la magistrature suprême de son pays en 2022.

“C’est possible”, a lâché sans autre détail Isabel dos Santos devant les caméras de la RTP. “Je ferai tout ce que j’aurai à faire pour défendre et servir (…) mon pays”.

Le mois dernier, un tribunal de Luanda a jeté un pavé dans la mare en ordonnant le gel des comptes bancaires et des actifs de Mme dos Santos dans ses entreprises angolaises (banques, téléphonie mobile, distribution…).

La justice la soupçonne d’avoir détourné, avec son époux le Congolais Sindika Dokolo, plus d’un milliard de dollars des comptes des entreprises publiques Sonangol (pétrole) et Endiama (diamants) pour nourrir ses propres affaires.

Celle qui est considérée par le magazine américain Forbes comme la femme la plus riche d’Afrique a d’abord souligné que les sanctions de la justice mettaient en péril ses 20.000 salariés angolais. Sans grand résultat.

Alors mercredi soir, sa défense a pris un tour plus politique.

“Il n’est pas possible d’utiliser de manière sélective la prétendue lutte contre la corruption pour neutraliser ceux que l’on pense être de futurs candidats politiques”, a-t-elle jugé.

Son père Jose Eduardo dos Santos a dirigé l’Angola d’une main de fer pendant trente-huit ans (1979-2017). Ses critiques lui reprochent d’avoir mis l‘économie du pays en coupe réglée au profit d’une poignée de proches.

Depuis qu’il lui a succédé en 2017, le président Joao Lourenço a écarté les proches de son prédécesseur des institutions, des entreprises publiques et de l’appareil sécuritaire du pays au nom de la lutte contre la corruption.

Au premier rang de cette charrette ont pris place Isabel dos Santos, qui dirigeait depuis un an la compagnie pétrolière nationale Sonangol, et son demi-frère Jose Filomeno dos Santos, qui présidait le fonds souverains du pays.

Ce dernier est jugé depuis décembre à Luanda pour détournements de fonds publics.

Le clan dos Santos dénonce depuis une vendetta familiale. Il souligne notamment que l’ancien vice-président du pays, Manuel Vicente, menacé d’un procès pour corruption au Portugal a vu ces poursuites abandonnées à la faveur d’un accord diplomatique signé par M. Lourenço…

“Si l’on veut lutter contre la corruption en Angola, il faut regarder là où elle est”, a lancé Mme dos Santos.

La justice portugaise a annoncé la semaine dernière l’ouverture d’une enquête sur la femme d’affaires, qui y détient des intérêts dans de nombreuses entreprises.

Dans une déclaration à l’AFP, Welwitschia dos Santos a soutenu sa demi-soeur Isabel en rappelant au président Lourenço qu’il n’avait été élu en 2017 que grâce au soutien de leur père.

“Joao Lourenço à le pouvoir mais Jose Eduardo dos Santos a plus d’autorité morale aux yeux des Angolais parce qu’il a fait la paix (après la guerre civile) et parce qu‘à son époque les Angolais mangeaient mieux”, a-t-elle insisté.

“Ses chances à court terme d’exercer un rôle politique sont négligeables mais elle a des moyens et peut se bâtir des soutiens avec le temps”, a observé à l’AFP Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House, “surtout si le président Lourenço ne réussit pas à réformer l‘économie”.

Plombé par la chute des prix de l’or noir en 2014, le second producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne est englué dans une grave crise économique.

Pourfendeur des turpitudes du régime dos Santos, le journaliste proche de l’opposition Rafael Marques a balayé l’hypothèse d’une candidature d’Isabel dos Santos d’un revers de main.

“Ne donnons pas d’importance à un commentaire destiné uniquement à détourner l’attention du pillage du pays”.