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Vladimir Poutine intime ses rivaux étrangers de ne pas franchir la "ligne rouge"

Vladimir Poutine intime ses rivaux étrangers de ne pas franchir la "ligne rouge" - Actualité - Russie
Mercredi, 21 avril 2021

Vladimir Poutine intime ses rivaux étrangers de ne pas franchir la "ligne rouge"

Que faut-il retenir du discours annuel de Vladimir Poutine ? Il y a ce que le président russe a dit, et il y a les sujets qu'il a soigneusement évités.

Après un an de crise du Covid-19, Vladimir Poutine a d'abord fait des promesses. Il s'est fixé l'objectif d'augmenter les revenus des Russes et a promis des aides aux familles avec enfants. Il vise aussi l'immunité collective à l'automne et a salué la "véritable percée scientifique" de son pays sur le plan des vaccins.

Si la Russie assure avoir géré l'épidémie de manière "plus efficace" que les pays européens et se vante des commandes internationales de Spoutnik V, les chiffres de la mortalité divergent fortement.

Les données gouvernementales faisaient état mercredi de 106 706 décès quand l'agence des statistiques Rosstat en avait recensé au moins 224 000 à fin février, ce qui place la Russie parmi les pays les plus touchés au monde.

Vladimir Poutine a également promis de lutter contre le réchauffement climatique. "Nous devons relever les défis du changement climatique" et "créer une industrie pour le recyclage des émissions de carbone", a-t-il assuré.

Pour les scientifiques, la Sibérie et l'Arctique comptent parmi les régions les plus exposées au changement climatique. Elles ont enregistré récemment des records de chaleur et de gigantesques incendies. Mais la Russie voit du positif au réchauffement climatique, comme le développement d'une route commerciale maritime dans l'Arctique reliant Europe et Asie.

"Ligne rouge"

Mais à quelques mois des législatives, le président russe a aussi tenté de flatter l'égo patriotique de l'opinion publique. Sur fond de conflit en Ukraine, de passes d'armes diplomatiques autour du sort d'Alexeï Navalny, d'accusations d'espionnage ou de cyberattaques et de nouvelles sanctions, les tensions entre Moscou et l'Occident sont au plus haut.

Le président russe a donc mis en garde ses rivaux étrangers, sans les citer, de ne pas "franchir de ligne rouge". Et de tacler les pays, sans dire lesquels là aussi, dont le "sport national" est de "s'en prendre à la Russie pour tout et n'importe quoi".

"Nous aurons suffisamment de patience, de responsabilité, de professionnalisme, de confiance en nous-mêmes et en notre bon sens pour prendre toute décision. J'espère qu'il ne viendra à l'esprit de personne de franchir la ligne rouge avec la Russie", a déclaré le président russe. "Et c'est à nous de décider où se situe cette ligne, dans chaque cas spécifique."

Le président russe a aussi dénoncé le silence des Occidentaux sur ce qu'il a présenté comme une "tentative de coup d'Etat" déjouée au Bélarus. Le président Alexandre Loukachenko, qui dirige sans partage le Bélarus depuis 1994, a été confronté pendant des mois à un mouvement de protestation historique contre sa réélection jugée frauduleuse en août dernier.

Samedi, le président Loukachenko a assuré avoir déjoué une tentative de "coup d'Etat" et d'"assassinat" le visant lui et sa famille, et planifiée, selon lui, par les Etats-Unis.

Les sujets évités

Si Vladimir Poutine n'a pas hésité à être parfois dur, il n'est pas rentré dans les détails des sujets brûlants. Le président russe n'a par exemple pas dit un mot du déploiement de dizaines de milliers de troupes russes à la frontière ukrainienne, justifié par Moscou comme une réponse aux actions de l'OTAN. A Washington, Kiev et Bruxelles, on craint pourtant l'escalade militaire, estimant que Moscou pourrait bien préparer un prétexte pour entrer en Ukraine, comme en 2014 avec l'annexion de la Crimée.

En Occident, "tout le monde prétend qu'il ne se passe rien du tout" mais "que se serait-il passé si la tentative de coup d'Etat avait été effectivement entreprise?", a-t-il demandé. Alexandre Loukachenko et Vladimir Poutine accusent tous les deux l'Occident de déstabiliser leur pays. Ils se verront à Moscou jeudi, des analystes estimant qu'ils pourraient annoncer de nouvelles mesures d'intégration entre les deux pays, plaçant un peu plus Minsk sous tutelle russe.

Le président russe a promis qu'il resterait ouvert au dialogue mais il n'a pas mentionné la proposition du président ukrainien Volodymyr Zelensky de se rendre sur le front, dans l'est de l'Ukraine. Il n'a pas non plus évoqué la proposition de Joe Biden, formulée la semaine dernière, de se rencontrer dans un pays tiers. Les tractations entre Moscou et Washington se poursuivent. Mais la décision du Kremlin dépendra des futures décisions américaines, a souligné la diplomatie russe, comme le rapporte Reuters.

Pas un mot non plus sur son plus féroce opposant Alexeï Navalny, emprisonné et extrêmement affaibli, selon ses proches, qui demandent à ce qu'il soit transféré dans un hôpital civil. Ses soutiens prévoyaient des manifestations ce mercredi. Le ministère de l'Intérieur a rappelé qu'elles n'étaient pas autorisées. Signe d'une volonté de poursuivre la répression, la police russe a d'ailleurs perquisitionné mercredi des locaux liés à l'opposant emprisonné Alexeï Navalny, à Saint-Petersbourg notamment, et arrêté plusieurs de ses collaborateurs.

Euronews