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Violences : Le difficile recensement des agressions de policiers hors-service

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Vendredi, 5 novembre 2021

Violences : Le difficile recensement des agressions de policiers hors-service

Julien, 26 ans, a-t-il été roué de coups, mardi soir dans un train de banlieue, parce qu’il était policier ? C’est ce que semble sous-entendre le parquet de Pontoise qui a ouvert jeudi soir une information judiciaire pour « tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Le fonctionnaire, qui a le nez cassé, venait de quitter son service à la gare du Nord et regagnait son domicile habillé en civil, lorsqu’il a été pris à partie par quatre hommes, l’insultant de « sale flic de merde » et le frappant. 

Deux jours auparavant, c’est un autre dossier, à Savigny-le-Temple, en Seine-et-Marne, qui a poussé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à improviser un déplacement dans le commissariat de la ville. Dans le hall d’un immeuble connu pour être un point de deal, des policiers ont découvert un tableau de « prime » les visant : 500.000 euros pour en tuer un, 300.000 pour un viol…

Aucun chiffre officiel

Si ces deux affaires ne sont pas liées, elles reflètent les inquiétudes exprimées par la profession depuis plusieurs années. « Il n’y a plus aucune crainte à s’en prendre à un policier, déplore Yvan Assioma, secrétaire national du syndicat policier Alliance. C’est vrai depuis bien longtemps en intervention, ça le devient de plus en plus hors service. » Le phénomène est néanmoins difficilement quantifiable : il n’existe aucun chiffre officiel sur le nombre de policiers ou gendarmes blessés hors service, puisqu’il convient à chaque fois d’établir s’ils ont été pris pour cible en raison de leur profession ou pour une raison indépendante. Impossible donc de savoir si ces agressions suivent une trajectoire similaire à celles des agressions en mission : selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, celles-ci ont augmenté de 40 % entre 2009 et 2019, passant de 26.721 à 37.431.

« Ce qui est certain, c’est que depuis l’attaque terroriste de Magnanville, le sentiment d’insécurité a très fortement augmenté au sein de cette profession », assure Christian Mouhanna, sociologue au CNRS, spécialiste des questions de violence et de sécurité publique. En juin 2016, le double assassinat de ce couple de policiers à leur domicile, devant leur fils de 3 ans, a poussé de nombreux fonctionnaires à modifier leurs habitudes : ne pas rentrer en uniforme, garder son arme de service, modifier régulièrement ses trajets… « Ca a accéléré une mutation qui avait déjà commencé, estime Yvan Assioma, ça fait bien longtemps que beaucoup de policiers préfèrent taire leur profession en public, demandent parfois à leurs enfants d’en faire autant. »

Graffitis et réseaux sociaux

Ce sentiment d’insécurité est-il en phase avec la réalité ? « C’est très difficile à évaluer, estime Christian Mouhanna. On va vers une société globalement de moins en moins violente, c’est une réalité statistique, mais beaucoup plus sensible aux actes violents. » Preuve en est, la multiplication des enquêtes ouvertes après la découverte de tags menaçants visant nommément des policiers, parfois assortis de leur adresse ou d’éléments de leur vie privée. Si les graffitis contre les forces de l’ordre ont toujours existé, ce qui change, en revanche, c’est leur degré de précision.

« Il y a un effet "réseaux sociaux", assure le syndicaliste d’Alliance. Le nom des policiers figure quasiment systématiquement sur les procédures, il suffit de faire des recherches. Parfois, ils réussissent à remonter en ciblant un proche. » Pour tenter de limiter le phénomène, le syndicaliste réclame l’anonymisation des fonctionnaires sur les procédures, comme c’est le cas dans les affaires de terrorisme ou de grand banditisme.

Aprnews avec 20minutes