Vous êtes ici

Back to top

Une enquête révèle les rejets polluants répétés d’usines Lactalis

Aprnews - Une enquête révèle les rejets polluants répétés d’usines Lactalis - Actualité - France
Mardi, 20 octobre 2020

Une enquête révèle les rejets polluants répétés d’usines Lactalis

Plus de la moitié des installations du groupe laitier ont été ou sont toujours en violation du code de l’environnement, selon le média d’investigation Disclose.

Des usines du groupe laitier français Lactalis ne respectent pas le code de l'environnement en France, avec des pollutions de diverses natures, selon une enquête publiée lundi par le média d'investigation Disclose. Le site web, qui a travaillé dans le cadre d'un partenariat avec Mediapart, Brut, France Culture, The Guardian, Envoyé Spécial (France2) et le site d'investigation Le Poulpe, s'est intéressé notamment aux installations industrielles en France du géant laitier, qui en compte 250 à travers le monde.

Selon Disclose, « entre 2010 et aujourd'hui […] 38 usines Lactalis ont été ou sont toujours en violation du code de l'environnement » en France, « soit plus de la moitié des 60 établissements recensés et analysés dans le cadre de cette enquête ». Ces usines sont des installations classées pour la protection de l'environnement, aussi appelées IPCE.

Ils citent en exemple une fromagerie du groupe Lactalis en Isère, condamnée en 2019 à 100 000 euros d'amende, dont 50 000 avec sursis pour ses rejets d'effluents dans une rivière, la société laitière de Retiers, en Ille-et-Vilaine, filiale de Lactalis, condamnée à 250 000 euros pour avoir pollué la rivière La Seiche, ou encore des rejets de la société fromagère de Riom.

Disclose s'est basé sur des documents issus des Directions régionales de l'environnement (DREAL) et des Directions départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP).

Des défaillances dans le contrôle ?

« Il est vrai que certains de nos sites peuvent présenter des non-conformités ponctuelles, mais à chaque fois nous proposons une solution rapidement pour résoudre ces incidents », a déclaré une porte-parole du groupe Lactalis, mettant en avant « 60 millions d'euros investis depuis 2010 » pour la modernisation des outils environnementaux.

Disclose cite aussi des cas où les analyses de rejets polluants effectués par Lactalis ne correspondraient pas à ceux réalisés par des inspecteurs. « A un moment ou à un autre, il peut y avoir des non-conformités, mais ça ne reste pas comme ça. On a des inspections, on a des procédures », réagit la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, selon le script d'une interview avec Disclose transmis par le ministère.

Les entreprises effectuent des auto-contrôles au niveau des stations d'épuration des usines, mais « il y a aussi des contrôles inopinés », complète Pascal Lagrabe, directeur adjoint de la Direction de la police à l'Office français de la biodiversité (OFB). « La plupart des autosurveillances industrielles qui sont transmises à la DREAL ne sont jamais vérifiées », déplore un inspecteur de l'environnement, cité par Disclose, sous couvert d'anonymat.

Une plainte à venir

France Nature environnement (FNE), qui fédère 3500 associations, compte porter plainte concernant le site de Riom, a fait savoir une porte-parole, qualifiant les documents dévoilés par Disclose de « solides ». Des associations locales font état de pollutions liées à des sites Lactalis dans les Pays-de-la-Loire ou encore en Bretagne, a-t-elle encore indiqué.

« Nous demandons à ce que les aides publiques aux industriels soient assorties d'une conditionnalité a des obligations sanitaires et environnementales », a réagi Quentin Guillemain, président de l'association pour la santé des enfants, très active par le passé sur le dossier du lait infantile contaminé aux salmonelles. « Les entreprises qui polluent et empoisonnent nos enfants doivent rembourser les subventions publiques qui leur ont été accordées. »

Le Parisien