Vous êtes ici

Back to top

Tunisie: les blessés de la révolution n'ont pas le cœur à la fête

Kaïs Saïed - Blessés de la Révolution - 11 ans Apres - Actualité - Tunisie - Aprnews
Jeudi, 16 décembre 2021

Tunisie: les blessés de la révolution n'ont pas le cœur à la fête

Alors que la Tunisie s’apprête à commémorer,  vendredi 17 décembre, les 11 ans de l’immolation de Mohamed Bouazizi, certains blessés de la révolution tunisienne tiennent à faire part de leur mécontentement. Alors que cette date est devenue, à la demande du président Kaïs Saïed, la date anniversaire de la révolution, eux refusent de célébrer cet anniversaire.

Visage tiré, mine déconfite, un jeune homme ouvre la séance par un poème qu’il a lui-même écrit. Originaire de Siliana, dans le nord-ouest de la Tunisie, Akram Labiadh est un ancien coiffeur. Il a reçu une balle dans la jambe la veille du départ de Ben Ali. Depuis, il dit être livré à lui-même. Lui, sa femme et ses quatre enfants :

« Nous sommes en 2021 mais rien n’a changé. Je n’ai pas de carte me permettant de me faire soigner. On ne fait qu’attendre. Quand l'un de nous a besoin de se faire soigner ou opérer, on doit implorer les responsables pour qu’ils veuillent bien nous ouvrir les portes d’un hôpital militaire. Mon nom apparaît bien sur la liste officielle des blessés de la révolution mais ça ne change rien. Notre cause a été enterrée. »

Comme lui, ils sont une petite dizaine à avoir fait le déplacement jusqu’au centre de Tunis pour faire entendre leurs voix. Ici, personne n’a le cœur à la fête. L’approche de l’anniversaire de la révolution leur serre un peu plus le cœur. Eux qui attendaient beaucoup du président Kaïs Saïed, qui s’est octroyé les plein pouvoirs, déchantent désormais.

C’est le message qu’est venu porter Arbia Janahi, veuve d’un « martyr de la révolution », comme on dit ici : « J’ai envie de demander au président ce qu’il va célébrer le 17 décembre. Fais tes commémorations, vas-y ! Mais je me demande à quoi vont ressembler tes célébrations, alors que les blessés de la révolution et leurs familles n’en veulent pas. Par dépit, certains sont allés jusqu’à coudre leur bouche, et cela, il le sait. On nous répond à chaque fois que notre dossier est sur la table du président, mais ensuite, on fait quoi au juste ?! »

Les blessés de la révolution promettent de maintenir la pression tant que leur dossier ne sera pas rouvert.

Aprnews avec Rfi