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Trois quarts des Africains n’ont pas accès à un régime alimentaire sain

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Samedi, 3 juillet 2021

Trois quarts des Africains n’ont pas accès à un régime alimentaire sain

Dans son rapport annuel sur la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique, la FAO décrit une situation qui a empiré en Afrique.

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Le constat de la FAO de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, de la Commission de l’Union africaine (CUA) et de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) est inquiétant. Dans un rapport publié ces dernières heures par la FAO, l’organisation donne une « vue d’ensemble régionale de la sécurité alimentaire et de la nutrition en Afrique ».

Dans le cadre de l’atteinte des Objectifs mondiaux de lutte contre la faim sous toutes ses formes, pouvoir accéder à une alimentation saine est primordial. Mais en Afrique, il est difficile, voire impossible, pour une majeure partie de la population d’accéder à ces besoins.

Un cinquième de la population souffre de sous-alimentation chronique

« Le nombre de personnes qui souffrent de sous-alimentation chronique continue d’augmenter en Afrique, et a atteint 250,3 millions en 2019, soit près d’un cinquième de la population. Parmi elles, 15,6 millions se trouvent en Afrique du Nord et 234,7 millions en Afrique subsaharienne », indique le rapport de la FAO dans lequel on peut également lire que « le nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire grave, qui est une autre mesure qui se rapproche de la faim, augmente aussi de manière similaire ».

La pandémie de Covid-19, l’an dernier, n’a pas aidé à l’amélioration de la situation, ni à être optimiste quant aux prévisions. « Les estimations préliminaires indiquent qu’en Afrique, 25 millions à 42 millions de personnes supplémentaires pourraient être sous-alimentées en 2020 en raison des fléchissements économiques causée par la pandémie de covid-19 ». Avec un risque accru pour les enfants : « La malnutrition infantile augmentera, avec peut-être 1,5 million d’enfants de moins de 5 ans souffrant d’émaciation en Afrique subsaharienne ».

La pauvreté empêche une alimentation saine chez la majeure partie de la population africaine, poursuit la FAO : « Près de trois quarts des Africains n’ont pas les moyens de s’offrir une ‘alimentation saine’ et 51 % ne peuvent pas s’offrir une alimentation ‘suffisamment nutritive’. Même une alimentation ‘suffisamment énergétique’ est hors de portée pour 11,3 % des Africains. (…) Pour les quelque 430 millions d’Africains qui vivent dans l’extrême pauvreté, un régime alimentaire ‘suffisamment énergétique’ représente environ 50 % de leur budget de dépenses alimentaires », écrit l’organisation de l’ONU. Depuis 2014, le nombre de personnes sous-alimentées en Afrique a augmenté.

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On semble donc bien loin des Objectifs de développement durable (ODD) qui prévoyait, d’ici à 2030, d’« éliminer la faim et faire en sorte que chacun, en particulier les pauvres et les personnes en situation vulnérable, y compris les nourrissons, ait accès toute l’année à une alimentation saine, nutritive et suffisante ».

La FAO espère une amélioration de la santé et de la nutrition maternelles et infantiles, qui doit selon elle être une priorité. L’organisation estime qu’il faut « transformer les systèmes alimentaires pour une alimentation saine et abordable ». Elle fustige ainsi les supermarchés qui « contribuent à la part plus élevée des aliments transformés dans l’alimentation des ménages et à l’augmentation de l’indice de masse corporelle des adultes » et estime que « la formation et l’éducation en matière de nutrition, la réglementation de la publicité et des recommandations nutritionnelles fondées sur le choix des aliments sont également nécessaires ».

Quel voie faut-il suivre ? « L’expérience de plusieurs pays qui ont mis en œuvre des programmes de nutrition montre qu’il est impératif d’avoir une vision commune sur l’éradication de la faim et l’élimination de la malnutrition sous toutes ses formes en utilisant l’approche des systèmes alimentaires ». Et la FAO de féliciter les efforts du Sénégal ou du Kenya qui ont « mis en place des stratégies de nutrition efficaces » et « montré qu’un leadership politique fort et engagé est essentiel pour réussir ».

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Pour l’organisation des Nations unies, « un leadership politique fort est essentiel pour créer des coalitions et un engagement politique fort. La transformation des systèmes alimentaires en vue d’une alimentation saine concerne tous les secteurs et tous les ministères, ce qui veut dire qu’il est inévitable que les décideurs et les autres acteurs aient des points de vue différents, parfois contradictoires, sur les problèmes de nutrition. Une étape essentielle pour créer une vision commune consiste à rassembler les différents secteurs et parties prenantes, en allant souvent au-delà des systèmes alimentaires eux-mêmes ».

Enfin, le rapport préconise l’intervention du secteur privé, même si le public a un vrai rôle à jouer. « La plupart des investissements nécessaires et, en définitive, la transformation des systèmes alimentaires, proviendront du secteur privé. Toutefois, le secteur public est le premier responsable pour orienter le processus, fournir de biens publics et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte », conclut la FAO.

Aprnews avec Lejournaldelafrique