Au lendemain de la journée mouvementée de manifestations de la plateforme Wakit Tama, regroupant des partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile, qui a secoué N’Djamena, le calme revient peu à peu malgré des inquiétudes persistantes.

Mercredi 28 avril. Il est 5 heures et le temps est relativement doux. Au quartier Moursal, des N’Djamenois venant de se réveiller ouvrent leurs portails. Des femmes, renouent avec leurs habitudes. Elles balayent leurs devantures. Les hommes, torses nus, s’éventent avec leurs t-shirts, se brossent. Ils rigolent en se rappelant la journée de manifestations contre la junte militaire d’hier. Un père de famille, venu acheter de quoi faire le petit déjeuner, converse avec son boutiquier. Il soupire : « c’était chaud hier. On a inhalé du gaz lacrymogène fatigué ». Ali, le vendeur lui répond :  » ça allait être pire les manifestations là, si mes frères musulmans étaient sortis. Heureusement pour eux, il y a le ramadan (…) ».

Théodore M., restaurateur et son colocataire, jeune banquier, se préparent à aller au boulot. Théodore raconte : « hier, j’allais abandonner ma moto et fuir pour rentrer à pieds car à moto, c’est pire. J’ai pris du gaz plein les yeux. Aujourd’hui, visiblement ça va grâce au ciel ».

Un enseignant habitant Dembé avance qu’hier, il a été réveillé en sursaut par les pleurs de ses enfants qui avaient inhalé du gaz lacrymogène. « On était cloîtré tous dedans par prudence ». Mais aujourd’hui, il prépare son cours à aller dispenser à Walia.

Une commerçante au marché aux poissons de Chagoua qui a fui hier, s’active ce matin pour installer son étal de poisson séché. « Hier, c’était surréaliste ici et dès l’aube. Mais aujourd’hui, on est 7H mais il n’y a rien donc ça va. On a des bouches à nourrir », dit-elle.

Les grandes avenues, notamment Kondol Béaloum, Désiré Mobutu, Ngarteri Mathias, Kaltouma Nadjina, Pascal Yoadimnadji ne sont plus obstrués par les troncs d’arbres, les brasiers de pneus brûlés et autres brisures de bouteilles ou tas d’ordures déposés par les manifestants. Les automobilistes, les motocyclistes et autres passants vaquent à leurs occupations. Les banques et les commerces qui étaient fermés hier ont ouvert ce mercredi. Toutefois, ce calme reste précaire car l’inquiétude persiste. Car à Walia ce matin, il y a eu des jets de lacrymogène mais pas avec la même intensité d’hier.

Tchadinfos