Vous êtes ici

Back to top

Simon Tiemtoré, le puissant investisseur burkinabé qui parie sur l’Afrique

apr-news/ Simon Tiemtoré, le puissant investisseur burkinabé qui parie sur l’Afrique
Mercredi, 6 février 2019

Simon Tiemtoré, le puissant investisseur burkinabé qui parie sur l’Afrique

APRNEWS- Son nom s’impose de plus en plus dans la sphère financière africaine. Simon Tiemtoré est PCA de Vista Bank Group et fondateur-président exécutif de Lilium Capital, un spécialiste de l’investissement impliqué dans divers secteurs en Afrique, de la finance à l’énergie en passant par l’immobilier, l’hôtellerie ou l’agro-industrie. Burkinabé d’origine naturalisé Américain, qui est cet avocat de carrière converti avec brio au métier de l’investissement ? Portrait.

Recette miracle ? Il n'en a pas, si ce n'est « le travail et encore le travail ». A 44 ans, Simon Tiemtoré est aujourd'hui une figure de l'investissement dans son pays natal, le Burkina Faso, et plus largement à travers le Continent, par l'entremise de Lilium Capital, une société d'investissement basée à New York et impliquée en Afrique dans divers secteurs -dont la finance, l'énergie, l'immobilier, l'hôtellerie et l'agro-industrie- qu'il a fondée et préside.

L'expertise par la pratique

« C'est en forgeant que l'on devient forgeron », dit l'adage. Et bien, Simon Tiemtoré est la preuve que l'expertise s'acquiert par la pratique. A la base, l'homme est un avocat. Après la faculté de droit au Burkina, il vole vers les Etats-Unis où il rejoint d'abord l'American University, puis la New York University School of Law. Son diplôme en poche, le cabinet Staden Harps à New York lui ouvre ses portes. Il y restera quelques années en tant qu'avocat-fiscaliste et chargé des marchés des capitaux. Après un passage chez PwC, il rejoint Morgan Stanley. Et c'est dans les rangs géant bancaire américain que l'avocat d'affaire se passionne du métier d'investisseur, songeant, petit à petit, à changer de veste.

« Je travaillais beaucoup avec les banquiers de Wall Street sur des transactions globales (Amérique, Europe). C'est ainsi que le virus de la banque est rentré et c'est comme cela que j'ai pu rejoindre Morgan Stanley en faisant partie de Morgan Stanley Investment management et faisant partie de l'équipe dirigeante d'un fonds d'investissement qui dirigeait à ce temps-là un actif de 5 milliards de dollars », raconte-t-il à La Tribune Afrique.

Vision panafricaine

Impliqué au quotidien dans la finance, la structuration et le conseil en investissement, la veste d'investisseur lui sera progressivement taillée. Et pour la petite histoire, c'est à ce moment que naîtra l'idée de Lilium Capital. Mais le nouvel investisseur prend son mal en patience et vise plus haut pour, dit-il, «affiner [son] expérience». A ce moment, c'est vers l'Afrique qu'il regarde. Au printemps 2012, la Banque africaine d'Import-Export (Afreximbank) est à la recherche de nouveaux profils. Tiemtoré saisit cette opportunité. Sa candidature retenue, il débarque au Caire -au siège de l'institution- en début d'été et prend la tête d'un nouveau département, celui des marchés des capitaux et services de conseil.

Pendant les trois années qui vont suivre, il mûrit le projet avec son ami et associé Didier Nkieré, un analyste financier formé à la Georgia State University et fort de près de 20 ans d'expérience. Ils mettent en place Lilium Capital dans l'expectative de décrocher le gros lot qui permettra à l'entreprise de décoller. En 2015, ils réussissent le rachat par Lilium Capital de First International Banking Group, une banque gambienne des plus dynamiques du marché local, rebaptisée Vista Bank Group. En janvier 2016, il prend congé d'Afreximbank pour se donner corps et âme à son projet entrepreneurial. Son leitmotiv :

« le désir de pourvoir prendre des décisions et créer des activités qui ont un impact et apporter ma touche au développement de l'Afrique ».

« Nous avons compris ... »

Simon Tiemtoré ne regrette pas son pari. Au contraire. « Nous avons compris que nous avons la capacité de prendre des risques, des décisions, de créer une entreprise et d'apporter notre touche au développement de l'Afrique », confie-t-il. « Pour ce faire, le secteur pour lequel nous étions mieux aguerri était l'investissement dans le domaine bancaire et financier qui, par définition, touche-à-tout », ajoute-t-il, soulignant qu'avec son associé, ils ont bénéficié de nombreux conseils de la part de « mentors » qui leur ont permis de concrétiser le projet et de mettre en place la stratégie qui est la leur jusqu'à ce jour.

Aujourd'hui, en seulement trois ans, Lilium Capital est un investisseur multi-sectoriel et la firme est, actuellement, sur de gros projets comme celui de l'usine d'Ayka Textile au Burkina Faso, celui d'usine pharmaceutique à Ouagadougou, ou encore le rachat de la banque commerciale du Burkina. A côté, Vista Bank Group -la filiale bancaire basée en Gambie avec des actifs en Guinée et en Sierra Léone- présente un ambitieux plan de développement sur le Continent, notamment en Afrique de l'Ouest, du Centre et de l'Est. D'ailleurs, ce sont, entre autres, tous ces projets en cours qui expliquent la présence très remarquée de son patron aux dernières assemblées générales d'Afreximbank en juillet dernier à Abuja, au Nigeria.

Sur tous les fronts

Très ouvert, pragmatique et prompt à l'écoute, Simon Tiemtoré s'attache à appuyer ses compétences techniques de ces traits qui, d'après lui, sont indispensables à tout leader pour la bonne prise de décision au quotidien. « Etant basé aux Etats-Unis et en tant qu'investisseur en Afrique, travaillant avec des partenaires en Amérique, en Europe, en Afrique et en Asie, il faut se lever très tôt et les journées sont très longues. Il faut donc être serein pour affronter les challenges, garder la tête froide... », explique l'entrepreneur.

D'autant plus qu'outre la présidence de Lilium Capital et Vista Bank Group, l'investisseur burkinabé siège au conseil d'administration du Centre d'affaires Afrique-USA de la Chambre de commerce des Etats-Unis (AmCham), en plus d'être administrateur à l'Initiative for Global Development (IGD), une organisation à but non lucratif fondée en 2003 par Bill Gates et d'autres hommes d'affaires américains pour promouvoir le partenariat entre les secteurs privés américain et africain, en vue de contribuer au développement de l'Afrique. Autant de moyens pour lui de porter la voie du Continent ! 

Avec Tribune Afrique