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Sénégal : Khalifa Sall retournera au tribunal le 20 décembre

Apr-News-Sénégal : Khalifa Sall retournera au tribunal le 20 décembre
Mardi, 11 décembre 2018

Sénégal : Khalifa Sall retournera au tribunal le 20 décembre

APRNEWS - L’ex-maire de Dakar sera jugé devant la Cour suprême le 20 décembre. Ses proches dénoncent une procédure précipitée visant à l’exclure de la présidentielle.

Plus de trois mois après la condamnation en appel de Khalifa Ababacar Sall, le 30 août, l’épilogue d’un des feuilletons judiciaires les plus médiatisés du Sénégal s’écrira le 20 décembre, date de la première audience de son procès en cassation.

L’ex-maire de Dakar, révoqué de ses fonctions en août dernier, avait été condamné à cinq ans de prison ferme, notamment pour « escroquerie aux deniers publics » et « faux et usage de faux dans des documents administratifs ».

Calendrier politique
Son entourage, averti le 11 décembre de la date d’audience, enrage mais n’est pas surpris. « À la veille de l’ouverture du dépôt des candidatures pour la présidentielle, avouez que c’est un drôle de hasard », ironise l’un de ses partisans. « La justice s’est mise au rythme du calendrier politique », s’insurge quant à lui Me Alain Jakubowicz, avocat de la défense.

L’INSTRUMENTALISATION DE LA JUSTICE, C’EST L’ÉTERNEL ARGUMENT BRANDI PAR LA DÉFENSE

« C’est un euphémisme de dire que c’est précipité. Rappelons qu’entre le moment où Khalifa Sall a été inculpé et celui où le juge a clôturé le dossier, il ne s’est écoulé qu’un mois. C’est une pantalonnade, il n’y a pas eu d’instruction ! »

Moussa Taye, conseiller politique de l’ex-édile, ajoute que « plus de 800 dossiers sont en attente de jugement à la Cour suprême, où les délais de traitement se situent généralement entre neuf et douze mois. Nul besoin d’être mathématicien pour comprendre qu’on a accéléré le traitement de celui de Khalifa Sall. Cela rompt l’égalité des citoyens devant la loi ! » Des accusations maintes fois réitérées depuis le placement en détention de Khalifa Sall, en mars 2017, mais dont se sont toujours défendus les avocats de l’État du Sénégal, qui s’est constitué partie civile.

« L’instrumentalisation de la justice, c’est l’éternel argument brandi par la défense. Même s’il y avait 10 000 dossiers en attente, si un dossier est en état la Cour suprême peut le programmer à tout moment. Or le dossier de Khalifa Sall est en état », proteste Baboucar Cissé, avocat de l’État.

ON PEUT S’ATTENDRE À UNE CONDAMNATION DÉFINITIVE DE KHALIFA SALL AVANT LA SAINT-SYLVESTRE

Une condamnation avant la fin du mois ?
Les proches de Khalifa Sall s’attendent à une condamnation très rapide. « Devant la Cour suprême, il n’y a pas de jugement sur le fond du dossier mais uniquement sur la base des décisions déjà rendues. Cela peut prendre 24 ou 48 heures. On peut donc s’attendre à une condamnation définitive de Khalifa Sall avant la Saint-Sylvestre », déplore Moussa Taye. Car le procès du candidat déclaré à la présidentielle repose avant tout sur une bataille de calendrier.

D’un coté, l’État est accusé de vouloir accélérer les choses pour mettre hors jeu avant l’élection l’une des principales figures de l’opposition ; de l’autre, la défense a multiplié les demandes de report en première instance et en appel afin d’étirer la procédure judiciaire au moins jusqu’au mois de février, date du premier tour de la présidentielle. Babacar Thioye Ba, le directeur de cabinet de Khalifa Sall jusqu’à sa révocation, espère « des délais raisonnables en cassation, puisque la défense a formé près d’une quinzaine de pourvois concernant les décisions rendues en appel ».

Ultime recours
Même en cas de condamnation définitive devant la Cour suprême, Khalifa Sall aurait encore des recours, selon ses lieutenants. « Quelle que soit la décision de la Cour suprême, la procédure ne prendra pas fin pour autant! »

Si elle considère qu’une erreur de procédure est imputable à la Cour de cassation, « la défense pourrait en effet solliciter un rabat d’arrêt », affirme un proche de Khalifa Sall. « Cela pourrait prendre deux à trois mois », explique-t-il.

Avec Jeune Afrique