Le Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC) s’est réveillé aujourd’hui sur un couvre-feu militaire. Deux attentats, revendiqués par l’Etat Islamique, ont secoué Beni ce dimanche.

Deux attaques ont eu lieu à Beni, dans l’Est de la RDC, hier. Dimanche matin, une bombe artisanale a rasé une église catholique. Blessant deux femmes, à quelques minutes du début de la messe. La deuxième attaque a eu lieu dans la soirée, dans un quartier populaire. Un kamikaze a enclenché un dispositif trop tôt, se donnant la mort et tuant un civil.

Pendant la nuit, le groupe Etat Islamique a publié une vidéo où il revendique l’attentat. Démystifiant ainsi les fantasmes des médias, qui avaient passé la journée du dimanche à imputer des détails fantaisistes à la tragédie de la matinée. Plusieurs agences de presse avaient accusé les ADF.

Ainsi donc, les militaires stationnés aux abords de Beni sont intervenus et le maire a décrété une prolongation du couvre-feu annoncé depuis hier. « Je ne veux voir personne dans la rue. D’autres attaques pourraient être en cours de planification », a annoncé le maire, Narcisse Muteba.

La région de Béni a connu plusieurs attaques des Forces démocratiques alliées (ADF) durant les derniers mois. Le groupe a opéré un exode vers le Sud de la zone frontalière entre l’Ouganda et la RDC. Et ce, depuis l’offensive militaire dans le cadre de l’état de siège dans l’Est de la RDC.

Daech à Beni, une rehiérarchisation du terrorisme dans l’Est de la RDC ?

L’état de siège en question est le second en deux ans. Il intervient en réaction à la classification des ADF comme « organisation terroriste islamiste » par la diplomatie américaine. Cette dernière a proclamé une relation entre les ADF et l’Etat Islamique (Daech). Or, l’ONU a démontré qu’il n’en était rien. Selon un rapport détaillé, les ADF sont en pleine retraite vers le Sud depuis la prise de leurs fiefs par les FARDC. Quant à Daech, l’organisation terroriste s’est étendue vers l’Est, par rapport à son cercle d’influence traditionnellement sahélien. Cette extension intervient à la suite de la mort d’Abubakar Shekau, chef de Boko Haram. Les lieutenants de ce dernier ont prêté allégeance à Daech ouvertement la semaine dernière.

Toutefois, la présence de Daech en RDC est relativement récente. Il n’existe actuellement que des spéculations sur ses raisons. Nonobstant la criminalité terroriste qui sévit dans la région du Nord-Kivu et l’Ituri, la ville de Beni est sécurisée par des centaines de soldats. Cependant, les attaques d’hier visaient clairement des civils. Un mode opératoire connu de l’Etat Islamique, partout dans le monde.

Il est donc possible que les attentats de Beni fassent partie d’une entrée en scène de Daech. Comme il se pourrait que l’organisation impose sa présence dans la région suite au retrait des ADF. Ces derniers se trouvant en grand nombre sur la rive Ouest du Kivu, traqués par l’armée. Serait-ce le début d’un contexte de guerre terroriste traditionnelle en RDC ? L’enquête des autorités de Beni en dévoilera certainement plus.

Aprnews avec Lejournaldelafrique