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Quatrième dose de vaccin contre le Covid-19: «Israël a toujours un peu d'avance»

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Jeudi, 23 décembre 2021

Quatrième dose de vaccin contre le Covid-19: «Israël a toujours un peu d'avance»

Israël a annoncé l’administration prochaine d’une quatrième dose de vaccin contre le Covid-19 pour les personnes de plus de 60 ans, les personnes fragiles et les soignants. L’État hébreu a décrété des restrictions, mais s’abstient de confiner sa population pour le moment. Entretien avec le professeur Cyrille Cohen, directeur du laboratoire d’immunothérapie à l’Université Bar-Ilan de Tel-Aviv, et membre du Conseil consultatif israélien sur les essais cliniques des vaccins.

Cyrille Cohen : Cette décision d’administrer, potentiellement, une quatrième dose de vaccin aux personnes âgées, aux personnes à risque et aux soignants, n’a pas encore été actée. Mais c’est une décision d’avant-garde. Jusqu’à présent, le monde a regardé Israël pour savoir comment administrer ses vaccins, et quelle devait être la politique vaccinale. Ce que l’on voit aussi, c’est que nous avons toujours un peu d’avance, et nous voyons la majorité des nations suivre nos décisions.

Lorsque vous dites « cette décision n’a pas encore été actée », qu’est-ce que cela signifie exactement ? Les autorités israéliennes l’ont pourtant annoncée officiellement ?

Non ! Elle a été recommandée mardi 21 décembre dans la soirée par le Conseil scientifique. Maintenant, c’est le directeur du ministère de la Santé qui devra décider si oui ou non, et quand, cela sera possible. Cela va prendre encore un peu de temps.

Sommes-nous condamnés à être vaccinés tous les six mois ?

Je ne sais pas si le terme « condamnés » est approprié. Mais c’est vrai que c’est une possibilité. Comme c’est le cas avec les vaccins contre la grippe. Mais moi, personnellement, je pense qu’avec le variant Omicron, avec l’immunité naturelle et avec les vaccins qui empêchent de développer des formes graves de la maladie, je crois qu’avec cette combinaison, il n’est pas nécessaire que l’on soit vaccinés tous les six mois. Peut-être tous les ans, ou un peu moins, ça dépend. Il est peut-être un peu trop tôt pour se prononcer.

Comme presque partout ailleurs, le gouvernement israélien est aussi divisé. Il y a le camp qui prône la prudence, qui souhaite davantage de restrictions, et il y a ceux qui dénoncent des réactions disproportionnées face au variant Omicron. À qui doit-on faire confiance ?

Je crois qu’il faut attendre d’avoir plus de données sur Omicron. Et observer ce qui se passe dans les pays qui ressemblent à Israël, du point de vue du taux de vaccination, comme le Royaume-Uni et le Danemark. En tant que scientifiques, nous attendons ces données.

D’un autre côté, je crois qu’il faut quand même envisager les scénarios les plus graves. Il faut prendre des mesures (de restriction) qu’on pourra très rapidement lever si on réalise finalement que la menace Omicron n’est pas si grave. Par contre, si on laisse Omicron se déchaîner, il sera très dur de faire machine arrière. Israël veut éviter les confinements et préserver un semblant de vie normale. Tant que cela est possible.

En attendant, Israël s’est barricadé. Ses frontières sont fermées. Ses ressortissants n’ont pas le droit de se rendre dans un certain nombre de pays. Pourtant, même si les cas augmentent, les hospitalisations ne sont pas si nombreuses. Est-ce que ce principe de précaution vous semble approprié ?

Oui, ce principe de précaution me semble approprié. C’est très simple : il faut prendre des précautions lorsqu’il n’y a pas beaucoup de cas, lorsqu’on peut gérer les situations. Nous savons très bien qu’il faut du temps avant de s’apercevoir qu’il y a une augmentation des cas graves. Mais une fois qu’ils augmentent, c’est très dur d’arrêter un train en marche. Israël a appris de son passé. Je préfère être taxé d’être trop prudent que de regretter de voir nos hôpitaux sous tension, incapables de soigner nos patients.

Aprnews avec Rfi