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Procès du 13-Novembre: les origines du jihadisme en France

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Mardi, 31 août 2021

Procès du 13-Novembre: les origines du jihadisme en France

Le procès des attentats du 13 novembre 2015 à Saint-Denis et Paris s’ouvre le 8 septembre 2021. Pour comprendre comment de telles attaques ont pu avoir lieu, il faut revenir aux origines du jihadisme en France et au terreau qui lui permis de s’enraciner jusqu’à aboutir à ces attentats qui ont fait 130 morts dans la salle de spectacle du Bataclan, le Stade de France et des terrasses des Xe et XIe arrondissements.

Avant même de toucher l’Europe et la France, c’est en Afghanistan que se développe à la fin des années 1990 le jihadisme. Une idéologie religieuse et politique qui veut instaurer un État islamique en ayant recours à la violence. En 1989, après neuf ans de guerre contre les Soviétiques, les moudjahidines, soutenus par les Américains, remportent la victoire. Rapidement, des désaccords apparaissent entre eux, et certains décident de faire de l'Afghanistan la base arrière de la guerre sainte, le jihad, contre les Occidentaux.

« Le moment de la naissance du jihadisme, même pour la France, remonte à la guerre d'Afghanistan contre les Soviétiques, dans les années 1980. C'est là que l'idéologie s'est développée. Ensuite, ces anciens de la guerre d'Afghanistan sont allés en Algérie, puis en France, à Londres… », souligne Asiem El Difraoui, spécialiste du jihadisme.

Ces volontaires islamistes qui avaient combattu en Afghanistan vont alors essaimer un peu partout en Europe, notamment en France, et créer de petites communautés. « Ces jihadistes de première génération venaient d’horizons très différents du monde arabe. Ils vont ensuite endoctriner une plus jeune génération », explique Asiem El Difraoui.

Premières communautés en France

Entre les années 1990 et 2000 un tournant majeur s’opère avec un jihadisme mené non plus par des étrangers venus s’installer en France, mais également par des Français, formés par cette première génération. C’est tout l’objectif de petites communautés, aussi appelées cellules, qui vont se multiplier pendant une vingtaine d’années en France.  

Peu structurées, elles ont généralement à leur tête un homme charismatique issue de la première génération de jihadistes. C’est le cas de la cellule d’Artigat, un petit village de l’Ariège, fondée par Olivier Corel, surnommé l’émir blanc. Né en Syrie en 1946, naturalisé français, il comptera, entre autres, Mohamed Merah parmi ses élèves.

« Ces jihadistes de première génération ont préparé le terrain pour la plus grande vague de jihadisme en Europe, la plus grande vague d'attentats mais aussi la plus grande vague d'émigration en Irak et en Syrie en 2015-2016. Donc c'était vraiment une croissance sur trois décennies », remarque Asiem El Difraoui.

Sous les radars du renseignement

Ces petits écosystèmes jihadistes se développent discrètement partout sur le territoire, aussi bien dans les campagnes que dans les villes. « C'est un jihadisme qui se développe dans des sphères extrêmement disparates. Ça peut être internet. À une époque, c’était souvent en prison. Ça peut être à la salle de sport, dans une salle de musculation », note Elyamine Settoul, maître de conférence de la chaire criminologie du Conservatoire national des arts et métiers de Paris (Cnam).

Cette diversité de communautés rend le phénomène difficilement perceptible pour les services de renseignements français qui pensent alors contenir la menace endogène, c’est-à-dire venant de l’intérieur du pays. « C'est donc un phénomène extrêmement étendu dans la société, extrêmement transversal. Cette radicalisation se fait donc sous les radars des services de renseignement et qui va donner lieu à cette vague à partir de 2012 et l'attentat de Mohammed Merah », ajoute Elyamine Settoul.

2 000 Français partis au Levant

 

Pendant près de deux décennies, sans faire de bruit, les jihadistes recrutent sur le sol français des jeunes près à se battre pour l'islam. La France deviendra même le premier pays occidental pourvoyeur de jihadistes, avec près de 2 000 Français partis sur zone irako-syrienne, au Levant, entre 2011 et 2016.

Mais c'est avec l'idéologie du califat de l'État islamique que le jihadisme va connaître son apogée en France. Créé en 2006, l’État islamique revendique un territoire, une terre musulmane à défendre. À partir de 2010, l’EI s'appuie sur une propagande très bien rodée sur internet pour attirer des jeunes galvanisés à l’idée de défendre une terre musulmane.

Ces nouvelles recrues forment une mosaïque de profils disparates que décrit Elyamine Settoul : « Vous avez des jeunes qui viennent de la campagne, des jeunes de banlieues, des jeunes venant du centre des villes. Presque 30% sont convertis à l’islam. Des jeunes de familles déstructurées avec souvent un père absent. Assez fréquemment passés par la case délinquance. »

Combattants de Dieu

L’État islamique a su tirer pleinement parti de ce terreau de jeunes en manque de repères. « Ils se voient un peu comme des loosers de banlieue et ces fameux propagandistes leurs disent : "Avec nous vous serez les combattants de Dieu" », résume Elyamine Settoul.

Les parcours de ces jihadistes, qu’ils soient originaires de France ou de Belgique se ressemblent alors : départ pour la zone irako-syrienne, formation au maniement des armes. Certains reviendront ensuite en Europe pour mettre sur pied des projets d'attentats. C'est par exemple le cas d'Abdelhamid Abaaoud, l'instigateur des

Aprnews avec Rfi