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Pourquoi on ne parle pas du fils d'Albert Einstein en cours d'histoire

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Samedi, 4 décembre 2021

Pourquoi on ne parle pas du fils d'Albert Einstein en cours d'histoire

Eduard Einstein est né entouré de nombreuses attentes. Le génie étant un trait de famille, on présumait qu'il allait lui aussi changer le monde grâce à des équations ou d'autres percées scientifiques. Au début, il acceptait cette pression. Mais au fur et à mesure que le jeune Eduard grandissait, il commençait à présenter des symptômes très inquiétants. Le diagnostic final a bouleversé son génie de père...

Deux fils

Le premier fils d'Albert Einstein, Hans, a suivi les traces de son père. Il a étudié à l'École polytechnique fédérale de Zurich, comme ses parents, et est devenu un ingénieur civil. Hans est également entré dans l'histoire grâce à ses travaux acclamés sur le transport des sédiments.

Le préféré de son père

Mais des années avant que Hans n'entre dans l'histoire pour ses recherches, il n'était qu'un jeune garçon brillant qui allait avoir un petit frère. Eduard Einstein est né en 1910, et il est rapidement devenu le fils préféré de leur père. En tant que petit dernier, Eduard reçoit un surnom affectueux. 

Un sens caché

Albert Einstein a surnommé son plus jeune fils "Tete", ou petit, pendant une bonne partie de son enfance. Toutefois, ce surnom n'est pas seulement une référence à son âge. Bien qu'Eduard soit la copie conforme de son frère et de son père sur le plan de l'intelligence, un élément très important lui faisait défaut.

Petit et maladif

Eduard était maladif depuis sa naissance. Contrairement à Hans, grand et sportif, Eduard était petit et souvent épuisé. Parfois, Eduard était obligé de rester à la maison alors que le reste de sa famille partait explorer, faire des recherches et découvrir le monde.

Le goût de la poésie

Pourtant, la mauvaise santé d'Eduard ne le diminuait pas pour autant. Non seulement le fils cadet faisait honneur au nom d'Einstein en termes d'intelligence, mais il montrait également des aptitudes dans le domaine des arts et des lettres, comme la poésie. Mais le véritable point fort d'Eduard était la musique.

Les talents musicaux d'Eduard

Tout comme son père, Eduard a été élevé dans une maison remplie de musique. Albert Einstein a lui-même déclaré : "Si je n'étais pas physicien, je serais probablement musicien... C'est la musique qui me procure le plus de joie dans la vie." Il en va de même pour Eduard, qui manifeste plus d'intérêt pour les arts que son frère Hans.

Leurs parents

Néanmoins, les frères ont grandi très proches. Hans a un jour affirmé que son père abandonnait souvent ses études pour passer du temps avec eux. Malheureusement, il s'agit là de l'un des rares souvenirs heureux de leur enfance. En 1914, il devient évident qu'Albert et sa femme, Mileva vont désormais vivre séparément.

Séparation

Le couple était marié depuis dix ans, mais Albert convoitait quelqu'un d'autre : sa cousine Elsa. Lorsque Mileva apprend la vérité, elle emmène ses fils en Suisse. Le couple va alors vivre séparé pendant cinq ans, avant de finalement divorcer en 1919.

Tel père, tel fils

À ce stade, le jeune Eduard a 9 ans et se retrouve dans une situation délicate. Il aime sa mère, qui s'occupe de lui après le divorce, mais il admire aussi profondément son père. En grandissant, Eduard commence à s'intéresser aux recherches de son père – presque comme s'il était son élève et non son fils.

Les passions d'Eduard

Lorsqu'Eduard est assez grand, il s'inscrit à la même université que ses parents et son frère : l'École polytechnique fédérale. Mais alors qu'Albert était fasciné par la physique et Hans par le génie civil, les passions d'Eduard étaient encore plus cérébrales.

Les "pourquoi" de la vie

Si Eduard admirait son père, il était également fasciné par Sigmund Freud. Il voulait en savoir plus sur les "pourquoi" de la vie : pourquoi les gens font, pensent et ressentent certaines choses. Il avait même une photo de Freud sur le mur de sa chambre. Et cette passion d'Eduard pour la psychologie rend ce qui lui est arrivé d'autant plus tragique.

Des symptômes alarmants

En effet, alors qu'Eduard étudiait pour devenir psychologue, son comportement commença à devenir étrange. Ses lettres à son père devenaient de plus en plus incohérentes et dépourvues de sens. Et jouer du piano, une activité qui le calmait, le remplissait alors d'une telle passion qu'il martelait les touches d'une manière qui inquiétait son entourage.

Pères et fils

Cela pourrait simplement être la preuve d'un homme passionné, mais la famille d'Eduard n'était pas dupe. Quelque chose clochait chez le jeune garçon tranquille qu'ils avaient connu. En outre, Eduard s'est particulièrement intéressé à l'auto-analyse, notamment à l'analyse des pères et des fils.

Se replier sur lui-même

Il écrit un jour à son père : "Les gens qui occupent leur temps à des travaux intellectuels mettent au monde des enfants maladifs, nerveux parfois, voire complètement idiots (par exemple, toi et moi)." Eduard était si sévère envers sa propre personne qu'il a commencé à se replier sur lui-même, refusant de sortir de sa chambre.

Le diagnostic d'Eduard

Quand Eduard cessa d'aller à l'école, Albert sut que son fils était dans une mauvaise passe. Et en dépit de ses réserves à l'égard de la psychanalyse, Albert était conscient qu'Eduard devait consulter un médecin. À l'âge de 21 ans, Eduard est diagnostiqué comme étant atteint de schizophrénie.

Seulement deux options

Ce diagnostic était difficile à supporter pour Albert Einstein, notamment en raison de ses doutes quant à la validité de la psychanalyse. "Les choses ne vont pas être faciles pour lui", se désole Albert dans une lettre. Les souffrances de son pauvre Tete le rendent malheureux. À l'époque, la famille n'a que deux options face à l'état d'Eduard.

En institution

Ils pouvaient choisir de laisser Eduard à son sort ou de le placer dans une institution. Après avoir vu le garçon se battre pendant deux ans contre la maladie, la famille fini par choisir la seconde solution. Alors que l'état mental d'Eduard continue de se dégrader, Albert écrit : "L'état de mon petit garçon me déprime profondément."

Totalement transformé

Mais Albert essayait tout de même d'être présent pour son fils. Il lui rendait visite de temps en temps, en apportant généralement les instruments de musique avec lesquels ils avaient l'habitude de jouer ensemble. Mais à chaque visite, Eduard semblait être une personne différente, une personne dont l'identité entière avait été arrachée par une maladie. Au début, Albert chercha un coupable.

Résister aux analyses

Il pensait que la maladie mentale d'Eduard était héréditaire et qu'elle avait été transmise par le côté maternel de la famille. Il estimait que "personne ne pouvait rien faire" pour l'état d'Eduard et refusait la psychanalyse, qui était à l'époque un traitement très répandu de la schizophrénie.

La tension monte

Dans les années 1930, l'Eduard que les Einstein avaient élevé était devenu presque méconnaissable. Eduard a même essayé de se jeter par la fenêtre. Heureusement, il fut sauvé par Mileva. La tension augmentait également en dehors de la famille Einstein.

Une réalité terrifiante

Il était devenu clair pour Albert que lui et sa famille n'étaient plus les bienvenus dans certaines régions d'Europe. Suite à la montée en puissance de l'Allemagne nazie, il avait essayé de faire déménager toute sa famille aux États-Unis. Le génie imaginait un avenir où tous ses enfants, y compris Eduard, pourraient être réunis. Mais ce n'était pas malheureusement pas réaliste.

Einstein réalise quelque chose

L'état d'Eduard est devenu si grave qu'il lui était impossible de quitter la Suisse. À sa grande tristesse, Albert est contraint de quitter l'Europe sans son plus jeune fils. Ils continuent pourtant à correspondre, et c'est à travers les lettres d'Eduard qu'Albert prend conscience d'un fait troublant.

Des "traitements" dangereux

Albert a peut-être résisté à la psychanalyse, mais cela ne signifie pas pour autant qu'Eduard n'a pas pu recevoir d'autres types de traitement pour sa schizophrénie. Et ces traitements — les divers médicaments, les "cures" expérimentales, la thérapie électroconvulsive, etc.  ont fait plus de mal que de bien, selon Albert. 

Sans espoir

Hans partage cet avis, en particulier en ce qui concerne la thérapie électroconvulsive. Il estime que ce traitement, au cours duquel une crise est provoquée par un courant électrique, endommage définitivement la mémoire et les capacités cognitives d'Eduard. Pendant ce temps, la famille assiste de loin à la nouvelle mise en institution d'Eduard.

Derrière des portes closes

Finalement, les placements intermittents en institution sont devenus permanents lorsque la principale personne responsable d'Eduard, Mileva, décède en 1948. Albert Einstein ne revit jamais Eduard en personne jusqu'à la mort du célèbre physicien en 1955. Eduard se résigne alors à être interné à vie.

Après sa mort

Certaines des dernières paroles d'Albert Einstein étaient un commentaire sur le thème de la mort : "Je veux partir quand je le voudrai", a-t-il déclaré. "Prolonger artificiellement la vie est de mauvais goût. J'ai fait ma part ; il est temps de partir. Je le ferai avec élégance." Et c'est ainsi que, le 18 avril 1955, il s'éteint paisiblement au Penn Medicine Princeton Medical Center, dans le New Jersey.

Thomas Harvey

Dans les jours suivant la mort d'Albert, victime d'une rupture d'anévrisme de l'aorte abdominale en d'autres termes, une hémorragie interne un médecin, Thomas Harvey (photo) est chargé de l'autopsie. Le pathologiste et médecin de l'hôpital universitaire de Princeton ressent un poids énorme sur ses épaules. Mais il a également perçu l'opportunité.

Des découvertes choquantes

Devant lui se trouvait le cadavre d'une des personnes les plus intelligentes ayant jamais vécu. Une autopsie pouvait sûrement nous apprendre quelque chose ? Peut-être, pensait Harvey, apprendrait-il comment Albert Einstein était devenu si intelligent. Peut-être qu'il pourrait découvrir quelque chose qui pourrait vraiment aider l'humanité.

Mais pourquoi?

Harvey s'est rapidement plongé dans ce travail, se demandant quelles étaient les clés de l'intelligence humaine qui se cachaient dans les profondeurs du cerveau du physicien. Finalement, sa curiosité a eu raison de lui. Ce médecin passionné a fait l'impensable, et a ramené le cerveau d'Albert Einstein chez lui.

Contre sa volonté

Malheureusement, un obstacle important se dressait sur le chemin d'Harvey et de ses ambitions scientifiques : la famille d'Albert. Par respect pour la volonté du génie, ils ne voulaient tout simplement pas qu'un médecin du New Jersey réquisitionne son cerveau. Le physicien voulait partir avec élégance, après tout.

Quelles étaient ses dernières volontés ?

Cela dit, d'autres sources affirment qu'Albert Einstein a bel et bien autorisé l'étude de son cerveau. Une biographie de 1979 consacrée au physicien, écrite par Ronald Clark, indique qu'Einstein "avait insisté pour que son cerveau soit utilisé à des fins de recherche et qu'il soit incinéré". Néanmoins, faire passer son cerveau en fraude dans une cave du New Jersey n'est sans doute pas quelque chose qu'Albert aurait approuvé.

Un appel passionné

Alors que son expérience semblait sur le point de tourner court, Harvey a lancé un appel passionné à la famille, en insistant sur le fait que le cerveau d'Albert aiderait le monde à mieux comprendre l'intelligence humaine. Finalement, la famille a cédé et a accédé à la demande du médecin. Cependant, d'autres membres de la communauté scientifique furent scandalisés.

Et si?

La communauté scientifique se disait pourquoi pas, mais que faire si Harvey avait d'autres motivations en tête? Après tout, la science était loin d'être ce qu'elle est aujourd'hui, et les possibilités d'étudier le cerveau étaient limitées. Allait-il vraiment pouvoir apprendre quelque chose en le ramenant chez lui ?

Un autre s'exprime

Selon Brian Burrell, historien d'Albert Einstein et auteur de Postcards from the Brain Museum, les objectifs d'Harvey n'étaient pas irréalistes, mais ils étaient limités par ses compétences de médecin. Il a rappelé ce que beaucoup d'autres membres de la communauté scientifique disaient également.

Il convient de rappeler

"Il convient de rappeler que Thomas Harvey n'était pas un spécialiste du cerveau", a déclaré Burrell. "Sa compréhension du cerveau ne dépassait pas le stade du diagnostic post-mortem de maladie, d'atrophie ou de lésion." L'historien insinue également qu'il s'agit d'un comportement frauduleux.

Bonnes intentions

"[Harvey] n'avait ni les moyens ni l'expertise nécessaires pour mener à bien l'étude qu'il avait proposée au fils d'Einstein", conclut Burrell. Donc, si la demande visant à étudier le cerveau d'Albert Einstein n'était pas nécessairement malveillante, il semble que le Dr Harvey ne possédait tout simplement pas assez de connaissances dans ce domaine. Néanmoins, il a poursuivi son étude.

L'étude

Le Dr Harvey a photographié le cerveau sous différents angles et a effectué quelques examens de base. Il a ensuite coupé le cerveau en plusieurs morceaux, le disséquant en environ 240 blocs d'environ un centimètre. Il a conservé certaines parties pour lui-même et a envoyé d'autres parties à des collègues pour qu'ils les étudient.

Un cercle infernal

Malheureusement pour Harvey, sa carrière scientifique a pris un tour dramatique suite à cette histoire de cerveau. Peu de temps après avoir commencé son étude, le docteur a en effet perdu son emploi à Princeton, sa femme a divorcé de lui et il a connu une série d'échecs relationnels. Sa vie était en train de changer – et pas pour le mieux.

William

Le Dr Harvey a alors rencontré le célèbre écrivain américain William Seward Burroughs pour lui parler du cerveau d'Albert Einstein. Harvey était convaincu qu'un esprit littéraire l'aiderait à mieux comprendre ce qu'il avait sous les yeux. Quant à lui, Burroughs se vantait d'avoir accès à volonté à un morceau du cerveau d'Einstein.

Pas inutile

Le sort du cerveau est obscur. Des morceaux ont été envoyés à des scientifiques et apparemment à des auteurs  à travers tout le pays. En 1978, plus de vingt ans après, le Dr Harvey avait encore des morceaux stockés dans des bocaux ; en 2013, 46 ont été remis au Mütter Museum de Philadelphie. Heureusement, les spécialistes ayant mis la main sur les morceaux du cerveau ont fait des découvertes instructives.

Regardez ce cortex...

Une étude de novembre 2012 intitulée "Le cortex cérébral d'Albert Einstein : description et analyse préliminaire de photographies inédites" révèle des conclusions éloquentes : "Bien que la taille globale et la forme asymétrique du cerveau d'Einstein soient normales", explique l'étude, "les cortex préfrontal, somatosensoriel, moteur primaire, pariétal, temporal et occipital étaient extraordinaires." Et de nouvelles recherches ont permis d'en découvrir encore bien plus.

Les cellules gliales

Parmi les autres caractéristiques uniques d'Einstein figuraient des cellules gliales en surnombre, qui contribuent à maintenir l'homéostasie du corps (un équilibre interne sain). Une autre étude indique que son tissu cérébral était plus fin que la moyenne. Enfin, une autre étude a révélé un pliage anormal de certaines parties de son cerveau. Il y avait donc une grande activité autour de ce cerveau — mais certaines de ces études ont été fortement critiquées.

Non concluante

Certains experts dénoncent un biais de publication dans les recherches sur le cerveau d'Einstein, car les études qui affirment qu'il était extraordinaire sont publiées dans les journaux, tandis que les études moins intéressantes qui affirment que son cerveau n'avait rien de spécial sont laissées de côté. Mais surtout, les experts débattent toujours de la question de savoir si le cerveau bizarre d'Einstein avait un rapport avec son intelligence.

L'obsession d'un homme

Cette saga semble avoir surtout être la conséquence des obsessions d'un homme en particulier. "C'était censé être son grand porte-bonheur, mais en fait, il s'agissait plutôt d'une relique maudite", explique Carolyn Abraham, historienne spécialiste d'Einstein. "Il a tout perdu après avoir emporté ce cerveau".

Héritage supplémentaire

"Tant que la langue d'Einstein ornera des t-shirts," dit Carolyn, "on continuera à parler de son cerveau." Mais ce n'est pas seulement le cerveau qui fascine les experts à propos d'Einstein. C'est son esprit vraiment unique en son genre qui a fait de lui un être exceptionnel.

Les effets d'une boussole

La passion scientifique d'Einstein commença véritablement lorsqu'il eut cinq ans et que son père lui offrit une boussole. Fasciné par sa capacité à pointer toujours dans la même direction, il commence à se poser davantage de questions sur le monde qui l'entoure.

Le syndrome d'Einstein

L'homme qui incarnerait un jour le pur génie ne semblait pas particulièrement doué dans son enfance. Il n'a en effet commencé à parler qu'à l'âge de trois ans. Les scientifiques utilisent aujourd'hui le terme de "syndrome d'Einstein" pour désigner ces parleurs tardifs.

Le théorème de Pythagore

Enfant, Einstein se frotte à de nombreux professeurs car il s'ennuie dans le système scolaire conventionnel. Il préfère apprendre par lui-même. Par exemple, Albert, âgé de douze ans, a développé une preuve totalement originale du théorème de Pythagore ! Et croyez-le ou non, il y a aujourd'hui des enfants brillants qui pourraient devenir le prochain Einstein.

Les instruments à cordes

Au grand dam d'Einstein, sa mère Pauline lui a imposé l'apprentissage du violon dans son enfance. Mais sa perspective bascule à l'âge de 13 ans lorsqu'il tombe amoureux de cet instrument. Le violon restera l'une de ses plus grandes passions pour le reste de sa vie.

Aprnews avec Social.entrepreneur