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Pêche : tout comprendre au désaccord entre la France et le Royaume-Uni

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Jeudi, 28 octobre 2021

Pêche : tout comprendre au désaccord entre la France et le Royaume-Uni

La tension est encore montée d’un cran ces derniers jours, la France menaçant de mettre en œuvre des mesures de rétorsion à partir du 2 novembre si la Grande-Bretagne n’assouplissait pas sa position sur les licences de pêche accordées aux pêcheurs français. Comment en est-on arrivé là ?

Au commencement, le Brexit

Source de la discorde : le volet sur la pêche de l’accord post-Brexit, arraché le 24 décembre 2020. Y est notamment prévu qu’en dépit du divorce, les pêcheurs européens pourront continuer à jeter leurs filets au large des côtes britanniques, moyennant l’obtention d’une licence, délivrée s’ils prouvent leur activité dans ces eaux entre 2012 et 2016. Cet accord transitoire doit courir jusqu’à l’été 2026, date à laquelle les captures autorisées dans les eaux de sa Majesté pour les pêcheurs européens diminueront de 25 %.

La bataille porte sur le nombre de licences octroyées

Le gouvernement de Boris Johnson assure avoir rempli ses obligations. Début octobre, il a fait savoir, par l’intermédiaire de David Frost, secrétaire d’État en charge du Brexit, qu’il avait délivré « 98 % des licences demandées par des bateaux européens pour pêcher dans ses eaux ». Le chiffre est régulièrement martelé depuis.

Annick Girardin, la ministre française de la mer, a démenti le chiffre avancé par ses homologues britanniques. « C’est faux. Les Européens ont demandé 2 127 licences, les Britanniques en ont donné 1913, cela fait 90 %. Et tous ceux qui n’ont pas de licence, ce sont des Français, à part un ou deux Belges », a-t-elle déclaré. Mercredi 27 octobre, lors de l’annonce de mesures de rétorsion contre les Britanniques, Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, a aussi estimé « qu’il manque quasiment 50 % des licences auxquelles nous avons droit ». Paris réclame 244 licences en plus des 200 déjà octroyées à ses pêcheurs nationaux.

L’enjeu économique

L’accès à la zone économique exclusive (ZEE) britannique, cet espace de 200 miles nautiques (environ 370 km), est fondamental pour les pêcheurs français et européens. C’est la plus vaste et la plus poissonneuse de toute l’Europe. « Nos pêcheurs y réalisent, en moyenne, 30 % de leurs prises pour une valeur de 180 millions d’euros », rappelait à La Croix Gérard Romiti, président du comité national des pêches maritimes.

À l’inverse, les pêcheurs britanniques s’aventurent peu dans les eaux européennes qui leur fournissent moins de 20 % de leurs prises. « Mais le poisson qu’ils pêchent, c’est nous qui le mangeons. Ce qui les rend très dépendants du marché unique », expliquait à La Croix Pierre Karleskind, président de la commission pêche du Parlement européen. De fait, avant le Brexit, 75 % de la pêche britannique s’écoulait de l’autre côté de la Manche, dont près de la moitié en France, son premier client.

Des sanctions après des mois d’impasse

Le gouvernement français a brandi, mercredi 27 octobre, la menace de mesures de rétorsion à compter de mardi 2 novembre. Les pêcheurs britanniques se verraient interdits de débarquer leurs produits dans les ports français ; les contrôles douaniers, sécuritaires et sanitaires sur tous les navires britanniques seraient renforcés et des contrôles zélés seraient effectués sur les camions au départ et à destination de l’île de sa Majesté, principalement via Calais.

Aprnews avec La Croix