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Paris : convoqué par une juge d’instruction, l’ancien Premier ministre de la Côte-d’Ivoire brandit son immunité

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Vendredi, 26 novembre 2021

Paris : convoqué par une juge d’instruction, l’ancien Premier ministre de la Côte-d’Ivoire brandit son immunité

Guillaume Soro, visé par une plainte du fils de Laurent Gbagbo pour enlèvement et séquestration en 2011, ne s’est pas présenté ce mercredi après-midi au cabinet de la magistrate Sabine Kheris.

« Elle ne fait pas de bruit mais elle ne lâche rien ». Lors du portrait que nous avions consacré à Sabine Kheris, l’avocat Joseph Cohen-Sabban ne tarissait pas d’éloge à son sujet. La juge d’instruction parisienne, connue notamment pour avoir réussi à faire parler le tueur en série Michel Fourniret, ne fait pas défaut, encore une fois, à sa réputation d’opiniâtreté.

Elle a une nouvelle fois convoqué ce mercredi Guillaume Soro dans le cadre d’une instruction pour enlèvement et séquestration visant l’ancien Premier ministre ivoirien et neuf militaires de ce pays. Selon nos informations, l’homme d’État ne s’est pas rendu au cabinet de la magistrate, en mettant en avant son immunité.

L’affaire remonte à près de dix ans. En 2010, battu à l’élection par son rival Alassane Ouattara, et retranché dans le palais présidentiel, l’ancien chef d’État ivoirien Laurent Gbagbo est finalement arrêté. Il n’est pas le seul. Son fils Michel, âgé aujourd’hui de 52 ans, affirme avoir ensuite été enlevé, séquestré et victime de traitements inhumains et dégradants pendant quatre mois.

Le parquet ne veut pas poursuivre

Selon lui, le responsable c’est Guillaume Soro, allié de Ouattara dont il deviendra le Premier ministre. Une première plainte est déposée au parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Que vient faire la France dans cette histoire ? Tout simplement, Michel Gbagbo possède la double nationalité franco-ivoirienne. La plainte est transmise au parquet de Paris. Le procureur de l’époque, François Molins, la classe sans suite en 2012. « La coutume internationale s’oppose à la poursuite des États et de leurs dirigeants devant les juridictions pénales d’un État étranger », estime-t-il.

Michel Gbagbo n’abandonne pas et porte plainte avec constitution de partie civile. Le parquet ne veut toujours pas entendre parler de cette affaire et prend des réquisitions de refus d’informer en 2013. La juge d’instruction Sabine Kheris est tout de même saisie par sa doyenne. Elle peut très bien instruire pour vérifier si l’immunité s’applique ou pas dans cette affaire. La Côte d’Ivoire, c’est un pays que la magistrate connaît bien. Elle avait notamment enquêté sur le bombardement qui avait coûté la vie à neuf soldats français en 2004 à Bouaké. Elle avait alors pointé les responsabilités de Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin et Michel Barnier, alors ministres de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires étrangères.

Ses avocats réclament « l’annulation de toute la procédure »

Sabine Kheris convoque donc Guillaume Soro, devenu président de l’assemblée nationale ivoirienne, pour l’entendre sous le statut de témoin assisté. Comme il ne répond pas ses avocats diront qu’il s’agit d’une « erreur du consulat de France » la magistrate délivre un mandat d’amener. En Côte d’Ivoire, sans surprise, Guillaume Soro met en avant son immunité. De quoi faire bondir l’avocate de Michel Gbagbo qui dénonce à l’époque à nos confrères de RFI la confusion « entre immunité et impunité ».

Du côté de Guillaume Soro, c’est pourtant une évidence. « Les faits dénoncés par Michel Gbagbo qui sont du reste vivement contestés - relèvent d’actes de souveraineté de l’État de Côte d’Ivoire, protégés par l’immunité issue du droit international coutumier », soulignent ses avocats Robin Binsard, Afoussy Bamba et Charles Consigny. Ce mercredi, à l’issue de la convocation, ils ont réclamé « l’annulation de toute la procédure ».

Aprnews avec Leparisien