La junte au pouvoir en Guinée vient de décréter que l’aéroport de Conakry portera dorénavant le nom de Sékou Touré. Une pétition est lancée pour s’opposer à une la célébration que les signataires du texte ci dessous considèrent comme un tyran.

Pas d’aéroport Sékou Touré à Conakry ! Pas de Stade Videla à Buenos-Aires ! Pas d’Avenue Pinochet à Santiago ! Pas de Place Pol-Pot à Phnom- Pen ! Pas d’Avenue Mobutu à Kinshasa ! Pas de Boulevard Hissène Habré à N’Djamena ! Pas de Square Mengistu Haïle Meriem à Addis-Abeba !

La décision solitaire et inattendue de la junte au pouvoir, prise sans concertation (le Premier Ministre n’a même pas été consulté), brise dans l’œuf le fol espoir que le coup d’état avait suscité le 5 Septembre 2021 en mettant fin au régime répressif et corrompu d’Alpha Condé. Elle profane non pas les tombes (elles n’en ont jamais eu) mais les fosses communes des victimes du Camp Boiro, offense leurs veuves et leurs orphelins, décrédibilise le système de transition en cours et sème au sein de la société guinéenne les germes d’une division lourde de conséquences pour le futur.

Fanatisme idéologique

Sékou Touré a certes symbolisé l’Indépendance guinéenne en 1958 mais son fanatisme idéologique et son goût immodéré pour le pouvoir personnel ont vite fait de lui le despote sanguinaire que l’on sait. Ce petit Staline tropical qui avait transformé son pays en prison à ciel ouvert a exterminé par « diète noire » ou par pendaison publique, au moins 50 000 de ses compatriotes dans un pays qui comptait alors à peine 6 000 000 d’habitants. Dans la mémoire collective guinéenne, « l’Homme du 28 Septembre 1958 » a disparu, le tyran a largement pris le pas sur le héros.

Du Janus Sékou Touré, il ne reste plus qu’une seule face, celle hideuse du criminel. C’est faire peu cas de la vie humaine que de vouloir réhabiliter un tel dictateur. Et en tout état de cause, le rôle d’un gouvernement de Transition se limite à organiser des élections régulières tout en expédiant les affaires courantes. Les questions de fond (décidément, le cas Sékou Touré en est une) reviennent de fait à un gouvernement issu des urnes.

Un décret illégal

Ce décret est indécent. Ce décret est illégal. C’est un signe manifeste d’abus de pouvoir. Disons non maintenant avant qu’il ne soit trop tard ! Nous exhortons tous les démocrates à signer cette pétition. Pour avancer nous devons faire reculer la tyrannie partout où elle montre le bout de nez. Nous exhortons les démocrates du monde entier à signer cette pétition.

Nous appelons démocrates ceux qui vivraient comme une douleur intime l’existence de lieux publics aussi repoussants que : les Arènes Franco de Madrid, le Gymnase Pinochet de Santiago, le Stade Videla de Buenos-Aires, la Place Pol-Pot de Phnom- Pen, le Square Mengistu Haïle Meriem d’AddisAbeba,l’Avenue Mobutu de Kinshasa, le Boulevard Idi Amin Dada de Kampala ou l’Aéroport Hissène Habré de N’Djamena…

par Sy Savané M. Saliou, Consultant chez Boislandry Consulting