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Mort d'Idriss Déby : « Sans le Tchad, l’opération Barkhane risque de devenir plus difficile à mener »

Aprnews - Mort d'Idriss Déby : « Sans le Tchad, l’opération Barkhane risque de devenir plus difficile à mener » - Actualité - Tchad
Mercredi, 21 avril 2021

Mort d'Idriss Déby : « Sans le Tchad, l’opération Barkhane risque de devenir plus difficile à mener »

Il était l’un des principaux alliés de la France dans sa lutte contre le terrorisme au Sahel. Idriss Déby, président du Tchad depuis trente ans, est mort le 20 avril lors de combats contre des forces rebelles. Son fils, Mahamat Idriss Déby a été propulsé à la tête d’une junte militaire et concentre désormais presque tous les pouvoirs. Une promotion qui suscite depuis l’indignation des principaux partis d’opposition tchadiens qui dénoncent ce mercredi « un coup d’Etat institutionnel ».

Mort d'Idriss Déby : « Sans le Tchad, l'opération Barkhane risque de devenir  plus difficile à mener »

Si le pays faisait jusqu’ici office d’îlot de stabilité dans une région menacée par diverses organisations terroristes, la mort d’Idriss Déby représente, selon le député Thomas Gassilloud, un « risque sécuritaire ». Pour l’élu du groupe « Agir ensemble » et membre de la mission d’information sur Barkhane, un désengagement du Tchad dans la lutte contre le djihadisme pourrait compliquer la poursuite de cette délicate opération militaire.
Quel rôle le président Tchadien et son armée jouaient-ils dans la lutte contre le terrorisme au Sahel ?

Au Sahel, ce pays joue un rôle particulier en matière de lutte contre le terrorisme puisque c’est un état contributeur de solutions de sécurité. Alors que d’autres états ont besoin de renforts, le Tchad, lui, contribue à cet effort. Un bataillon de 1.200 hommes a par exemple été envoyé dans la zone dite des « trois frontières », entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Et 400 soldats tchadiens sont aussi déployés au sein de la Minusma, la force de l’ONU dans la région. Enfin, le Tchad assure la présidence du G5 Sahel. C’est un rôle extrêmement important puisque la présidence impulse la feuille de route sur le plan sécuritaire. Ce pays est un foyer de relative stabilité au milieu d’une zone d’insécurité. Au nord vous avez la Libye, à l’ouest se trouve l’ensemble de la zone sahélienne et au sud, la République centrafricaine. Ces trois zones ont connu et connaissent encore des turbulences sécuritaires importantes. Et en parallèle, le Tchad est confronté à Boko Haram sur sa frontière sud-ouest. N'Djamena, la capitale, est située à quelques dizaines de kilomètres seulement des lieux de combat où cette organisation terroriste sévit.

Sa mort peut-elle mettre en péril la poursuite de l’opération Barkhane ?

C’est un peu tôt pour le dire. Ce qu’on peut noter, c’est que si le Tchad décidait de moins s’engager dans la lutte contre le djihadisme, cela signifierait concrètement moins de forces disponibles pour la sécurité au Sahel. Il faut rappeler que l’état-major de l’opération Barkhane est situé à N'Djamena, dans ce qu’on appelle le PCIAT – le poste de commandement interarmées de théâtre – où la France dispose d’avions de chasse sur place. C’est donc un poste stratégique. Aujourd’hui, le renfort tchadien au sein de Barkhane est particulièrement apprécié et sans le Tchad, ce serait un peu plus difficile. Ce serait toujours possible, mais chaque allié est précieux dans cette guerre au Sahel. Et les renforts tchadiens sont aussi importants d’un point de vue qualitatif. Leurs troupes sont très mobiles, très combatives, elles n’hésitent pas à aller au contact de l’adversaire.

Une instabilité au Tchad est-elle susceptible d’entraîner un risque sécuritaire en Europe et en France selon vous ?

Si le Tchad traverse une zone de turbulences, il est possible qu’une partie des soldats mobilisés contre le terrorisme soient redéployés pour s’occuper de la scène nationale. Or tout renfort est bon à prendre donc ça peut poser des difficultés sur le front de la lutte contre le djihadisme. Moins de partenaires agissent au Sahel, plus cela pose un problème de sécurité. Aujourd’hui, je suis ni optimiste ni pessimiste, mais réaliste. Le Sahel reste une zone d’instabilité, il est donc important que la communauté internationale se mobilise pour accompagner les états de la région. Ce qui compte aussi, c’est que les populations civiles aient confiance en leur état et que la transition politique se fasse rapidement. Pour lutter contre le djihadisme, la solution démocratique demeure la plus efficace.

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