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Mort de George Floyd. Voici les douze jurés ayant reconnu Derek Chauvin coupable

Mort de George Floyd. Qui sont les douze jurés ayant reconnu Derek Chauvin coupable de meurtre ? - Actualité - USA
Mercredi, 21 avril 2021

Mort de George Floyd. Voici les douze jurés ayant reconnu Derek Chauvin coupable

Au terme de trois semaines de procès, de visionnage de vidéos et de dépositions de 45 témoins, les douze jurés ont jugé Derek Chauvin coupable de meurtre, d’homicide involontaire et de violences volontaires ayant entraîné la mort de George Floyd. L’affaire étant très médiatisée, le jury est resté sous couvert d’anonymat durant le procès.

Des millions de personnes ont défilé après la mort de George Floyd. Mais seules douze personnes ont dû se prononcer sur le sort de Derek Chauvin, le policier qui s’est agenouillé sur le cou du quadragénaire afro-américain pendant plus de neuf minutes alors que l’homme noir haletait « je ne peux pas respirer ».

À l’issue de dix heures de délibération, les douze jurés l’ont reconnu coupable, mardi 20 avril, des trois chefs d’accusations qui pesaient contre lui : meurtre, homicide involontaire et violences volontaires. Une décision historique qui aura des répercussions dans tout le pays et relancera les débats sur le racisme, le maintien de l’ordre et les violences policières.

Comment ont-ils été sélectionnés ?

Avant d’être sélectionnés, les jurés ont reçu un questionnaire détaillé de seize pages par courrier en décembre.

On leur a demandé s’ils avaient vu la vidéo de la mort de George Floyd et, si oui, combien de fois. Ils ont été interrogés sur leur consommation de médias et sur leur éventuelle participation à des manifestations après la mort de l’Afro-Américain et, dans l’affirmative, s’ils portaient des pancartes.

Bien que ce niveau d’examen ne soit pas typique de la plupart des procès avec un jury, les experts affirment que des questionnaires préventifs sont utilisés dans les affaires importantes, fortement médiatisées, telles que l’attentat à la bombe du marathon de Boston ou le procès de la fusillade en 2012 du cinéma d’Aurora, dans le Colorado.

Une fois sélectionnés, les jurés sont restés sous couverts d’anonymat, protégés de la vue du public et transportés vers et depuis la salle d’audience sous garde armée. Et lorsque les délibérations ont commencé, le groupe a été séquestré du public.

Cependant quelques informations sur leur tranche d’âge, leur sexe, leur origine ethnique et l’audio de leurs entretiens pendant la sélection du jury ont été rendues publiques.

Juré n° 9 : Une femme métisse de vingt ans

Elle a grandi dans une petite ville du nord du Minnesota et a un oncle officier de police. Elle était « excitée » de recevoir une convocation dans cette affaire, dont « tout le monde a entendu parler, dont tout le monde a parlé et dont tout le monde va parler longtemps après la fin du procès. »

Juré n° 92 : Une femme blanche, la quarantaine

Elle pense que les Blancs sont favorisés par le système judiciaire, mais elle n’est pas du tout d’accord avec l’acharnement contre la police. Elle a déclaré durant son entretien que le portrait médiatique de Derek Chauvin le dépeignait comme « un flic agressif avec des problèmes fiscaux », ce qui a fait rire l’avocat de l’ancien officier.

Juré n° 27 : Un homme noir, la trentaine

Immigrant arrivé aux États-Unis il y a plus de dix ans, l’homme a vécu près de l’endroit où George Floyd a été tué. Il aurait dit à sa femme, après avoir visionné la vidéo de la mort du quadragénaire afro-américain : « Ça aurait pu être moi. »

Juré n° 91 : Une femme noire, la soixantaine

Originaire du sud de Minneapolis, le juré n° 91 a indiqué avoir un parent dans les forces de police de la ville, mais ils ne sont pas proches. Elle a déclaré voir le mouvement Black Lives Matter d’un bon œil, en affirmant : « Je suis noire. Ma vie compte ».

Juré n° 44 : Une femme blanche, la cinquantaine

Cadre dans une association de santé et mère célibataire de deux adolescents, la jurée a déclaré avoir discuté du privilège des blancs avec un collègue noir. Le fils de son collègue a le même âge que son aîné, « mais mon fils est blanc, et s’il se fait arrêter, il n’a pas de raison d’avoir peur. »

Juré n° 52 : Un homme noir, la trentaine

Il n’a pas vu la vidéo de la mort de George Floyd dans son intégralité, mais il s’est demandé pourquoi les autres officiers présents sur les lieux n’ont pas arrêté Derek Chauvin. Le juré n° 52 a exprimé des opinions mitigées sur la police, disant avoir vu un policier « frapper au corps puis asperger de gaz lacrymogène un individu simplement parce qu’il n’avait pas obéi assez vite à un ordre ». Cependant il fréquente des officiers de police à son club de gym, qu’ils qualifient « de gars super ».

Juré n° 79 - Un homme noir, la quarantaine

Cet immigrant, qui vit dans la banlieue de Minneapolis depuis vingt ans, a déclaré lors de son entretien avoir une opinion « neutre » sur Derek Chauvin. Il souhaitait entendre davantage sa version avant de porter un jugement.

Juré n° 118 - Une femme blanche, la vingtaine

« Cette prise fait-elle partie de sa formation de policier ? » s’est interrogée cette assistante sociale récemment mariée à propos de Derek Chauvin. Selon elle, des changements sont à opérer dans la police mais elle s’oppose fermement à la réduction du financement de la police.

Juré n° 131 : Un homme blanc, la vingtaine

Ce comptable marié s’est demandé pourquoi quatre policiers ont répondu à un appel au 911 concernant un faux billet de 20 $. L’homme a également critiqué les athlètes professionnels qui se sont agenouillés pendant l’hymne national, en soutien au mouvement Black Lives Matter.

Juré n° 2 : Un homme blanc, la vingtaine

Ce juré a déclaré qu’il n’avait jamais regardé la vidéo de la mort de George Floyd, mais qu’il avait vu une photo de du policier agenouillé sur son cou. Durant l’entretien, l’homme s’est décrit comme étant prêt à changer d’avis sur certaines questions.

Juré n° 96 : Une femme blanche, la cinquantaine

Selon la juré n° 96, la vidéo ne montrait peut-être pas l’intégralité de ce qui s’était passé, la qualifiant de « bribe ». Elle pense également que Derek Chauvin « a joué un rôle différent dans la situation que les autres officiers » présents.

Juré n° 85 : Une Femme métisse, la quarantaine

Se décrivant elle-même comme « une mère et une épouse qui travaille », elle a décrit les officiers de police comme des êtres humains qui « peuvent faire des erreurs ». Elle a également convenu que les gens qui n’écoutent pas la police sont eux-mêmes à blâmer. « Vous respectez la police et faites ce qu’elle demande » a-t-elle ajouté.

« Un jury juste et impartial »

Le choix d’un jury dans une affaire très médiatisée présente un défi inhabituel, selon les avocats et les experts juridiques. Les jurés potentiels sont déjà chargés d’informations sur ce qui s’est passé, ce qui peut rendre difficile de trouver des personnes ouvertes à entendre les faits au tribunal et à changer d’avis.

« À moins que vous ne viviez sous une roche, il n’y a personne à Minneapolis, et probablement personne aux États-Unis, qui ne connaisse pas la mort de George Floyd », souligne Daniel S. Medwed, professeur de droit à la Northeastern University au Washington Post« Vous voulez des gens qui ont entendu parler de l’affaire mais qui sont prêts à mettre de côté tout préjugé préexistant ou toute opinion initiale sur la culpabilité ou l’innocence. »

Ouest France