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Mode- Les footballeurs Africains : Ces rois de la sape

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Mardi, 26 juin 2018

Mode- Les footballeurs Africains : Ces rois de la sape

APRNEWS- Aubameyang, Pogba, Mbappé, Adebayor, Drogba… Il n’y a pas que sur le terrain que les footballeurs cultivent leur style.

Les nouvelles et anciennes stars du ballon rond brillent plus que jamais par leur style vestimentaire. A l’heure des réseaux sociaux, les footballeurs sont autant admirés pour leurs performances sportives que pour leurs apparitions en « civil ». Alors que leurs aînés affichent une élégance maîtrisée, les jeunes joueurs, eux, n’hésitent pas à se faire remarquer par un style plus tape-à-l’œil. Ce besoin de s’affirmer en dehors du terrain n’a rien d’étonnant pour Qays Zeroual, consultant en communication spécialiste sport, mode et youth culture. « Depuis leur plus jeune âge, ils portent tous la même tenue pour les entraînements et les matchs. Quand ils peuvent se laisser aller, c’est souvent avec exubérance parce qu’ils cherchent à affirmer leur identité. Ils sont, en un sens, les dérivés sportifs des sapeurs. » Sur le terrain, les joueurs cherchent à rompre avec l’uniformité des maillots, par le biais d’expériences capillaires souvent audacieuses. « La coiffure reste leur seul espace de liberté pour s’exprimer et être reconnaissables », ajoute Qays Zeroual.

Pierre-Emerick Aubameyang, Mario Lemina, et Djibril Cissé.

Au-delà de cette recherche de visibilité hors du terrain et dessus, certains footballeurs développent un véritable intérêt pour la mode, à l’image de Mario Lemina, international gabonais évoluant au Southampton FC. Interviewé par le magazine de mode « Antidote », le milieu de terrain de 24 ans explique qu’il privilégie la qualité et la coupe, et cite des marques telles qu’« Off-white, Y/Project, MISBHV, Balenciaga, Balmain ou encore Juun.J » comme références esthétiques. Plus pointu, plus intellectuel, le style des footballeurs aurait-il trouvé grâce aux yeux du monde de la mode ? « Je ne crois pas que les marques regardent les footballeurs différemment. Par contre, les codes vestimentaires du foot inspirent la mode. C’est le sport le plus fédérateur, celui qui touche une cible à l’échelle mondiale », répond Qays Zeroual. Et ça n’est pas par simple goût pour la mode que l’attaquant du PSG Neymar se trouve à côté du champion de formule 1 Lewis Hamilton aux premiers rangs des défilés londoniens. « C’est surtout un échange de bons procédés. D’un côté le joueur et son club gagnent en crédibilité, et de l’autre la marque ou le créateur touche la cible des fans du footballeur via les réseaux sociaux. Quand Neymar publie une photo de lui au défilé Hilfiger, elle atteint une cible bien plus large que celle de la marque. » Et quand il porte un hoodie Supreme x Louis Vuitton, la photo devient la plus prisée de l’année !

Samuel Eto’o assiste au match Chili-Cameroun en juin 2017 au Spartak Stadium.

Pour Judith Apey, consultante en marketing et identité de marque, la situation des joueurs évoluant en Afrique est tout autre. « Les joueurs africains sont de vrais amateurs de mode. Etre bien habillé fait partie de leur culture et c’est une fierté de porter de grandes marques avec des tenues plus traditionnelles comme le super 100. Au Nigeria, les footballeurs sont de véritables influenceurs et les griffes s’intéressent à eux. Dans les autres pays, les sportifs n’ont pas d’objectif commercial, leur démarche reste spontanée. » Une élégance naturelle qui vaut pourtant de l’or pour les marques et en premier lieu pour les équipementiers et les sponsors. Cofondatrice de l’agence Deen in Sports Management, l’experte en stratégie de marque mise sur le développement d’événements sportifs et sur le potentiel « marketable » des athlètes africains. « Les réalités et les enjeux ne sont pas les mêmes qu’en Europe. Les footballeurs qui ne jouent qu’en Afrique ont des sponsors locaux. Ce sont en général des fabricants de boissons, des sociétés de télécoms, des groupes pétroliers. Au Congo, le brasseur Primus sponsorise les plus grands clubs. En RDC, c’est la marque de surfwear et de vêtements outdoor O’Neills. Puma est le seul équipementier implanté sur le continent », rappelle Judith Apey. La Coupe d’Afrique des nations, qui se jouera désormais en été dès la prochaine édition en 2019, devrait attirer davantage l’intérêt des grandes marques. Avec une audience télé cumulée de 7,3 milliards de téléspectateurs en 2013, la CAN fait partie des rendez-vous majeurs du football. « Nike s’intéresse au marché africain et il y a tout intérêt car le streetwear haut de gamme séduit les jeunes consommateurs. »

Paul Pogba et le styliste Olivier Rousteing en backstage du défilé Balmain, le 27 juin 2015.

En Europe comme en Afrique, l’influence considérable des footballeurs reste très liée à l’industrie du sportswear. En dehors de quelques exemples comme Didier Drogba et Kaporal, Zinedine Zidane et Dior parfums ou encore David Beckham et H&M et Biotherm, les griffes de mode et de luxe hésitent à choisir un jeune footballeur comme ambassadeur. « Un garçon comme Kylian Mbappé a pourtant un gros potentiel et pourrait tout à fait devenir égérie d’une marque telle que Balmain », prédit Judith Apey. Ambassadeur, égérie, consultant, créatif : étoiles du foot encore en activité ou proches de la retraite se voient offrir de juteux débouchés professionnels grâce à la mode. En 2012, Djibril Cissé l’a bien compris lorsqu’il a créé sa marque mode et lifestyle Mr Lenoir. En 2016, Cristiano Ronaldo et Blaise Matuidi posent en égéries de la collab’ NikeLab x OR – alias Olivier Rousteing, directeur artistique de la maison Balmain. Plus surprenante encore, la reconversion de David Bellion, ancien attaquant de Manchester et de Bordeaux. Passionné de mode et d’art, il est depuis 2016 le « brand manager » du Red Star FC de Saint-Ouen. Son job ? Développer l’image de la marque Red Star en créant des événements mêlant sport, mode, cinéma, musique, photo ou encore gastronomie. Preuve que le foot n’est plus seulement un sport, mais aussi toute une culture.  

Source : Paris Match