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Madagascar : La déforestation s'accélère et menace une biodiversité unique

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Mardi, 29 mai 2018

Madagascar : La déforestation s'accélère et menace une biodiversité unique

APRNEWS- 44 % des forêts naturelles ont disparu ces 60 dernières années à Madagascar. Et depuis 2005, le rythme de la déforestation s'accélère. Ces résultats sont le fruit d'une nouvelle étude publiée dans Biological Conservation. Avec près de 90 % d'espèces endémiques, c'est une biodiversité unique qui est mise en péril. D'autant plus que les forêts restantes sont gravement fragmentées. Les auteurs tirent la sonnette d'alarme !

Une nouvelle étude vient de mettre à jour les chiffres de la déforestation à Madagascar. L'analyse de l'évolution du couvert forestier sur six décennies a montré que Madagascar a perdu 44 % de ses forêts naturelles depuis les années 1950. Autre inquiétude, les massifs forestiers restants sont extrêmement fragmentés (c'est à dire morcelés), 46 % des zones forestières se situant désormais à moins de 100 mètres d'une lisière où d'un espace ouvert. Ces chiffres sont issus d'une étude coordonnée par Ghislain Vieilledent, écologue au Cirad, et publiée dans l'édition de juin de la revue Biological Conservation.

Danger sur une biodiversité unique au monde

Déforestation et fragmentation menacent gravement la biodiversité singulière de la Grande Ile. Car à Madagascar, près de 90 % des espèces, tous groupes taxonomiques confondus, sont endémiques ! Outre les écosystèmes, la disparition des forêts impacte fortement les Malgaches eux-mêmes. « Des populations sont très dépendantes de la forêt, pour le bois d'une part (énergie, construction, fibres), mais également pour les produits forestiers non ligneux (gibier, fruits et noix, miel, plantes médicinales…) utilisés pour se soigner ou pour s'alimenter, notamment pendant les périodes de soudure, entre deux saisons de récolte  », affirme Ghislain Vieilledent. Rappelons également que les écosystèmes forestiers offrent plusieurs services environnementaux comme la protection des sols ou la régulation du climat, aussi bien à l'échelle mondiale en constituant des « puits de carbone », qu'à l'échelle locale en jouant le rôle de « château d'eau ».

« Il faut réagir, et vite »

Pour toutes ces raisons, il est urgent de sauver les forêts restantes de l'île, mais aussi d'entreprendre des projets de reforestation. Car à Madagascar, contrairement aux régions tempérées, l'érosion des sols est importante après déforestation et les zones laissées à l'abandon sont difficilement recolonisées spontanément par la forêt. Il faut donc aider à la réimplantation des espèces forestières.

Dans l'île, la principale cause directe de la déforestation est l'agriculture. Mais la démographie galopante, la mauvaise gouvernance et le non-respect des lois environnementales sont des facteurs indirects qui expliquent pour beaucoup la situation actuelle. Pour Ghislain Vieilledent, « il faut réagir, et vite, pour stopper la déforestation. Cela passera nécessairement par une sensibilisation accrue, une augmentation de l'aide internationale, et surtout une reconsidération des stratégies de conservation et de développement à Madagascar. »

Avec Notre planete