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L'Union africaine condamne les coups d'Etat et s'évite un débat houleux sur Israël

Union Africaine - Macky Sall - Sommet
Dimanche, 6 février 2022

L'Union africaine condamne les coups d'Etat et s'évite un débat houleux sur Israël

Les dirigeants africains ont condamné dimanche "sans équivoque" la récente "vague" de coups d'Etat sur le continent, lors du sommet annuel de l'Union africaine (UA), où les discussions sur l'accréditation controversée d'Israël à l'organisation ont été reportées.

Les coups d'Etat qui ont secoué le continent durant l'année écoulée - le dernier au Burkina Faso il y a deux semaines - étaient un des sujets incontournables de l'agenda chargé de ce sommet, organisé dans la capitale éthiopienne Addis Abeba.

Les dirigeants africains ont "condamné sans équivoque (...) la vague de changements anticonstitutionnels de gouvernements" lors de la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, a déclaré son responsable Bankole Adeoye.

L'UA "ne tolèrera aucun coup d'Etat militaire sous quelque forme que ce soit", a-t-il ajouté, soulignant qu'"à aucun moment dans l'histoire de l'Union africaine, nous n'avons eu quatre pays suspendus en 12 mois".

Depuis juillet, le Mali, la Guinée, le Soudan et le Burkina Faso ont été suspendus après des putschs.

"Cela donne l'impression que l'Afrique recule, qu'elle revient dans les années 1970 où les coups d'Etat étaient légion. C'est absolument inadmissible", a estimé le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki.

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- Controverse repoussée -Le président sénégalais Macky Sall, qui assurera la présidence tournante de l'organisation pour l'année à venir, a fait de ce sujet une des "urgences" de son mandat. "L'Afrique n'est pas maudite", a-t-il lancé.

L'UA a en revanche choisi de ne pas afficher ses dissensions sur le sujet de l'accréditation d'Israël, une décision prise en juillet par Moussa Faki et qui divise l'organisation.

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Moussa Faki, président de la Commission de l'Union africaine, le 5 février 2022 à Addis Abeba, en Ethiopie

Les deux pays ont fait inscrire ce sujet à l'ordre du jour. Mais le débat prévu dimanche a été mis en suspens.Plusieurs Etats membres, dont l'Afrique du Sud et l'Algérie, s'en sont indignés, estimant que ce choix allait à l'encontre des déclarations de l'organisation soutenant les Territoires palestiniens.

"Nous avons estimé que l'Afrique ne doit pas être divisée par un sujet qui lui est étranger", a expliqué Macky Sall, qui a proposé la création d'un comité chargé de "trouver une solution".

Ce comité sera composé des dirigeants de l'Afrique du Sud et de l'Algérie, mais aussi du Rwanda et de la République démocratique du Congo - qui soutiennent la décision de M. Faki -, ainsi que du Cameroun et du Nigeria.

Ce report écarte l'éventualité d'un vote qui, selon des analystes, aurait pu provoquer une scission sans précédent dans l'histoire de l'UA, qui fête ses 20 ans.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a, lui, jugé que l'UA "a rejeté les tentatives de l'Algérie et de l'Afrique du Sud de révoquer" son accréditation.

Dans un discours à huis clos samedi, Moussa Faki a justifié sa décision, rappelant que 44 des 55 Etats membres ont reconnu l'Etat d'Israël.

L'Union africaine condamne les coups d'Etat et s'évite un débat houleux sur  Israël
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh s'exprime au sommet de l'Union africaine à Addis Abeba, le 5 février 2022

Une accréditation avec statut d'observateur d'Israël, octroyée aux Territoires Palestiniens depuis 2013, s'inscrit également "dans le soutien à la solution des deux Etats", israélien et palestinien, a-t-il affirmé.

Samedi, le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh avait demandé le retrait de cette accréditation, estimant qu'Israël ne doit pas être "récompensé" pour son "régime d'apartheid", reprenant une formule d'un récent rapport de l'ONG Amnesty International.

- Efforts de paix en Ethiopie -

Il n'est pas clair si le sommet, dont l'essentiel des sessions s'est déroulée à huis clos, a abordé la guerre qui fait rage dans le pays-hôte.

Bankole Adeoye a assuré que "toutes les situations de conflit étaient à l'agenda du sommet".Le nord de l'Ethiopie est ravagé depuis 15 mois par un conflit entre forces progouvernementales et rebelles de la région du Tigré, qui a fait des milliers de morts et, selon l'ONU, mené des centaines de milliers de personnes au bord de la famine.

L'UA, dont le siège se trouve dans la capitale éthiopienne, est critiquée pour sa position dans ce conflit.

M. Faki a attendu août, soit neuf mois après le début des combats, pour nommer l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo comme envoyé spécial chargé d'obtenir un cessez-le-feu.

L'Ethiopie a également continué à siéger au Conseil de paix et de sécurité de l'organisation. Elle n'a toutefois pas été reconduite cette semaine pour un nouveau mandat, ont indiqué des diplomates.

M. Adeoye a estimé qu'il n'était "pas vrai" que l'UA a été lente à réagir: pour lui, "il était impossible que l'UA ne s'engage pas dans une telle situation, étant donné précisément sa situation en Ethiopie".

M. Obasanjo doit se rendre cette semaine dans les régions touchées par la guerre, a-t-il indiqué.