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Libye : Malgré les appels internationaux, les combats continuent

apr-news/ Malgré les appels internationaux, les combats continuent
Lundi, 8 avril 2019

Libye : Malgré les appels internationaux, les combats continuent

APRNEWS- Le maréchal Khalifa Haftar poursuivait toujours, dimanche, son offensive sur Tripoli face aux forces du gouvernement d'union nationale (GNA).

L'appel au calme lancé par une partie de la communauté internationale ne semble pas avoir été entendu en Libye. Dimanche, les forces du maréchal Khalifa Haftar ont poursuivi leur combat pour tenter de conquérir Tripoli, la capitale du pays. De violentes confrontations ont eu lieu avec les troupes du gouvernement d'union nationale (GNA). Une situation qui inquiète, les États-Unis ayant notamment demandé l'« arrêt immédiat » de l'offensive diligentée par le maréchal Haftar. Pourtant, à l'ONU, les grandes puissances de ce monde ont échoué à trouver une position commune sur la crise que traverse actuellement la Libye.

Les combats ont donc fait rage dimanche au sud de Tripoli, en particulier à Wadi Rabi et dans le périmètre de l'aéroport international, une infrastructure inutilisée depuis sa destruction par des combats en 2014. L'Armée nationale libyenne (ANL), la force paramilitaire dirigée par le maréchal Haftar, a annoncé dimanche avoir mené son premier raid aérien dans la banlieue sud de Tripoli. Les forces loyales au GNA du Premier ministre Fayez el-Sarraj, soutenu par l'ONU, avaient mené leur première frappe aérienne la veille. La mission de l'ONU en Libye (Manul) avait lancé un « appel urgent » à une trêve de deux heures dimanche dans la banlieue sud de Tripoli pour permettre l'évacuation des blessés et des civils face à l'escalade militaire.

Mais « il n'y a pas eu de trêve », a déclaré à l'Agence France-Presse un porte-parole de la Manul, Jean Alam. Les services de secours libyens ont confirmé qu'ils n'avaient pas pu entrer dans les zones d'affrontements. Pays riche en pétrole, la Libye est déchirée depuis la chute du dictateur Muammar Kadhafi en 2011 par de multiples conflits internes. Les forces du maréchal Haftar, homme fort de l'est du pays, ont lancé jeudi une offensive pour prendre Tripoli. Elles sont loyales à une autorité qui s'oppose au GNA installé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale. Dimanche, le porte-parole des forces du GNA a proclamé le début d'une contre-offensive nommée « Volcan de la colère » pour « nettoyer toutes les villes libyennes des agresseurs ».

Un appel au calme resté sans effet

L'armée américaine a annoncé dimanche le retrait provisoire de ses militaires en Libye à cause des combats. Au moins 32 personnes ont été tuées et 27 autres blessées depuis le début de l'offensive sur Tripoli, selon un bilan du ministère de la Santé du GNA. L'ANL a annoncé samedi avoir perdu 14 combattants. Fayez el-Sarraj a affirmé que des soutiens affluaient de toutes les régions du pays pour soutenir les forces du GNA. Les puissants groupes armés de la ville de Misrata (200 kilomètres à l'est de Tripoli) semblent avoir décidé de participer à la défense de la capitale, de même que ceux des villes de Zentan et de Zawiya, respectivement au sud-ouest et à l'ouest de la capitale.

Un groupe armé de Misrata, la « Brigade 166 », est arrivé samedi dans l'est de Tripoli avec des dizaines de véhicules armés notamment de canons antiaériens, a constaté un correspondant de l'Agence France-Presse. Il est difficile « d'avoir une vision claire sur l'issue de la bataille ou sur les rapports de forces », a déclaré à l'agence française un diplomate occidental sous le couvert de l'anonymat. Selon lui, l'ONU et les pays occidentaux ont pris contact avec les deux camps rivaux pour éviter un embrasement, mais le « succès est mitigé » jusqu'ici. Les violences interviennent avant une conférence nationale sous l'égide de l'ONU à Ghadamès (Sud-Ouest) et censée dresser une « feuille de route », avec la tenue d'élections.

Les membres de l'ONU en désaccord

L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a assuré samedi que cette conférence était maintenue aux dates prévues, du 14 au 16 avril, sauf en cas de « circonstances majeures ». Les États-Unis sont « profondément préoccupés » par les combats près de Tripoli, a pour sa part déclaré dimanche le secrétaire d'État américain Mike Pompeo. « Nous avons fait clairement savoir que nous sommes opposés à l'offensive militaire des forces de Khalifa Haftar et nous appelons à l'arrêt immédiat de ces opérations militaires contre la capitale libyenne », a déclaré le chef de la diplomatie américaine dans un communiqué.

Mike Pompeo a critiqué explicitement l'offensive des forces du maréchal Haftar. « Cette campagne militaire unilatérale contre Tripoli met en danger des civils et sape les perspectives d'un avenir meilleur pour tous les Libyens », a-t-il déclaré. À l'ONU, la Russie a bloqué dimanche l'adoption d'une déclaration du Conseil de sécurité qui aurait appelé les forces du maréchal Haftar à arrêter leur avancée vers Tripoli, ont indiqué des diplomates. La délégation russe avait demandé que la déclaration formelle du Conseil appelle toutes les forces armées libyennes, et pas seulement celles du maréchal Haftar, à cesser leurs opérations, selon ces sources. Cette proposition russe de modification ayant été rejetée par les États-Unis, la Russie s'est opposée à l'adoption de la déclaration. Fayez el-Sarraj a accusé le maréchal Haftar d'œuvrer à « saper le processus politique » pour « plonger le pays dans un cycle de violence et de guerre destructrices ».

Avec AFP