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Les difficultés dans l’acquisition d’un loyer à Abidjan. Parlons-en maintenant.

Aprnews - Les difficultés dans l’acquisition d’un loyer à Abidjan. Parlons-en maintenant - Actualité - Côte d'Ivoire
Dimanche, 27 décembre 2020

Les difficultés dans l’acquisition d’un loyer à Abidjan. Parlons-en maintenant.

Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire. Une agglomération de plusieurs millions d’habitants. Abidjan fait partir des villes ivoiriennes où l’on retrouve pratiquement toutes les couches sociales, décentralisées à travers près de treize communes. Mais comment les « Abidjanais » arrivent-ils à s’offrir un loyer dans une ville où la concurrence entre le coût du loyer et la croissance rapide de la population est rude ?Emoye - Maison

La ville d’Abidjan connaît depuis quelques années un boom dans le secteur de l’immobilier. Cela résulte en effet de plusieurs raisons. La croissance rapide de la population estimée à plusieurs millions d’habitants aujourd’hui. Selon le recensement général, en 2015, Abidjan comptait 6 207 000 habitants, soit une densité de 14 708, 53 habitants/km2, pour une superficie d’une agglomération de 2 119 km2 (2015). Une augmentation rapide occasionnée par le déplacement massif des populations rurales ou de l’intérieur du pays vers la ville d’Abidjan. Une difficulté majeure, celle des classes sociales. En effet, l’on (re) trouve plusieurs couches sociales issues de différentes communes. Les nantis regroupés dans les communes comme Cocody, Marcory, Koumassi, Plateau (centre des affaires), Bingerville. Les moins nantis, eux sont issus de Port-Bouët, Adjamé, Yopougon, Treichville et les populations relativement « pauvres », issues des communes d’Abobo, Anyama, Attécoubé et Songon qui regorge une densité de population fortement élevée que la moyenne.

Aujourd’hui, la difficulté ne se trouve plus dans la gestion de sa population. Plutôt dans l’immobilier. Autrement dit, comment l’Abidjanais parvient-il à trouver une maison ?
Pour en savoir davantage, nous avons rencontré un jeune homme à la recherche d’une maison dans la commune de Yopougon. Mais qu’elle maison cherchaient-ils ? Avec quel budget ? Et enfin, dans quel secteur de la commune ?

Abraham a 23. Il est propriétaire d’une boutique de vêtement dans un quartier chic de la commune (Yopougon). « Après plusieurs années passées auprès des parents, j’ai décidé de « voler de mes propres ailes. Je suis donc à la recherche d’une maison que mon boulot me permettra de payer chaque mois. »
Mais quel type de maison convient-il à ces millions de jeunes comme lui aujourd’hui ?
Abraham dit être à la recherche d’un Studio de 40 000 FCFA. « Étant donné que je suis seul, je préfère donc opter pour un studio dans un quartier pas trop loin de mon lieu de travail. Selon mes recherches, il y a plusieurs maisons en construction au Koweït et Ananeraie qui sont très bien situés. »
Koweït est un quartier situé à près d’un kilomètre de la gare lagunaire de la commune de Yopougon. 

Depuis quelques années, cette partie de la commune connaît une croissance démographie très rapide. De nouvelles constructions, avec des studios et des appartements allant de deux à trois pièces chacune. 

A Yopougon Ananeraie, même décor. Des studios composés de cuisine, une douche WC, et souvent un balcon lorsqu’il s’agit d’un immeuble.
Mais par quel moyen Abraham parvient-il à trouver des maisons à son goût ?
Quelles sont ses sources de renseignement ? Et quelles en sont les procédures d’acquisition ?

« Avant de commencer, je me suis renseigné autour de moi. Sans résultat, j’ai décidé d’utiliser les réseaux sociaux, notamment Facebook. Car la plupart des agences immobilières ont une page Facebook aujourd’hui qui leur permet de faire la promotion de leur service en publiant par exemple des photos des appartements en location ou en vente. Mais on est souvent confronté à des personnes mal intentionnées qui se font passer pour des agents immobiliers, or il n’en est rien en réalité. Ils créent des pages facebooks, ils mettent en ligne des maisons qui ne leur appartiennent pas et souvent qui sont déjà occupé. Alors ils fixent une caution qui va même au-delà de la loi sur le foncier urbain en Côte d’Ivoire. Or la dernière Loi sur les contrats relatifs aux loyers d’habitations dit « deux mois de payement de l’avance et deux mois de caution. »
Mais le constat est que depuis le vote de cette loi rien n’a changé (29 mai 2018). Les maisons demeurent chères. Certaines ont même doublé. Cela se traduit par le comportement des « propriétaires hors la loi » qui fixent des prix dépassant l’entendement du client. Des prix exorbitants allant de 5 à 8 mois de caution pour un studio de 40 000 FCFA. Pour avoir un appartement de trois pièces, il faut débourser près de 200 000 FCFA. Il ne faut pas oublier que ces prix varient en fonction du quartier. » 
En ce qui concerne les procédures d’acquisition, Abraham nous a expliqué que « la caution du loyer se paye entre l’agent immobilier appelé communément « démarcheur », le client et le propriétaire de l’appartement en location. Ainsi donc, pour un appartement de trois pièces dans un quartier chic de Yopougon, le loyer est fixé entre 150 000 FCFA et 175 000 FCAF, voire 180 000 FCFA. Il faudra multiplier ce montant par 6 ou 8 dans certains cas. De toute manière, il est très rare de voir une caution fixée à 4 mois.» 

« Pour le partage, le propriétaire des lieux à lui seul, empoche 5 mois de caution, le démarcheur quant à lui récupère un mois. Ainsi donc prenons l’exemple d’un studio de 40 000 FCFA. 40 000 X 6 ce qui fait l’équivalent de 240 000 FCFA repartis entre le propriétaire et le « démarcheur ».
Une fois, le marché est conclu et chacun ayant reçu sa part du gâteau, « le démarcheur » quitte la table des discussions. Le reste des échanges se fait entre le client et le propriétaire de la maison en location. » 
À Abidjan, tous les moyens sont possibles pour se faire des sous. Des jeunes dominés par les avalanches du chômage s’adonnent à ce genre de pratique pour survivre au quotidien. Il y a quelques jours, quatre jeunes ont été interpellés pour avoir escroqué plusieurs centaines de mille à une personne en se faisant passer pour agents immobiliers dans la commune de Cocody.
Aujourd’hui, Abraham est dans un studio de 40 000 FCFA au quartier Maroc, l’un des plus prisés de la commune de Yopougon. Il invite le gouvernement à s’impliquer davantage dans le contrôle et le respect des lois en vigueur sur le loyer en Côte d’Ivoire et particulièrement à Abidjan. 

La rédaction Aprnews
Elysée Tapé