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Le Soudan espère une remise de 80% de sa dette extérieure dans le cadre de l'initiative PPTE

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Jeudi, 20 mai 2021

Le Soudan espère une remise de 80% de sa dette extérieure dans le cadre de l'initiative PPTE

De retour à Khartoum après le sommet de Paris, le Premier ministre Abdallah Hamdok a indiqué qu’il espère une restructuration de plus de 45 milliards $ de la dette du Soudan. Cependant, de nombreux observateurs s’interrogent sur les conditionnalités qui pourraient être adossées à une telle initiative.

SOUDAN - Intelligences Afriques

Le Soudan compte sur ses bailleurs de fonds pour obtenir un allègement de 80% de sa dette extérieure. C’est ce qu’a annoncé le Premier ministre, Abdallah Hamdok (photo), le mercredi 19 mai devant des journalistes à Khartoum, la capitale soudanaise.

Selon le responsable, les discussions qui ont eu lieu à Paris cette semaine, entre le pays et ses créanciers internationaux permettent au gouvernement d’espérer un allègement de 45 milliards $ sur une dette totale extérieure estimée à 60 milliards $. Cette remise de dette est attendue dans le cadre du processus pays pauvres très endettés (PPTE), dont le Soudan espère bénéficier au cours des prochains mois.

A priori, tout semble se mettre en place pour que le pays est-africain en pleine transition démocratique puisse bénéficier de cette initiative. Deux de ses principaux créanciers, la France et l’Arabie saoudite, se sont engagés à tout mettre en œuvre pour aider le gouvernement de transition, et plusieurs autres pays tels que le Royaume-Uni, la Suède et les Etats-Unis ont accordé une aide financière à Khartoum pour lui permettre de solder ses arriérés envers ses principaux créanciers multilatéraux. De plus, le pays s’attend à recevoir un prêt de 1 milliard de $ de la Banque africaine d’Import-Export (Afreximbank) la semaine prochaine, pour financer des projets dans l’énergie et les télécommunications, mais également lutter contre la covid-19.

Des zones d’ombre à éclaircir

Sudan's PM meets Ethiopian leader after cross-border attack

Pourtant, certaines inconnues pourraient être de nature à compliquer ce processus. En effet, même si la France a annoncé qu’elle est favorable à l’annulation de ses créances envers le Soudan, estimées à 5 milliards $, rien n’indique que Paris sera suivi par les autres créanciers de Khartoum. De plus, ce processus intervient dans un contexte où la question de la dette africaine divise.

Face à la demande des pays du continent qui militent pour une restructuration voire annulation de leurs dettes afin de relancer leurs économies, les créanciers internationaux se sont montrés plus ou moins réticents. Le président français Emmanuel Macron qui se pose depuis plusieurs mois en défenseur de l’augmentation des efforts des pays riches envers les plus pauvres a lui-même déclaré il y a peu, qu’il ne servirait à rien de restructurer les dettes africaines si c’est pour en contracter plus.

Dans ce contexte, des interrogations légitimes subsistent quant aux conditions qui pourraient encadrer une restructuration/annulation de la dette extérieure soudanaise, à hauteur de 80%. Dans le cas où le pays devra garantir une certaine limitation de ses futurs programmes d’emprunts pour obtenir cette remise de dette, les observateurs se demandent si Khartoum jouira toujours de la marge de manœuvre nécessaire pour lancer ses programmes de développement dans les prochaines années. De plus, il n’est pas exclu que le Soudan obtienne une restructuration de sa dette extérieure contre la cession de certaines parts de marché ou de certaines ressources à ses créanciers qui sont pour la plupart des pays riches, en quête de relance économique après la pandémie de covid-19 qui les a affectés ; surtout lorsqu’on sait que ce système a déjà été utilisé notamment par la Chine.

A Paris, le président Macron s'est voulu rassurant sur le sujet. « Il n’y a pas de conditionnalité sur les engagements qui ont été pris aujourd’hui », a-t-il indiqué le 17 mai, lors de la conférence internationale pour le Soudan. D’ici le mois de juin, les discussions avec les autres créanciers devraient permettre d’avoir des engagements définitifs sur les efforts qui seront consentis par tous les bailleurs de fonds dans le cadre de l’initiative PPTE pour le Soudan.

Aprnews avec Agence ecofin