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Le pétrole tchadien : parlons en après deux décennies d'exploitation

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Lundi, 28 juin 2021

Le pétrole tchadien : parlons en après deux décennies d'exploitation

Sans aucune information exacte sur sa production, nous sommes persuadés de penser que cette manne finira par tarir sans sortir les Tchadiens de leur vie de misère.

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Cela fait une décennie que le sous-sol tchadien produit de l’or noir et génère éventuellement des ressources faramineuses au demeurant sans effet sur la condition de vie des populations. D’après une source des services du ministère de l’Energie et du Pétrole, la production pétrolière oscille entre 105.000 à 250.000 barils/jr qui est le plateau initialement prévu. Par contre, elle a décliné après quelques années à cause des problèmes géologiques et oscille aujourd’hui entre 100.000 et 105.000 barils/jr. Chose étonnante car nombre de fois où les chiffres sont produits à ce sujet par les institutions, il n’y a jamais eu de concordances.

Aujourd’hui, l’on compte neuf (9) champs qui sont en exploitation à savoirː  Komé, Miandoum, Bolobo, Moundouli, Maikeri, Nya et Timbré destinés uniquement pour l’exportation ; et ceux de Rônier et de Mimosa dans le bassin de Bongor alimentent la consommation nationale, indique le ministère de l’Energie. Ce qui semble alarmant, c’est le fait que les autorités font exporter une partie du pétrole raffiné vers d’autres pays sous prétexte d’un excédent.

Le peuple attend de savoir cela

Le raisonnement du gouvernement qui n’arrive pas à produire des rapports sur la transparence des ressources générées par le pétrole, c’est de justifier que ces sommes sont envoyées dans les infrastructures et les équipements. Mais, le développement de l’être humain ne se résume pas seulement au maillage infrastructurel.

Les rapports rendus publics par l’ITIE (Initiative de Transparence des Institutions Extractives) sur les ressources engrangées ainsi que leur saine gestion était décriée par de nombreuses personnes, à la suite desquelles des médias privés.  L’épineuse question est celle de savoir pourquoi les missions de contrôle n’ont jamais réussies à faire un rapport claire. Votre tri mensuel Le Perroquet reviendra en détails sur toutes ces questions dans les prochains numéros.

Où va l’argent du pétrole ?

Bientôt 20 ans que l’or noir tchadien est opérationnel. L’âge d’un ado qui peut déjà réaliser beaucoup de choses. Mais hélas ! La  gestion  opaque risque de plonger le pays dans un pétrin sans précédent. Depuis l’inauguration de la vanne de Doba en octobre 2003, doublée d’une construction de la raffinerie de Djarmaya en juin 2011, le Tchad entre dans le cercle vicieux des pays producteurs du pétrole.

Au lieu de générer la croissance économique et réduire la misère et la pauvreté, l’exploitation du sous-sol tchadien est devenue un véritable catalyseur de la mal-gouvernance, facteur de la pauvreté, de la corruption et de conflits de toutes pelleteries.

Pour beaucoup de Tchadiens, le pétrole qui a fondé l’espoir de tout un peuple, apparait aujourd’hui comme une malédiction. Pour reprendre un artiste Elkrim « il a jailli le pétrole et en même temps s’est installé le malheur… ». Pourtant, des chiffres généralement convaincants parlent d’une augmentation significative des recettes budgétaires de l’Etat depuis 2004 à nos jours grâce à la vente de ce pétrole.

Selon les informations recueillies auprès de l’Observatoire de la Gestion des Ressources Publiques (OGRP), de 2004 à 2012, les recettes budgétaires de l’Etat passe de 199,9O7 milliards de FCFA à 1.572,482 milliards de FCFA en 2011 soit plus de 8 fois son niveau de 2004. Les mêmes sources indiquent que pour le compte de l’année 2012, les prévisions des recettes budgétaires se situent à plus de six fois. Soit 1.366,624 milliards de nos francs. Du simple exportateur du pétrole au début, le Tchad est devenu un pays producteur du pétrole depuis 2011 avec l’existence de la raffinerie implantée à Djarmaya.

Les chiffres ci-dessus indiqués, démontrent clairement que les revenus pétroliers représentent une proportion très importante des ressources budgétaires de l’Etat sur la période considérée. D’au moins de 18,77% à plus de 70%. Le tableau révèle que le taux le plus important est atteint en 2007 en raison de la hausse des prix pétroliers sur le marché international à cette date précisée. Ce taux est d’environ 48,65% des recettes budgétaires prévisionnelles de l’exercice 2012. Et peut, augmenter ou baisser selon le dénouement de la conjoncture au cours de l’année considérée.

Les ressources mal gérées

Par souci de transparence dit-on, que la loi 002/PR/2006 portant gestion des ressources pétrolières et autres mécanismes, ont vu le jour. Ces mécanismes, mis en place pour la gestion des ressources pétrolières sont suivis d’une création du ministère chargé du Contrôle d’Etat et de la Moralisation, l’opération cobra et aujourd’hui Inspection Générale d’Etat (IGE).

Malgré cette batterie de mesures de protection contre le détournement, ces ressources publiques profitent à une catégorie de Tchadiens. Pire, on fait croire au commun des Tchadiens que les ressources pétrolières sont injectées dans les secteurs prioritaires. Mais à quel niveau se trouve aujourd’hui le corps soignant et le secteur de l’éducation aujourd’hui ? Pourtant, la crise sociale et sanitaire qu’a connue le monde qui perdure est aussi préoccupante à plus des raisons. Avec cette nouvelle donne, les revenus pétroliers sont ainsi détournés de leurs objectifs réels : ceux d’améliorer les conditions de vie de la population et de la réduction de la pauvreté.  Elles servent plutôt à soigner et enrichir les proches du président de la République.

Aprnews avec Tchadinfos