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Le FMI classe la Côte d’Ivoire parmi les pays pré-émergents de l'Afrique

© Sercom APRnews Photo /Le FMI classe la Côte d’Ivoire parmi les pays pré-émergents de l'Afrique
Vendredi, 22 décembre 2017

Le FMI classe la Côte d’Ivoire parmi les pays pré-émergents de l'Afrique

MINUTEECO- L’édition 2017 des perspectives économiques régionales du Fonds monétaire international (FMI),  publiées sous le titre : « Afrique subsaharienne, ajustement budgétaire et diversification économique », a été rendue publique ce mardi 19 décembre 2017, au 20ème étage de l’immeuble SCIAM. L’information majeure, c’est que la Côte d’Ivoire est classée, avec le Nigeria, le Sénégal, le Ghana, le Kenya, l’Angola, etc., parmi les pays pré-émergents de l’Afrique subsaharienne. 

Mais pour relever le défi de l’émergence, il reste beaucoup d’effort à faire, prévient le représentant résident du FMI, José Gijon, qui a fait la présentation du rapport. 

Il ressort que le ralentissement de l’activité économique qui a touché la majeure partie de l’Afrique subsaharienne s’attenue, mais la situation de la région reste fondamentalement difficile. « La croissance devrait passer de 1,4% en 2016 à 2,6% en 2017.  (…) Elle devrait continuer de se redresser pour atteindre 3,4%  en 2018 mais la dynamique est faible car en 2019, le taux de croissance projeté est nettement en dessous des tendances passées », indique le rapport. Beaucoup de pays connaissent une aggravation des vulnérabilités, notamment en ce qui concerne la dette publique qui dépassait 50% du PIB dans 22 pays à fin 2016. 

« Le service de la dette commence à peser lourdement, surtout pour les pays producteurs de pétrole, et il devrait absorber plus de 60% des recettes publiques en Angola, au Gabon et au Nigeria ». Mais la Côte d’Ivoire n’échappe pas, avec la forte baisse (40% au moins) des cours du cacao et les problèmes sociaux qu’elle a connus entre 2016 et 2017.

La question du ré-endettement massif

Sur la question épineuse du ré-endettement massif des Etats, José Gijon a rassuré que la Côte d’Ivoire ne courait pas ce risque car elle a une forte capacité de mobilisation des ressources propres qui lui a permis de surmonter les difficultés auxquelles son économie a été confrontée. « La Côte d’Ivoire a encore des marges pour augmenter les recettes fiscales d’au moins 20%3 », a indiqué le représentant résident du FMI, faisant remarquer que ce n’est pas mauvais de s’endetter si l’on peut disposer de ressources pour payer.

Pour faire face aux vulnérabilités, le FMI propose des ajustements budgétaires, la mise en œuvre des réformes structurelles, avec un accent sur la diversification des économies, la facilitation de l’accès au crédit, la construction d’infrastructures et la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée. 

Des chantiers déjà engagés par Abidjan, au dire du ministre de l’Economie et des Finances, Adama Koné,  qui  a relevé que les perspectives économiques de la Côte d’Ivoire sont bien meilleures comparées à celles de l’Afrique prises dans sa globalité. 

Un taux de croissance de 8,3% en 2016 et une projection de 8,1% en 2017 qui matérialisent une performance qui s’explique par des mesures énergiques d’ajustements budgétaires prises par le gouvernement pour atténuer les effets néfastes des chocs externes et internes survenus en 2016 et en début 2017, notamment la chute brutale des cours du cacao et les revendications sociales des militaires. 

Pour les prochaines années, les perspectives sont bonnes, assure Adama Koné qui table sur une moyenne de 8% de croissance sur la période 2018-2020, avec une inflation maitrisée autour de 2%. Le taux d’investissement devrait ressortir à environ 24% du PIB en moyenne sur la période 2018-2020, avec un taux d4investissement moyen du secteur privé de l’ordre de 17%.

La transformation structurelle de l’économie ivoirienne

Au cours des échanges qui ont suivi, le directeur de cabinet Adama Coulibaly a indiqué que le cheminement de la Côte d’Ivoire peut se mesurer, outre les fondamentaux de l’économie nationale, par la transformation de sa structure. « Quand on regarde les poids relatifs des différents secteurs par rapport au PIB, on se rend compte que nous sommes dans une logique de transformation. Par exemple, quand on prend le secteur primaire, entre 2010 et 2020, son poids dans l’économie a diminué relativement. En 2010, il représentait 24% ; mais en 2015 il tombe à 22% et il est prévu en 2019-2020, un taux de 17%. A contrario, quand on regarde le secteur secondaire, qui était à 22% en 2010, on passe en 2015 à 25%, avec une projection en 2019 à 30%. La preuve que le secteur secondaire est train de monter en puissance, traduisant très clairement un poids plus important en matière d’industrialisation. Au niveau du secteur tertiaire, il y a une stabilité relative : 33% en 2010  et 31% en 2015 pour une projection à 34% en 2020, portée par la remontée sur les techniques de l’information et de la communication », a indiqué Adama Coulibaly.  Ces chiffres traduisent, selon le dir-cab, la marche effective vers l’émergence.         

Concernant les questions de fragilité et de vulnérabilité évoquées dans le rapport, Adama Coulibaly juge inopportun de faire des ajustements ou assainissements budgétaires. « Dans le passé, quand on a fait des ajustements budgétaires sans précaution, cela a entrainé  une baisse de la croissance des différents pays. 

Si on coupe les investissements parce qu’on veut procéder à un ajustement budgétaire, on va casser la croissance économique », souligne-t-il, penchant plutôt pour la réduction des dépenses de fonctionnement et d’asservissement proposée également dans le rapport.  Concernant les dépenses sociales, il a fait remarquer que les dépenses pro-pauvres, touchant notamment aux secteurs de la santé et de l’éducation, sont passées de 1080 milliards en 2012 à 2070 en 2017. 

Le directeur général de SIB, Doada Coulibaly qui s’exprimait pour le compte du patronat, a souligné la nécessité de réduire la forte dépendance à l’égard des produits de base en mettant l’accent sur la transformation qui crée une valeur ajoutée. 

Aussi a-t-il exhorté les dirigeants à prendre des mesures courageuses pour élargir l’assiette fiscale plutôt que de continuer de mettre la pression sur les mêmes opérateurs qui paient leurs impôts. Pour Cassandra Colbert du groupe de la Société financière internationale (SFI), membre du groupe de la Banque mondiale, « la Côte d’Ivoire est à la croisée des chemins. Elle a tout pour réussir mais aussi tout pour échouer. »