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Le chaînon manquant

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Mardi, 24 avril 2018

Le chaînon manquant

APRNEWS - Récemment au Bénin, un conseil des ministres s’est penché sur les malversations constatées dans la gestion des cantines scolaires. Face à la nation, les noms d'une quinzaine de pédagogues ont été cités, tous accusés d'avoir silencieusement volé des vivres destinés aux écoliers. 

Les élèves qui, les yeux étonnés regardaient la télévision, ont dû rire d’entendre les noms de leurs enseignants figurer sur la liste des voleurs de leurs pitances. Des éducateurs censés inculquer des valeurs aux petits enfants dont ils ont la charge au cours de l’année scolaire, se sont érigés en gentils pilleurs de vivres. 

Le gouvernement béninois, fier d’avoir déniché les grands voleurs de sacs de riz et de bidons d’huile, a consacré un temps fou en conseil des ministres à scanner ces enseignants avant le communiqué télévisé.  La prise était trop grosse pour déléguer la tâche aux autorités policières compétentes. Comme si au Benin, ce fait divers mérite un titre spécial dans le communiqué du conseil des ministres. 

Sans justifier l’acte abominable et condamnable des enseignants, le gouvernement béninois a fait la politique de l’autruche. Dans quelle atmosphère baignent nos Etats de l’Afrique subsaharienne ? Osons le dire, nos pays sont des prisonniers de la corruption généralisée. Alors comme le caméléon, le fonctionnaire qui pénètre dans un environnement corrompu, épouse la couleur de son cadre de travail. En la matière, nous n’apportons rien de nouveau. 

Montrer aux élèves que leurs maitres sont des voleurs de riz, fait certes croire que le gouvernement fait du bon boulot mais, démontre que noyer le poisson est une œuvre facile. Et si on remontait la chaîne? Peut-être que des réalités plus effroyables nous surprendraient en chemin.

En Côte d’Ivoire, on se demande bien quand est-ce que la vérité sera dite dans ce yoyo politique qui se joue au sein de l’alliance Rhdp. Des camps qui s’affrontent à fleuret moucheté alors que dans le fond, tous les ingrédients sont en train d’être mis en place pour la bataille épique... de 2020.

L’accord parfait du 16 avril, signé sous les salves de quelques pétillants, n’a pas attendu longtemps pour montrer qu’il était imparfait. Bien que précisant la volonté sans équivoque des partis de l’alliance au pouvoir de « créer un nouveau parti politique » qui portera le nom Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), le président du Pdci a affirmé à la presse que cet accord qu'il a signé, ne fait nullement allusion à la disparition de son parti.

Et à son frère et ami de répondre gentiment, depuis l’Elysée, que chacun pourra être candidat, quitte au meilleur de l’emporter. 
Les non-initiés comprendront sur le tard qu’en politique, les vraies intentions ne sont pas souvent livrées à la rigueur du soleil. On ruse avec les militants, on joue avec le peuple. On lance des ballons d’essai pour prendre le pouls du terrain. 

Le chaînon manquant dans cette théâtralisation du commerce politique demeure, à n’en point douter, la vérité. Elle est toujours cachée. Cachée comme l’environnement social qui prévaut au Bénin et dans bien d’autres pays et qui a poussé les éducateurs à manquer à leur devoir d’exemplarité. Cet autre chaînon manquant, doit être traité avec la plus grande fermeté au Bénin et partout en Afrique.

Serges Kamagaté