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L’Afrique face au printemps des poupées sexuelles

apr-news/ L’Afrique face au printemps des poupées sexuelles
Lundi, 26 février 2018

L’Afrique face au printemps des poupées sexuelles

APRNEWS- Le bruit fort retentissant de l’avènement des poupées sexuelles est parvenu aux portes de l’Afrique, créant la panique dans certains milieux et la joie dans bien d’autres. En occident, les nouveaux « partenaires » de ces silicones arborent avec fierté la trouvaille qui fat polémique.

Si le débat en occident est moins audible, en Afrique par contre, les réactions contrastées à l’évocation du nom de ces « objets », placent les questions morales et religieuses au cœur du débat. 

L’Afrique va-t-elle piétiner ses valeurs pour dérouler le tapis rouge aux poupées sexuelles ?

La réponse du Botswana et de la Zambie face au printemps des poupées sexuelles est sans ambages. Ces pays ont brandi un bouclier légal réprimant entre autres, la détention, l’échange, la commercialisation des poupées sexuelles renfermées dans le vocable, « gadget » ou « objet »

Pour autant, la fièvre suscitée par les poupées ne tombent pas. Les réseaux sociaux intensifient la campagne géante en leur faveur.

Les barrières à la pénétration des poupées

Les sujets liés au sexe sont, dans les sociétés africaines, des thématiques quasiment taboues. Un silence de mort est observé sur ces questions dans les cellules familiales. Même celles dites « modernes » abordent peu ces sujets avec leurs enfants. Un tel constat est le fruit d’un héritage forgé depuis des millénaires et ancré dans l’esprit africain. C’est un héritage moral qui fait office de première barrière à la pénétration des poupées sexuelles en Afrique. 

Si les mentalités africaines n’acceptent pas la prostitution quoique se pratiquant à ciel ouvert dans certains pays,  ou les mariages homosexuels, il est illusoire de penser que les poupées sexuelles auront de la place sur le continent noir.

L’Afrique est aussi une aire géographique fortement pénétrée par la religion. Que l’on se trouve dans une société chrétienne, musulmane ou animiste, l’épine dorsale demeure la même : la pureté. Dans le milieu chrétien pour accéder au « père », il est indispensable de mener une vie dépouillée de toutes les pratiques impures. Il en est de même chez le musulman. Les rites animistes imposent également la pureté. Or les poupées sexuelles sont considérées comme la manifestation de l’impureté, la forme exacerbée de la débauche. Dès lors, elles ne peuvent pas recevoir un traitement similaire à celui qui leur est réservé en occident.

L’histoire de la création des poupées nous enseigne qu’elles ont été mises au point pour combler le déficit en femmes dans les sociétés asiatiques. Déjà au 20ème siècle, le Japon et l’Allemagne les proposaient aux marins afin que ces derniers en fassent leurs partenaires de voyage.  Ces poupées seraient donc les bienvenues dans certains pays occidentaux.

La Chine particulièrement paie les frais de sa politique de l’enfant unique qui a poussé les familles à préférer des enfants de sexe masculin. Trouver une femme dans ce pays relève d’un parcours de combattant. 

La situation est loin d’être analogue en Afrique où dans plusieurs pays, le nombre des femmes est supérieur à celui des hommes. Selon les statistiques fournies par l’Onu en 2015, le nombre des femmes au Sénégal, au Burkina Faso, au Ghana, au Bénin et au Togo, ou encore au Maroc et en Tunisie est plus élevé que celui des hommes. Dès lors, l’argument présentant les poupées comme des solutions au nombre insuffisant des femmes, ne peut tenir en Afrique. 

Ne pas céder face à ce feu étranger

L’acceptation des poupées sexuelles par l’Afrique signifiera primo, que le continent noir est favorable à la déshumanisation de la femme. Secundo, qu’elle renonce à ces valeurs morales, et tertio, qu’elle encourage désormais une société tournée vers la dépravation et les vices sexuels.

Il est de notoriété publique que le contexte de mondialisation dans lequel se trouvent toutes les nations, procède à une interpénétration des civilisations. Par la magie de l’internet et de l’éducation « universelle », l’Afrique s’expose à ce qui rame à contre-courant de ses valeurs fondamentales. Ainsi face à ce printemps des poupées sexuelles, le continent ressemble bien à un tigre de papier. 

Cependant, il n’est pas opportun de faire place au défaitisme. Il convient dès à présent, de réaffirmer les dispositions législatives interdisant ces gadgets. Cela revient à légiférer en cas de silence de la loi sur le sujet. Mais l’œuvre législative n’aura aucun effet si l’Afrique ne replonge pas dans ses racines pour réaffirmer ses valeurs. Elles paraissent d’autant plus importantes qu’elles mettent chaque citoyen face au jugement de sa conscience, aux regards de sa famille et à la censure de la société. 

Serges Kamagaté