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​ ​Interview-​ Mamadou Coulibaly, petit-fils de Gon​ : "Amadou Gon est mort à 61 ans comme​ ​ son père​ "

Aprnews - "Amadou Gon est mort à 61 ans comme​ ​ son père​ " - Actualité - Contributeurs - Côte d'Ivoire
Samedi, 19 décembre 2020

​ ​Interview-​ Mamadou Coulibaly, petit-fils de Gon​ : "Amadou Gon est mort à 61 ans comme​ ​ son père​ "

Mamadou Coulibaly dit madou ple, est le Petit-fils de Gon, Chef de canton adjoint et chef de la famille Bema ( second fils du patriarche), oncle du Premier ministre. Il​ ​ donne ici, dans cet entretien,​ les premiers sentiments qui ont animé la famille à l'annonce du décès du Premier ministre​ Amadou Gon Coulibaly. Il ​ appelle les populations à garder espoir et invite la jeune génération au travail sans relâche.

Comment avez-vous​ ​ accueilli la nouvelle du décès de votre neveu le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly?

La mort de notre neveu a été très choquante. Nous savions qu'il allait mourir, mais nous pensons que ce n'était pas le moment. À quatre (4) mois des élections, c'est dur​ !​ Mais, nous pensons que c'est la manière de partir des grands chefs chez nous. Quand le patriarche Gon Coulibaly est décédé, c'était la débandade ici, au Nord.​ Le 19 septembre 1962, à ​ sa mort, nos parents nous ont dit que c'était vraiment difficile. D'autres mêmes fuyaient. Et il y a eu mon père Coulibaly Bema​ Zouakagno qui est passé et​ ​ ​ qui​ a pu essuyer les larmes des gens.. Gon avait donné le nom​ de son​ père​ ​ à son fils qui est mon père. Il l'a toujours appelé Fatogoma. Et Bema est décédé en 1976. C'était également la même chose. Pour dire que vraiment c'est une habitude dans la famille. Quand Bema est décédé en 76, son petit frère El hadj Souleymane Coulibaly lui a succédé. Et là, ​ encore, on a oublié Bema. Lui, aussi, à sa mort, il y a eu encore cette euphorie-là.​ C'était à nous, les petits-fils du patriarche, le tour d'assurer la relève. Il y a eu Tiémoko, qui était le premier fils de Bema, le​ frère​ du​ député Gomblé, le père du Premier ministre​ et secrétaire Seydou qui ont vécu. Qui nous ont fait oublier. Gomblé était vraiment connu. Il était ingénieur des Ponts et chaussées comme le Premier ministre. Et quand Gomblé est décédé, c'était grave. Dieu nous a relevés avec Seydou et Tiémoko qui vivait encore, qui était devenu chef de canton. Et après la mort de Tiémoko, Kassoum Coulibaly était là encore. Après lui, c'est Amadou Gon Coulibaly. Et avec Amadou Gon, nous avons oublié.​ ​ Il​ ​ a eu pratiquement le même parcours que son père. Amadou Gon est mort à 61 ans, son père mon cousin est mort à 61 ans. Le père était ingénieur des Ponts et chaussées, Amadou Gon était ingénieur des Ponts et chaussées. Il était député, Amadou Gon l’était​ ​ aussi . Il a été Vice-président de l'Assemblée nationale avec Philippe Yacé.​ La seule différence, Amadou Gon a été maire​ et Premier ministre. Sinon, il a eu le même parcours que son père. Il a été un peu plus que son père. C'est vrai qu'il y a l'euphorie, nous savons que Dieu pourra faire en sorte que nous retombons sur nos pieds. Parce qu'on a toujours pris ça avec sagesse. Quand Dieu te donne, il te ramène un malheur. À côté du​ malheur, il y a le bonheur. Nous avons foi que tout le gros travail que Amadou Gon a abattu, Dieu saura trouver quelqu'un pour le remplacer. Avec l'aide du Président Alassane Ouattara. Le Président Ouattara nous a dit qu'on pouvait compter sur lui. Nous sommes confiants que cette grande famille, avec tout ce qu’elle posé partout comme acte​ ​ ​ ne peut​ ​ s'éteindre. Ce sont​ ​ des bénédictions que nous avons faites, nous avons accepté tout le monde. Comme Gon le disait. À Korhogo il n'y a pas d'étrangers. Il n'y a que des frères. Les hôtes sont les bienvenus. Gon aide à les décharger, mais jamais à les charger. Il ne donne jamais la permission de partir. Mais, il a su ouvrir les bras pour les recevoir. À ce niveau-là, nous sommes sereins. C'est ce qui donne de la valeur à la croyance. Dieu te tape et quand​ ​ tu crois en lui, il te récompense. Quand tu dis que c'est fini, effectivement c'est fini. Ce qu'il faut éviter, c’est​ ​ de dire, «​ notre tête est cassée, notre bras est cassé, notre espoir est perdu​ ». C'est très douloureux, c'est vrai mais à côté du malheur, il y a le bonheur. Nous savons que la famille saura​ toujours rebondir. C'est notre souhait. Grâce à Amadou Gon, la Côte d'Ivoire a renoué avec le développement cela grâce au Président Alassane Ouattara qui lui a permis de mettre toutes ses connaissances en valeur. On dit généralement chez nous quand votre ennemi tue un bœuf,​ ​ que votre ami le partage, vous avez votre part. Mais quand votre ami tue un bœuf et que votre ennemi le partage, vous êtes perdus. Nous souhaitons que notre ami​ et frère qui est le Président Ouattara, l'animal qu’il va tuer​ et un autre ami va le partager.​ C'est notre souhait le plus ardent. Ce que nous pouvons dire à Amadou Gon, qu'il parte en paix. Il a joué son rôle. La famille est fière de lui. Il peut aller tranquillement.

En pays Sénoufo, Comment s'organisent les obsèques d'un chef ?

Chez nous quand un roi meurt ou un chef meurt, nous nous sommes une famille musulmane, on l'enterre sur le plan religieux. Un ou​ deux ans après, on organise des funérailles traditionnelles. Pour lui rendre hommage. C'est ça, la tradition. Et comme Amadou Gon était très traditionnel, il aimait at adorait​ ​ la culture,​ ​ ​ cette culture ​ lui rendra hommage en temps opportun. Juste le temps de préparer réellement, renouveler tout ce qu'il y a au niveau du bois sacré pour lui rendre l'hommage comme il le mérite.
Vous avez vu​ comment Korhogo a accueilli son fils. Victorieusement, surtout avec foi. C'était pour lui dire merci d'avoir fait ce que tu devais faire. Tu peux aller tranquillement, toute la ville de Korhogo est fière de toi. Les gens pensent que le bonheur, c'est individuel. Le bonheur est collectif. Et c'est ce qu'il a fait. Vous êtes témoin, chaque harmattan, il y avait des feux de brousse au Nord. Mais aujourd'hui grâce à Dieu, grâce au président Alassane Ouattara, ça n'existe plus depuis des années. Pourquoi ? Tous les​ villages et hameaux sont électrifiés en Côte d'Ivoire. Il n'y a plus de lampes-tempête, plus de bougies pour provoquer les incendies. C'est aussi le développement. Il y a le bitume un peu partout. Qu'est-ce que nous voulons d'autres. Comme on le dit en pays Sénoufo, ce​ ​ les maux d’yeux, ce ne sont​ ​ pas les maux de ventre. Tout le monde voit et c'est palpable. C'est le vrai bonheur. Les paysans sont tranquilles. Le prix d'achat de leurs produits a connu une très grande amélioration. Qu’est-ce que vous voulez qu'on donne encore​ ? Ce n'est pas l'argent qu'on vous donne. Ça finit. Quand vous finissez de dépenser, c'est fini. Mais quand on met des trucs en place qui peuvent durer, c'est​ ça qui peut​ ​ s’immortaliser. Amadou Gon s'est immortalisé.

​Qui​ ​ était l'homme​ ?

Amadou Gon était​ fougueux. Il avait de l'énergie avec lui. Il n'aimait pas l'hypocrisie. Quand il n'aime pas quelque chose, il le dit. Mais, il ne garde pas de rancœur. C'est parce qu'il est obligé de pardonner. Quand on l'offense, il ne peut rien faire. Mais pour ne pas qu'on l'offense, il est obligé de parler. Mais quand c'est fait, c'est déjà fait. Il ne peut plus rien. Mais, il faut éviter que cela se fasse.​ C'est pourquoi, il parlait beaucoup. Les gens pensent qu'il était sévère. Non. Quand tu es un homme, il faut avoir une ligne de conduite. Il faut s'imposer une ligne de conduite. C'est ça aussi, un chef. C'est ça aussi être un leader. Avoir des principes. Sans ces principes, nous ne pouvons pas vivre dans la société. La loi même est là pour nous rappeler à l'ordre. Et au sein d'une famille, il faut des lois, des principes. Il faut forcer à respecter.

Quels​ vos conseils aux jeunes générations ?

Je demande aux jeunes, aux cadres de travailler comme si on allait mourir demain. Ce qu'on peut faire aujourd'hui,​ il ne faut jamais le reporter. Si Amadou Gon avait attendu avant d'être président avant de commencer à travailler dans ce pays, il n'aurait pas pu. La preuve, il est mort à 61 ans comme son père. Il a fait ce qu'il pouvait. Et nous sommes fiers de lui. J'ai un oncle qui disait que l'héritage qu'il va nous laisser, ce n'est pas de l'argent. Nous sommes une chaîne en fer, quand vous êtes désunis la rouille va prendre cette chaîne-là. Et ça va rompre, il n'y a plus de transmission. Mais quand vous êtes en accord, en union, cette chaîne ne peut jamais se rompre. Si un seul maillon de la chaîne est enlevé, la transmission est rompue. Donc chaque élément de la famille a son rôle à jouer. C'est pourquoi, chacun est important.

La grande famille Gon Coulibaly, c'est combien d'enfants ?

La grande famille Gon Coulibaly, c'est plus de 1000 personnes. Le patriarche Péléforo Gon avait plus de 100 femmes, il avait plus de 45 enfants et chaque enfant à plus de 30 enfants. Vous imaginez. Nous nous sommes les petits-fils de Gon. Et nous nous avons des arrières- petits-enfants. Vraiment, on ne se connaît pas tous. Et c'est à chaque cérémonie qu'on se découvre. On est un peu partout dans les pays de la sous-région ouest-africaine.​ Au Ghana,​ au Mali,​ au Burkina Faso.... Le patriarche Gon a donné en mariage ses enfants un peu partout.

Par Harry Diallo à Korhogo