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Guinée: le cardinal Sarah s’exprime après le coup d’État du 5 septembre

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Vendredi, 17 septembre 2021

Guinée: le cardinal Sarah s’exprime après le coup d’État du 5 septembre

Dans une lettre datée du 13 septembre et dont La Croix a eu confirmation de l’authenticité, le cardinal Robert Sarah, ancien archevêque de Conakry et préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, s’est adressé au Comité national pour le redressement et le développement (Cnrd). Cette junte militaire dirigée par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya est au pouvoir en République de Guinée depuis la destitution, le 5 septembre, d’Alpha Condé.

Le cardinal Sarah rappelle à la junte militaire au pouvoir en Guinée, ses responsabilités et lui prodigue des conseils, quelques jours après le coup d’État qui a provoqué la chute d’Alpha Condé le 5 septembre.

La lettre de 4 pages signée par le préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements date du 13 septembre. Le cardinal Sarah, archevêque de Conakry de 1979 à 2001, y rappelle l’histoire récente du pays. Celle-ci est marquée par des coups d’États qui ont suscité des espoirs vite déçus par des régimes successifs.

Coups d’État

D’abord le coup d’État mené en 1984, par le colonel Lansané Conté qui a renversé le pouvoir intérimaire mis en place après le décès du dictateur Sékou Touré. Ensuite, Lansané Conté lui-même, accusé de graves violations des droits humains, est renversé en 2008 par Moussa Dadis Camara.

En 2010, se déroule enfin un scrutin présidentiel remporté par Alpha Condé, opposant historique qui promet d’être « le Mandela de la Guinée ». Ce dernier, modifie la constitution en septembre 2020 et brigue un troisième mandat qui lui sera fatal. Le 5 septembre 2021, un groupe de militaires, avec, à leur tête, lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, arrêtent le président Condé et mettent en place le Comité national pour le redressement et le développement (CNRD).

« L’histoire se répète », souligne le cardinal Sarah. En effet, les deux précédents coups d’État militaire n’ont pas réussi à redresser ce pays d’Afrique de l’Ouest dont la majorité des 12 millions d’habitants vit en dessous du seuil de pauvreté. « Depuis plus de cinquante ans, la Guinée descend inexorablement dans les profondeurs du sous-développement et de la misère endémique, et le peuple de Guinée ne fait que subir déception sur déception », insiste-t-il.

« La page est redevenue blanche »

L’archevêque émérite de Conakry estime, par ailleurs, qu’avec le coup d’État du 5 septembre, les compteurs sont remis à zéro pour une restauration du pays. « La page est redevenue blanche » écrit-il. Car, pour lui, « les Guinéens n’ont plus droit à l’erreur ». Se faisant plus précis, il encourage les nouveaux gouvernants à renouveler la classe politique. Pour ce faire, il les invite à élaguer, des instances de décision « tous les prédateurs invétérés de notre Pays, corrompus et incompétents qui ont accompagné les gouvernements de Sékou Touré, Lansana Conté, Moussa Dadis Camara et Alpha Condé, et qui se considèrent comme des éléments incontournables et inamovibles ».

Aux yeux du cardinal Sarah, une nouvelle génération de responsables politiques mus par la volonté de promouvoir la paix et la concorde est nécessaire pour un meilleur avenir.

Le prélat invite, par ailleurs, la junte au pouvoir à être « extrêmement sévère envers les militaires qui voudraient profiter de l’accession au pouvoir par l’armée pour s’enrichir au détriment du peuple » et à s’entourer de personnes compétentes et bien intentionnées.

L’archevêque émérite de Conakry plaide, enfin, pour le président déchu. « Je ne peux terminer ce message sans vous demander respectueusement, Monsieur le Président du CNRD, de traiter dignement M. le Président Alpha Condé et de le libérer le plus vite possible », écrit-il dans cette lettre.

Contexte

Le courrier du cardinal Sarah intervient alors que depuis le 14 septembre, la junte au pouvoir a débuté de larges consultations avec les acteurs politiques, les chefs religieux, les acteurs de la société civile etc. pour définir une transition qui devrait, à terme, ramener un civil à la tête de la Guinée.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a, pour sa part décidé de suspendre la Guinée de ses instances mais également de sanctionner individuellement les auteurs du putsch, notamment en gelant leurs avoirs et en leur imposant une interdiction de voyager.

Aprnews avec Africa.la-croix.com