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Guinée: Des handicapés menacés d'expulsion d'un centre d'insertion

Apr-News / Guinée: Des handicapés menacés d'expulsion d'un centre d'insertion
Mardi, 12 juin 2018

Guinée: Des handicapés menacés d'expulsion d'un centre d'insertion

APRNEWS - Les handicapés se trouvant dans le centre d’insertion sociale des personnes handicapées de Kindia sont actuellement entre colère et inquiétude. Cela, suite à un bail passé entre l’Etat et un opérateur économique et qui risque d’expulser les handicapés de ce centre qu’ils occupent depuis près de 30 ans. De quoi provoquer l’ire des occupants des lieux qui ont décidé de se faire entendre en leur manière, rapporte un correspondant de Guineematin.com à Kindia.

Depuis quelques jours, toutes les activités sont arrêtées dans le centre d’insertion sociale des personnes handicapées de Kindia. Les occupants des lieux ont décidé de bloquer ces activités pour protester contre un bail passé entre les autorités et un opérateur économique. Ce bail donne l’exploitation du centre à l’opérateur économique en question pour une durée de 25 ans renouvelable, et ouvre bien sûr la voie à l’expulsion des personnes handicapées qui vivent et qui travaillent dans ce centre. Une décision jugée injuste et inacceptable par les handicapés.

« Nous avons vu un huissier de justice devant nous au moment où on travaillait. Il nous a fait savoir que le président de la justice lui a donné des papiers qui attestent que le centre des handicapés ne nous appartient pas maintenant, qu’il appartient désormais à un commerçant. Depuis lors, nous aussi, comme on a compris qu’ils veulent nous mettre dehors, nous avons bloqué toutes les activités dans le centre, pour attendre celui qui viendra nous dire de quitter ce centre qui nous a été octroyé depuis les années 1990 », a réagi au micro de Guineematin.com, le président du centre des handicapés de Kindia, Fodé Momo Camara.

Sur place, la colère, l’inquiétude et la tension sont palpables actuellement. Ces personnes handicapées appellent de tous leurs vœux à leur maintien dans ce centre pour leur éviter de se retrouver dans la rue : « Nous sommes des handicapés, nous n’avons rien, c’est dans notre centre qu’on travaille pour avoir à manger. Nous ne voulons pas sortir dans la rue pour mendier. Mais, avec cette décision du tribunal de Kindia par rapport à notre centre, on ne sait pas maintenant quoi faire. C’est pourquoi nous demandons aux autorités de Kindia de nous aider », lance le président des handicapés de Kindia.

De son côté, Alpha Oumar Ly, l’opérateur économique qui a passé le bail avec l’Etat pour l’exploitation de ce centre, explique que ce sont les handicapés eux-mêmes qui ont demandé dans un premier temps à quitter les lieux. Il indique qu’il a déjà construit un autre endroit où ils seront relogés après leur départ de ce centre et qu’il a désormais tous les papiers légaux lui attribuant l’exploitation de ce centre pendant les 25 prochaines années : « Les handicapés m’ont appelé pour me dire qu’ils veulent me donner le centre parce qu’ils sont nombreux pour le centre, ils ne peuvent pas tous se contenir dedans. Mais de les aider à trouver une autre place ailleurs. Donc, nous sommes allés voir le préfet d’alors monsieur M’bob pour ça.

Et le préfet leur a demandé si c’est eux qui décident ça, ils ont dit oui. C’est ainsi que le préfet m’a instruit de trouver le terrain pour eux, je suis allé trouver une place pour les handicapés en face de la prison civile, j’ai construit là-bas pour eux. Ils (les handicapés) ont signé même le papier pour dire qu’ils sont d’accord pour déménager et aller dans le nouveau centre. Et je précise que dans cette affaire, la préfecture, le gouvernorat, les affaires sociales et la justice savent tous que c’est un domaine qui m’a été baillé, et j’ai tous les documents concernant le centre des handicapés », a expliqué Alpha Oumar Ly.

A noter que 107 personnes vivant avec le handicap occupent le centre d’insertion sociale des personnes handicapées de Kindia, où elles pratiquent plusieurs métiers pour leur permettre de vivre sans mendier.

Avec Guinée matin

Le titre est de la rédaction