Il y a beaucoup d'argent dans le chocolat mais les producteurs de la matière première en voient très peu.

L'année dernière, le secteur de la vente au détail valait 107 milliards de dollars (78 milliards de livres sterling), selon une projection, mais le Ghana - le deuxième plus grand producteur de cacao au monde - a gagné environ 2 milliards de dollars.

C'est un modèle familier pour de nombreux pays africains où l'économie est encore façonnée par une relation coloniale dans laquelle ils exportent des produits pour être transformés ailleurs.

Le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, l'a notifié l'année dernière lorsqu'il a déclaré à un auditoire en Suisse qu '"il ne peut y avoir de prospérité future pour le peuple ghanéen" si cette façon de faire se poursuit.

Le pays transforme actuellement environ 30% de sa récolte de cacao, mais malgré les plans de croissance de l'industrie nationale du chocolat, il existe encore de nombreux obstacles.

L'ambitieux producteur de cacao Nana Aduna II - un dirigeant traditionnel, qui a hérité de sa plantation de 80 acres il y a deux décennies - est bien conscient des difficultés.

Il fait partie d'un certain nombre d'entrepreneurs ghanéens désireux de saisir l'opportunité de transformer le cacao au Ghana même, avant d'exporter un produit fini plus lucratif.

Mais pour ce qui est des sucreries, Nana Aduna "a décidé de ne pas emprunter la route du chocolat", raconte-t-il à la BBC.

«L'équipement pour faire du chocolat est très cher», explique-t-il. "De plus, nous n'avons pas d'industrie sucrière locale et nous n'avons pas d'industrie laitière locale."

 Au lieu de cela, il tire un revenu en proposant des visites où les visiteurs peuvent assister au processus de fermentation et observer comment les cabosses de cacao sont laissées à l'extérieur pour sécher au soleil avant d'être transformées en thés, vins et graines de cacao pour être vendues.

Pour fabriquer du chocolat, en revanche, Nana Aduna devrait importer du lait et du sucre, ce qui ferait grimper les coûts de production.

Il dit également que la production de la confiserie nécessite une réfrigération constante, mais le coût élevé de l'équipement pour y parvenir est un obstacle majeur pour les entrepreneurs sans fonds substantiels.

Les thés et les vins du fermier ne sont généralement pas associés au cacao, mais les produits se vendent bien, selon Nana Aduna, qui dit qu'il peut faire 15 à 20 fois plus avec ces produits que les haricots crus.

Le chocolat pourrait avoir plus d'attrait pour le marché de masse et offrir également de bons rendements, mais pour le moment, il dit que ce n'est pas viable.

Il y en a d'autres qui ont l'ambition d'installer une usine de transformation au Ghana mais qui transportent actuellement les fèves de cacao à l'étranger.

Ils comprennent Raphael Dapaah, propriétaire d'une ferme et chocolatier anglo-ghanéen, basé à Londres.

En 2016, il a décidé d'ajouter de la valeur au cacao que sa famille cultive au Ghana depuis six décennies en cofondant la marque végétalienne premium Dapaah Chocolates.

Il affine des lots de chocolat dans son usine de Londres en incorporant des ingrédients tels que du lait de coco en poudre et du sel de mer de la côte atlantique du Ghana.

Déménager au Ghana

L'ancien fonctionnaire, qui a des ambitions mondiales pour sa marque, affirme que la mise en place de la production au Royaume-Uni était une stratégie soigneusement réfléchie car elle est plus proche des marchés importants.

«Une fois que nous serons en mesure de nous implanter au Royaume-Uni, en Europe et en Amérique du Nord, nous délocaliserons la majeure partie de notre production au Ghana», déclare M. Dapaah.

Néanmoins, il reconnaît que les problèmes d'infrastructure au Ghana ont également influencé sa décision de s'installer au Royaume-Uni.

Il souligne des préoccupations similaires à Nana Aduna concernant l'environnement des affaires au Ghana.

Il se dit préoccupé par l'approvisionnement en énergie incohérent dans les régions rurales du Ghana et les importantes dépenses d'investissement initiales nécessaires pour acheter des équipements tels que des camions frigorifiques pour transporter les produits finis vers le port.

L'accès aux fonds est un gros problème et Nana Aduna dit que les taux d'intérêt élevés sur les prêts bancaires sont un problème pour les entreprises naissantes et pour le moment, il n'a pas les moyens d'emprunter de l'argent.

«Vous ne pouvez pas faire croître une entreprise lorsque vous devez respecter des taux d'intérêt de 18 à 20% ou même plus», dit-il.

Mais le gouvernement s'est engagé à résoudre ces problèmes structurels.

'Casser le récit'

Faisant écho aux propos du président, le ministre du Commerce et de l'Industrie, Alan Kyerematen, déclare que l'industrialisation est un principe majeur de la politique gouvernementale.

"Il est logique que la matière première la plus importante de notre pays, qui est le cacao ... devienne la cible d'un grand programme d'industrialisation", a-t-il déclaré à la BBC.

"Si vous regardez toutes les nations les plus puissantes du monde, elles se trouvent également être les économies les plus industrialisées."

Le Ghana, cependant, n'est pas connu pour son chocolat.

Il existe des marques locales, comme Golden Tree et le label artisanal '57 Chocolate, mais le gouvernement du président Akufo-Addo doit encore faire beaucoup de travail pour surmonter les problèmes de production.

Son programme One District One Factory vise à relancer l'industrialisation en fournissant l'infrastructure pour l'agro-industrie.

L'établissement d'usines de transformation dans certaines des grandes zones de production de cacao est un objectif clé.

Bbc